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11h26,
Paris,
Amalia.

    Idriss et Noha n'étaient rentrés que hier dans la soirée, ils avaient voulu manger au macdo tous les deux et m'avaient proposé de venir mais je n'avais absolument pas la tête à ça.
Je me sentais malheureusement victime de mes propres actes, comme si quelqu'un ou quelque chose tentait de me faire payer cette fameuse nuit avec Ken.
Tout était tellement bien, on s'amusait, Idriss m'aimait, je l'aimais...
A en croire Ken, je n'aurais jamais pu aimer quelqu'un aussi fort que ce que je l'aimais lui, y compris Idriss.
Pourtant, je sais qu'au fond de moi -mais peut être pas si profondément - c'est avec Idriss que je veux continuer d'avancer.
C'est avec lui que je veux un autre enfant qui serait de qui cette fois? Me répéta ma maudite conscience, comme si je n'en avais pas déjà assez culpabilisé.

Un bras vint se coller le long de mon bassin mais ne me serra pas.
Idriss avait seulement bougé son bras, comme il a si bien l'habitude de faire.
Au même moment, Noha cria à travers la maison, ce qui fit froncer les sourcils de son père.

Idriss: il t'appelle.
Moi: et pourquoi il ne t'appellerait pas toi?
Idriss: ça s'entend. Quand c'est aigu c'est pour toi, quand c'est grave c'est moi.
Moi: jte rappelle que tous les gosses de six ans ont encore une voix aiguë?
Idriss: c'est parce qu'ils veulent tous leur super maman.
Moi: faire ça à une femme enceinte en plus...
Idriss: justement, si t'y vas pas tu vas perdre l'habitude pour la prochaine. Et comme je serais pas là au début...
Moi: quoi????

    Moi qui étais si bien allongée dans mon lit, je me redressais d'une vitesse imparable pour faire face à Idriss qui, a part son bras qui en était obligé, n'avait pas bouger d'un seul millimètre.
Il venait de m'annoncer ça comme si je voyais de quoi il parlait et ça ne le perturbait pas plus que ça.

...: EHHHHHH!
Moi: UNE MINUTE NOHA!
...: EHHHHHH!
Moi: maintenant explique moi?!
Idriss: j'ai appris ça hier. On va lancer une tournée.
Moi: pour...?
Idriss: dans huit mois.
Moi: et évidement vous avez tous pensez que notre bébé aura un mois.
Idriss: déjà on voulait la lancer initialement pour dans quatre mois d'accord?
Moi: pardon? Comment ça « on voulait »? Toi? Toi, t'as voulu?
Idriss: j'avais oublié...
Moi: attend... rassure moi la. Tu ne viens pas de dire que t'avais oublié que j'étais enceinte quand même?
Idriss: j'avais juste pas percuté. C'est Nek qui m'y a fait penser.

    Le contraire m'aurait étonnée.
Pour tout dire, si on m'avait demandé, j'aurais même parié que sur toute leur bande, Ken aurait été le premier à y penser.
Ce qui me force à croire qu'il aurait pu une fois de plus être le père de ce deuxième petit bébé.

Moi: mais tu t'entends? T'as besoin de tes potes pour savoir la date approximative de mon accouchement?
Idriss: excuse moi...
Moi: non je t'excuse pas non. D'abord tu me dis tranquille que t'as une tournée et que tu louperas donc un mois de l'éducation de ta fille, et ensuite tu me fais comprendre que si ton pote Nekfeu n'avait pas été là t'aurais même été absent pendant mes derniers mois de grossesse???
Idriss: deux mois...
Moi: QUOI?! DEUX MOIS EN PLUS?
Idriss: j'ai pas eu le choix...
Moi: pas à moi Idriss hein, à qui tu veux mais pas à moi. Tu sais très bien que tes potes sont ta famille et jamais ils auraient été énervés ou autre de déplacer la date de quelques mois encore le temps que tu vois ta fille grandir.
Idriss: j'ai toute la vie pour la voir grandir.
Moi: va te faire foutre.

    Je pris uniquement la peine d'enfiler un kimono en soie rouge qui trainait dans ma penderie avant de rejoindre mon fils qui ne cessait évidement pas d'hurler.
Quand j'entrais dans sa chambre, je le vis allongé sur son tapis de jeu, avec un papier dans les mains.

Moi: Noha?
Noha: quand je serais une étoile, tu crois que tu trouveras un autre enfant à aimer très fort parce qu'il me ressemble?
Moi: quoi?
Noha: c'est tonton Ken il a dit ça.
Moi: il a dit quoi?
Noha: il a dit que quand le ciel il a piqué Iris pour la transformer en étoile, bah tonton Ken il l'a remplacé par toi.
Moi: il ne m'a pas remplacé. Il ne peut pas.
Noha: bah pourtant il l'a dit.
Moi: c'est impossible, je ne pourrai jamais remplacer Iris. Il m'aime, mais il ne m'aimera jamais autant.
Noha: tu sais maman, il m'a lu la lettre de papi étoile et mamie étoile.
Moi: ah bon?
Noha: oui. Mais c'est moi qui lui ai demandé. Et il a pleuré.
Moi: tonton Ken a pleuré?
Noha: oui. Parce que il m'a parlé de Iris. Toi tu me parle pas de papi étoile et mamie étoile parce que tu as peur de pleurer?
Moi: tu sais Noha, c'est pas grave de pleurer. Et je te parle pas de papi et mamie parce que je ne pensais pas que tu voulais en parler. Et je ne suis pas la personne qui les connais le mieux.
Noha: pourquoi?
Moi: il étaient pas souvent à la maison, j'étais tout le temps chez mon papi et ma mamie a moi, dans un autre pays loin loin loin!
Noha: toute seule?
Moi: ça dépend, des fois avec tonton Adonis, des fois avec tonton Ken, des fois toute seule.
Noha: ah oui tonton il me l'a dit!
Moi: et il t'a dit quoi d'autre?
Noha: que y'a que les filles qui pleurent!
Moi: ah bon il a dit ça?
Noha: oui! Il a même dit qu'il pourra jamais aimer un autre enfant comme il m'aime moi!
Moi: eh bah! Sacré tonton!
Noha: j'ai envie de réveiller papa, maman.
Moi: tu connais le chemin.
Noha: yes!!!

D'un seul geste, mon fils bondit sur ses deux jambes et couru en slip de sa chambre jusqu'à la mienne.
Ce n'est que lorsque j'entendis Idriss étouffer un cri de peur mélangé à de l'énervement que j'entendis aussitôt la douce voix de Noha lui chuchoter « je t'aime papa. »
Cette simple petite phrase me brisa le cœur mais en repensant aux mots confortants qu'avait trouvé Ken pour parler à Noha, je ne pus m'empêcher de sourire en imaginant mon petit bonhomme répéter cette même phrase à son réel papa.

Assise sur le bord du lit de la seule pièce verte de la maison, je passais en revue tous les merveilleux moments passés avec Idriss, en redoutant plus que tout celui où je devrai lui dire la vérité.
J'avais besoin d'en parler à quelqu'un d'autre que Ken, et Aleyiah fut la meilleure personne concernée.







11h42,
Paris,
Amalia.

...: tu t'en vas?
Moi: je vais rendre visite à Aleyiah.
...: si tu croise Deen tu lui diras de passer s'il te plaît.
Moi: oui.

Derrière mon bureau de chambre, je pris un maximum de pinceaux et commençais mon grand spectacle: mon maquillage.
Je sentais le lourd regard d'Idriss me parcourir tout le corps alors que Noha s'était endormi, la tête enfouie dans le cou de mon mari.

...: tu vas à l'hôpital ou en club la?
Moi: Idriss, je pense avoir encore le droit de faire ce que j'ai envie non?
Idriss: j'ai rien dit.
Moi: bah voyons...
Idriss: tu compte tirer la gueule encore longtemps?
Moi: j'ai juste envie de sortir. Tu m'autorise ou tu vas faire comme quand ta mère t'interdisait de sortir?

Son corps se crispa et obligea la tête de Noha à changer de sens.
Il ferme les yeux et en même temps souffla pour ne pas s'énerver.

Moi: je... jsuis désolée.
Idriss: t'as raison, sors.
Moi: j'voulais pas...
Idriss: ce soir j'vais chez mon frère. Et Noha m'accompagnera.
Moi: vous rentrez pour le dîner?
Idriss: celui de demain soir oui, pour demain midi c'est incertain.
Moi: vous dormirez chez lui???
Idriss: comme quand toi tu dormais chez Nek.
Moi: rien à voir.
Idriss: prend tes affaires et va voir ta pote.

Je ne me fis pas plus prier que ça et quittais le plus rapidement possible le quartier en direction de la maternité.
Si tout s'était bien passé, Aleyiah devrait pouvoir rentrer chez elle demain dans l'après midi, après demain au plus tard.

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