Chapitre 2

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Le lendemain, une petite voix me réveilla :

_Lucy, dépêche-toi sinon tu vas te faire disputer, le Vautour a déjà demandé deux fois où tu étais.

Je me décida à me lever à contre cœur et suivit tranquillement Lizz jusqu'à la cuisine. J'étais vraiment contente d'avoir la chambre la plus haute et la plus inaccessible de l'orphelinat mais en même temps il y semblait y avoir bien trop de marches qui me séparait de la cuisine ce matin.

Le manoir était vraiment très vieux. La dernière rénovation datait de 1950, autrement dit, à il y a trop longtemps. D'ailleurs, l'odeur de moisissure me semblait de plus en plus forte depuis quelques semaines, ça en devenait insupportable les jours de chaleurs. Les autres semblaient un peu moins sensible à cette odeur, mais moi, je ne pouvais pas m'empêcher d'éternuer. 

D'ailleurs, avoir un odorat ultra-sensible n'était pas forcément un avantage quand on vivait avec un ado en guerre contre les douches. Le couloir des garçons était une zone de guerre que j'évitais soigneusement. 

En passant devant le bureau qui nous servait de salle informatique au premier étage, je vis que la place était déjà occupée par Jules. Nous n'avions eu le droit au WIFI il y a 6 mois et pour nous, ce fut une sacrée révolution. Même si l'ordinateur avait un écran aussi volumineux qu'un four et qu'il faisait autant de bruit qu'un avion au décollage, nous étions déjà content de pouvoir s'en servir pendant nos deux heures réglementaires par semaines.

Je continua mon chemin vers la cuisine pour prendre une pomme et des barres de céréales, un petit déjeuné rapide et efficace. Après être passée devant le bureau du Vautour pour bien lui montrer que j'étais levée et habillée, ce qui n'était pas le cas de tous les dimanches matins, je partie vers le salon en espérant pourvoir me détendre devant la télévision. J'y trouva Lizz qui avait bâtis un quartier général avec tous les jouets qu'elle avait pu trouver. Le directeur avait rarement des fonds pour nous acheter des jeux mais il nous refilait tout ceux dont ses enfants ne voulaient plus.

Je m'assis donc sur le canapé et regarda Lizz jouer. Elle était si innocente dans ces moments-là. Je ne me lassais pas de la regarder créer des mondes et des histoires fabuleuses. Cela faisait longtemps que je ne jouais plus, depuis que j'avais perdu ma peluche préféré dans l'accident qui avait tué mes parents. Je n'étais pas capable de m'évader comme elle, je ne savais que me perdre dans mes souvenirs.

Je regrettais l'absence de Carole, notre professeure. Elle enseignait de la maternelle à la terminale. C'était une femme extraordinaire qui nous comprenait et qui était toujours là pour nous. J'avais toujours vu Carole comme une deuxième mère, elle était la parfaite remplaçante de celle que j'avais perdu pour toujours.

Ne voulant pas sombrer dans la nostalgie, j'alluma la télévision et laissa mon esprit divaguer.

Ce fut le bruit de la cloche, un long moment plus tard, qui me tira de mes pensées. Je m'étais apparemment perdue très loin dans mon esprit. J'aida Lizz à ranger un peu et on partit vers la salle à manger. On s'installa tranquillement autour de la table pour attendre notre repas, préparé par ceux qui étaient de corvée de cuisine aujourd'hui.

Autour de la table il y avait Lizz, Jules, le Vautour et moi. Les chamailleries des 2 plus jeunes étaient là pour animer la pièce tandis que Raph et Romain s'affairaient en cuisine.

Au menu ce jour : pâtes carbonara. Normalement  ce n'était pas bien compliqué à réaliser mais d'après l'odeur qui nous parvenait de la cuisine et leur tête quand ils arrivèrent avec le plat, je pense que ça avait dû être un véritable défi pour eux. Raphaël essayait de se retenir de crier sur Romain, tandis que celui-ci avait une mine des plus dépitée. Comment un garçon de 17 ans pouvait-il ne pas savoir faire cuire des pâtes ! A croire que on lui faisait tout chez lui.

Les orphelins du clair de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant