Letter 11 : Romance

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Je n'en revenais pas. Son « assassin de père » ? Que voulait-il dire par là? Je ne pouvais concevoir que Sora soit quelqu'un de mauvais. Vraiment pas.

« - Pardon?
- Kaoru, tu as bien entendu. Ne m'obliges pas à me répéter s'il te plait.
- Sora. Tu peux dire ou penser ce que tu veux, je sais très bien que tu n'es pas comme ça.
- ... J'aimerai bien. Tu sais pourquoi je portes ce pendentif tous les jours? Tu sais d'où il me vient?
- De ton père?
- Oui. Pour toujours me souvenir de ce qu'il est. Pour ne pas devenir comme lui.
- Je... Tu sais que je suis là et...
- Viens. Je te dois bien ça, Kaoru. » murmura-t-il en m'emmenant par la manche.

Nous retournions dans les dortoirs, dans sa chambre. Il s'installa sur son lit, la tête entre les mains. Il était rongé par les remords. Il s'en voulait d'avoir blessé Tsukiyumi. Mais pas moi. Cette fille ne méritait pas qu'il souffre autant pour elle.

« - Écoutes... si tu pouvais éviter de penser ça aussi, ça m'arrangerait... » souffla-t-il, calmement.
« - Désolée.
- Mon père a épousé ma mère peu d'années avant ma naissance. Et même si je ne me souviens pas vraiment de lui, je sais qu'il a toujours été d'une incroyable gentillesse avec nous. Jamais violent, toujours doux... Il aimait ma mère comme personne et était prêt à tout pour nous protéger. Tout...
- Il a fait de toi quelqu'un de bien. J'en suis plus que certaine, Sora.
- Il... Un jour, un policier a sonné à notre porte pour nous annoncer que... Que mon père avait été retrouvé dans un parc, entouré de corps déchiquetés... Il aurait eu un excès de rage et aurait fait un carnage. Les autorités l'ont abattu. Il a tué tellement de gens... Des enfants...
- ... Mais tu es sûr qu'ils ne vous ont pas menti?
- Tu irais croire que les autorités nous mentiraient pour des choses de ce genre? Je ne pense pas! »

Il pleurait à chaudes larmes. Je n'aimais pas le voir ainsi. Je me penchais vers lui, le serrant du mieux que je pouvais contre moi. Il se laissa glisser, posant sa tête sur mes genoux. Je lui caressais les cheveux, pour l'apaiser, et il finit par s'endormir ainsi. Je ne pensais vraiment pas que son père ait pu faire cela. Comment un homme qui semblait si gentil aurait pu changer du jour au lendemain et tuer une foule d'innocents? C'était impossible.

« - Impossible, c'est ce que je pense aussi. » déclara Shô en entrant dans la pièce.
« - Tiens... tu...
- Et je ne pense vraiment pas que Sora puisse être ainsi. Tu le connais toi aussi. Il est loin d'être une bête sanguinaire.
- C'est vrai.
- Je suis... Je suis revenu pour voir comment il allait. Mais s'il est avec toi, ça va aller alors.
- ... Pourquoi?
- Parce qu'il se sent vraiment bien avec toi. Tu ne peux pas savoir à quel point tu lui es vitale. Il ne cesse de penser à toi. Tous les jours. Et pas que la journée. Si je m'éveilles en pleine nuit, je peux être certain de surprendre ses pensées et de tomber sur toi. »

Je rougissais. Bon sang... Le voyeur vu. Sora qui se faisait lire dans les pensées... ça m'intriguait comme ça me faisait rire. Mais je me rendais compte combien Sora et Shô étaient proches. C'était son meilleur ami, après tout.

« - Ne dis pas ça... ça... me gêne.
- Y'a pas de honte à le dire. Tu as honte d'être son ami? » lançais-je.
« - Non. Mais lui... Quelqu'un comme moi... toi-même tu ne m'apprécies pas.
- Toi et moi on ne s'apprécie pas. Mais lui et toi oui alors que viens-je faire là dedans?
- Tu es sa petite-amie.
- Tu es bien le petit-ami d'Angel que j'apprécie énormément mais ce n'est pas pour autant que je suis forcée de t'apprécier toi. Alors je ne vois pas en quoi c'est gênant.
- ... Tu as raison, pour une fois. » finit-il par déclarer avant de sortir de la pièce, un sourire narquois sur les lèvres.

Lui alors... Je prenais la première chose qui me tombait sous la main -un oreiller, en l'occurrence- et le lançais sur la porte qui se refermait de justesse. Je l'aurai un jour, je l'aurai...

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