Strange School

Letter 7 : L'eau coule, coule et s'écoule.

Sora avait compris que je pleurais et n'avais pas tourné la tête vers moi. Il respectait ma volonté et je lui en étais reconnaissante. Je tentais de retenir mes sanglots et d'empêcher mes larmes de couler. Sans succès. J'étais si bien à côté de lui. Nous nous connaissions à peine et pourtant j'avais le sentiment de le connaître sur le bout des doigts, que notre rencontre était prévue et que nous étions destinés à nous aimer, être ensemble... C'était si soudain. Si étrange... Je ne comprenais plus rien aux événements de ces derniers jours. J'avais terriblement envie de le toucher, de sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, son odeur...

« - Nous l'étions » déclara-t-il.
« - Tu... » commençais-je avant qu'il ne m'interrompe en posant sa main sur la mienne.
« - Kaoru. Ce que tu viens de penser, c'est exactement pareil pour moi sauf que je savais que nous allions nous rencontrer. »

Avant que je puisse dire ou penser quelque chose, il resserra l'étreinte de sa main sur la mienne, me faisant comprendre de le laisser poursuivre.

« - Ma mère est une oracle. Mon père est un loup-garou. C'est pour ça que je suis ainsi. Elle pouvait lire dans les pensées et... prédire l'avenir, comme toi. Elle avait vue ton arrivée et notre rencontre alors que je n'étais même pas encore ici. J'ai grandis en sachant pertinemment qu'on finirait par se rencontrer et être ensemble. Kaoru... Tu y as pensé un peu plus tôt, ne le nies pas. Parce que tu as raison. Oui, on s'est rencontré il y a peu et j'avoue avoir eu du mal à m'approcher de toi lorsque tu as débarqué. Je ne savais pas comment t'aborder! Comprends que... souvent elle me parlait de toi, de ta vie, ton avenir. Je sais ce que tu as pu traverser.
- Sora... » soufflais-je, abasourdie.
« - Lis en moi.
- Mais... je ne sais pas le faire sur demande! Je ne l'ai fait qu'une fois! Et je ne le voulais pas...
- Calmes-toi. Prends ma main et fermes les yeux. Pour utiliser ton don, il faut que la personne que tu souhaites sonder sois attirée par toi. Qu'elle vienne vers toi, quoi. Qu'elle souhaite se rapprocher de toi, au moins un peu et que toi, tu veuilles la même chose. C'est arrivé avec Azami, non? » me sourit-il en me regardant enfin.
« - Oui. Lorsqu'elle est venue à moi la première fois, pour être mon amie.
- Eh bien voila. Elle venait à toi dans le but de se rapprocher de toi, d'être ton amie et toi, tu voulais la même chose. Tu l'as utilisé inconsciemment. Ça arrive. Il faudra que tu arrives à le maîtriser, ce pouvoir.
- Je vais essayer » assurais-je en obéissant à ses conseils donnés un peu plus tôt.

Je m'installais un peu mieux sur le lit de l'infirmerie, tenant toujours sa main dans la mienne. Elle était si chaude, si douce... Je fermais les yeux et me concentrais sur ce contact physique qui nous liait. Je me sentis enfin de nouveau happée, comme lorsque je pus lire dans le cœur d'Azami. Celui de Sora débordait de tendresse. Il n'avait que dix ans lorsque sa mère lui parla de moi pour la première fois. Il avait donc passé un tiers de sa vie en pensant à moi tous les jours. Il avait attendu impatiemment ma venue dans sa vie. Mon cœur battait de plus en plus vite. J'avais de plus en plus envie de le serrer contre moi. Je revoyais ces soirées qu'il avait passé seul, allongé sur son lit, en pleure. Sa mère lui avait prédit que je serai brimée dans mon école, que je n'aurai aucun ami. Il pleurait pour moi... Tant de fois. Même s'il n'avait pas encore fait ma connaissance, il m'aimait déjà, d'après toutes les choses que sa mère lui disait à mon propos. Je pleurais de plus en plus. Je n'en pouvais plus. Je comprenais combien il avait pu souffrir à cause de moi. Pour moi. Et m'attendre.

« - Sora » soufflais-je de nouveau, les larmes ruisselant le long de mes joues comme des cascades, avant de me jeter sur lui.
« - Pourquoi tu pleures?
- Pour... Toutes ces larmes que TOI tu as versé pour moi. Sora... »

Je me blottissais contre son torse, inondant son tee-shirt de ces gouttes salées. Je m'en voulais. De ne pas avoir pu changer les choses et lui éviter cela. Parce qu'avant même d'avoir eu la chance de voir son sourire et de connaître son odeur, je l'avais fait pleurer à maintes reprises. Il passa ses bras dans mon dos et tenta de me consoler.