15. Côté hublot

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Patrice et sa femme sont déjà installés à leurs places tandis que Tristan et la sienne sont en train de s'asseoir juste devant eux. L'autre bouffonne de Vanessa court dans l'allée centrale en faisant claquer ses talons bruyamment.

— Je prends le côté hublot ! s'écrie-t-elle en se jetant sur un des sièges.

Quelle conne !

— Elle a vraiment dit hublot ? murmure Eliott en se tournant vers moi.

— Bienvenue dans ma vie, dis-je en souriant.

— Putain de merde, lâche-t-il avant de se diriger vers nos places.

Tout le monde installé, Duval nous informe que le trajet durera presque cinq heures et que nous arriverons à la gare de Toulon. Un taxi nous conduira ensuite au club de vacances à Carqueiranne, tout près de Hyères. Apparemment, le club possède un hôtel ainsi que plusieurs petites maisons pour les familles. Il y a trois piscines, terrain de tennis, mini golf, tire à l'arc et tout le bordel. Tout ça, à cinq cent mètres de la plage.  Dans d'autres circonstances, j'aurai été enchantée de m'y rendre. Mais là franchement, ça craint.

Duval reste en retrait tout le long du trajet ensuite alors que la femme de Patrice me tape la tchatche. Sofia elle, tient la jambe de Vanessa, ou bien c'est l'inverse, allez savoir... J'avais bien dit qu'elles étaient faites dans le même moule ces deux-là. Eliott lui, oh bah il récupère de sa nuit blanche.  Lui aussi s'est mis “côté hublot" comme dit la pouffiasse.

En pleine conversation passionnante sur les différentes variétés de champignons en France avec Hélène, je suis coupée par mon portable qui sonne, me faisant sursauter. Merde, moi aussi j'étais presque en train de m'endormir !

— Allô ? dis-je en décrochant, après m'être excusée auprès d’Hélène la “champignophile”.

— Mademoiselle Laurent ? C'est Langlois ! Je vous appelle pour vous dire que nous acceptons la proposition de Monsieur et Madame Brunet.

— Parfait, dis-je sans montrer mon enthousiasme.

— Nous revenons dans une dizaine de jours pour signer le compromis. C'est bon pour vous ?

— Super, on se rappelle et on prend rendez-vous pour votre retour dans ce cas.

— Bien, à très vite alors. Bonne journée.

— Bonne journée Monsieur.

Je raccroche, le sourire étiré au maximum, fière de moi.

— Bonne nouvelle ? demande Duval derrière mon dos.

— Je vais signer Langlois, déclaré-je en me  tournant vers lui.

— À  combien ?

— Comme je l'avais prévu, deux cent quatre vingt-dix, affirmé-je.

— Beau travail.

Je sais, je sais…

Je reprends ensuite mon téléphone pour prévenir les Brunet que la signature du compromis aura lieu dans une dizaine de jours au montant qu'ils ont demandé. Ils sont ravis, excités, heureux et parviennent à me donner un peu de leur bonne humeur.

— Tu prends combien sur deux cent quatre vingt-dix mille ? demande Eliott les yeux toujours fermés.

— L'agence prends quinze. Je prends trois dessus ensuite.

— Oh l'arnaque. Pourquoi tu prends si peu ? poursuit-il en ouvrant les yeux.

— J'ai un salaire fixe, donc je ne prends pas toute la com, normal quoi. C'est un plus.

— Ouais, un méga plus pour l'autre con tu veux dire. Tu fais combien de ventes par mois ? fait-il choqué.

— Deux ou trois dans le même genre. Sinon plus petites.

— Putain j'aurai dû être agent immobilier plutôt qu’esc… serveur, se ratrappe-t-il.

— Bah réfléchis-y pour ta reconversion, ris-je.

— Bah grave !

Le temps restant passe lentement. Je me suis même assoupi plusieurs fois moi aussi. Il est presque 15h00 et nous entrons en gare. Enfin ! J'ai hâte d'arriver, je suis totalement cuite !

Tout le monde est descendu du TGV et il ne manque plus que Vanessa avant de pouvoir quitter la gare. Cette mongole est encore enfermée dans les chiottes, comme presque tout le trajet.

— Bon les gars ! Sur le retour c'est mort ! Je ne prends pas le hublot ! J'ai la gerbe ! déclare-t-elle le teint pâle et la goutte au front.

Je me marre discrètement. Mon Dieu ce qu'elle est épuisante !

 Mon Dieu ce qu'elle est épuisante !

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Et de 2 😘

L'imposture 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant