L'imposture 3

23. Alcool, pétanque et pétasse

ELIOTT

- Non merci, dit Milah, je vais aller me coucher. J'ai joué avec assez de boules pour aujourd'hui. Mais vas-y toi si tu veux, m'annonce-t-elle ensuite.

- T'es sûre ? demandé-je surpris, mais amusé par sa remarque avec les boules.

C'est dingue ce que ce simple petit mot dans sa bouche peut me faire vriller.

- Oui t'inquiète. Va t'amuser un peu. Je sens que la semaine va être longue. Profite.

- Bien, dis-je avant de lui déposer un baiser sur la joue.

Je rejoins les autres qui ont déjà commencé à avancer. Sérieux, je suis dégoûté qu'elle ne vienne pas avec nous. J'aime bien me chamailler avec, c'est rafraîchissant. Et j'aime encore plus lorsqu'il faut remettre Vanessa à sa place. C'est jouissif de faire ça avec elle je l'avoue. Franchement, malgré son caractère un peu changeant et ses remarques de coincée, je suis bien content qu'elle soit mon dernier contrat. Si j'avais dû supporter une vieille cougar qui pue la clope même juste une soirée, ça aurait été moins kiffant. Alors que grâce à Milah, je me tape une semaine de vacances en charmante compagnie tout en me fais payer, avant de prendre nouveau départ plus que mérité. Ca fait bien trop longtemps que je fais ce boulot. Même si j'aime dire qu'il me plaît, ce n'est qu'une façade. Qui rêve de ça ? Au début, clairement, j'étais satisfait. Etre payé pour assister des bourges à des galas, traîner parmis le beau monde le temps d'une soirée, s'envoyer en l'air plus souvent qu'avec une meuf régulière... Mais je dois avouer qu'on se lasse vite. J'aurai donné cher pour justement, jouer les vieux couples avec une belle demoiselle, qui ne me regarderait pas simplement comme un bifteck bien saignant sauce moutarde avec frites. Et ce que j'apprécie chez Milah, c'est que justement, elle ne joue pas de son pouvoir sur moi. Elle paie et j'obéis, non. Elle ne m'a pas traité une seule seconde comme un objet sexuel comme elles le font souvent. Milah prend ce contrat très au sérieux, bien plus que moi d'ailleurs. Mais tout doit fonctionner sinon je n'aurai pas ma belle prime, et je ne pourrai pas quitter tout ça.

- Je me mets avec Eliott ! lance Vanessa, me sortant de mes pensées.

Pourquoi je ne suis pas étonné ?

- Ca roule, dis-je le sourire hypocrite.

Toute façon on est en impair, il va falloir que quelqu'un ne joue pas. Merde ! Il est où l'autre con de patron ? Putain j'espère qu'il n'a pa esquivé la partie pour aller faire chier Milah ! C'est bien le genre de beauf à agir sournoisement. Tu m'étonnes que Milah "ait peur" de lui ! C'est le profil typique du lourdos qui ne lâche pas l'affaire tant qu'il ne s'est pas mangé une bonne droite dans la gueule. Ce mec, c'est juste une vieille palourde ventousée à son rocher. Un gros rageux !

- Hé ! Tu m'écoutes ? Je spare ou je strike ? demande Vanessa.

Tout le monde se marre et je ne fais pas exception. Nan mais qui a pondu cette catastrophe ? Ses parents auraient mieux fait de se faire un Monopoly au lieu de créer ce monstre !

- Tu tires ou tu pointes non ? demandé-je ensuite en retenant mon fou rire qui menace de ressortir. .

- Bah non ! Je pointe pas regarde ! lance-t-elle fièrement en redressant sa poitrine vers moi, offrant une vue imprenable sur son décolleté plongeant.

Bordel ! Qu'est-ce que je disais ? Une putain de catastrophe !!!

C'est reparti pour une autre tournée de foutage de gueule. Sauf moi. Là, je n'ai plus du tout envie de rire ! Milah a bien de la chance de ne pas assister à ça. Cette fille est un désastre...

Grâce à Vanessa, on est éliminés en premier. Forcément, je ne suis pas étonné. Vu qu'elle joue comme elle réfléchi, c'était perdu d'avance. Je décide donc de rester pour arbitrer la dernière manche entre les deux couples restants, tandis que Vanessa décide enfin de se barrer. Alléluia ! J'ai cru que ce moment n'arriverait jamais ! Enfin libre !

Tristan et Sofia gagnent finalement la dernière manche et tout le monde reprend le chemin de l'hôtel. J'avoue, ils sont sympas, mais là, j'ai juste envie de me pieuter. La journée a été longue, et ma nuit d'avant terriblement courte. Ce n'est pas en somnolent ce matin dans le train que j'ai pu récupérer de ma folle soirée avant le départ.

Avançant vers l'ascenseur, je suis stoppé au niveau du bar par celle qui n'a pas plus de trois neurones dans son pauvre crâne.

- Eliott ? Viens boire un verre avec moi, demande-t-elle la voix encore plus gavante que d'habitude.

En temps normal, quand elle parle, on dirait un chipmunks doublé de Nabilla. Mais avec un coup dans le pif, c'est plus Nabilla qui aurait bouffé Marge Simpson. Le combo parfait !

- Je crois que t'as eu ton compte là, non ? affirmé-je.

- Oh allééééé ! Juste un tout petit...

- Merci, mais je vais aller me coucher.

- OK ! Attends je viens !

Génial !

Elle descend maladroitement de son tabouret et se jette à mon cou. Tiens, elle aussi joue à la palourde... Je la raccompagne donc jusqu'à notre étage, et même jusqu'à sa porte. La pauvre ne tient plus debout. Je la soupçonne quand même d'en rajouter des caisses. Cette fille sent le fake à plein nez de toute manière. Elle me donne ensuite la clé de sa chambre en pensant que c'est sûrement pour m'envoyer en l'air avec elle que je suis toujours là. Sauf que moi, les meufs inconscientes, ce n'est pas mon truc, les bimbos pétasses, encore moins, et les filles sans cervelles, non plus. Manque de bol, cette fille possède ces trois critères. Elle glousse comme une poule en chaleur et c'est d'un pathétique ! Je parviens finalement à la dégager de la serrure pour enfin mettre la clé dedans. Putain ! Limite c'est Fort Boyard d'ouvrir une porte avec Vanessa dans le coin.

- Vous pouvez pas faire moins de bruit sans déconner ? Vous avez vu l'heure ?

Oh merde !!!

Milah devient écarlate lorsqu'elle voit mon visage. Putain elle va péter un plomb ! Et je dois dire que je ne suis pas en très bonne posture là, la tête quasi dans les nibards de Vanessa. Bon, il va falloir que j'expédie la cruche vite fait, et que je rattrappe le coup avec Milah !

Prêt ? Feu... Go !

Alors ?
On en veut toujours à Eliott ?
😉