Chapitre 14

3.9K 288 98
                                    

2 mai 1506.


Mais que me veut-il réellement ? Ne me lâchera t-il jamais ?
Pourquoi sa majesté s'entête-t-elle à me lancer de tels regards ?

Je tourne la tête mais croise les yeux sombres de son épouse. Cette dernière a remarqué le petit jeu dangereux dans lequel le roi s'est lancé à mon égard. Elle n'est pas dupe, mais je sens que nous ne deviendront jamais amies à cause du désire malsain que le roi éprouve pour moi.
En parlant de lui, ce dernier se lève de son trône, incitant tout ses courtisans à se lever à leur tour, mais il les fait rapidement se rasseoir d'un geste de la main. Celui-ci ne me lâche toujours pas du regard et s'approche dangereusement de moi. Je tourne rapidement la tête essayant vainement de me concentrer sur quelque chose d'autre, mais je sens ses pas parcourir le peu de distance qui nous sépare. Une fois à ma hauteur, je parviens à discerner ses pieds seulement à quelques centimètres de moi. Mais je ne relève toujours pas la tête, non de soumission, mais plutôt d'anxiosité et de mal-être.


«- Danseriez-vous avec moi, Madame ?»


Même si mon cerveau me crie de refuser, je sais que je ne peux pas, il est le roi, et personne ne peut lui refuser la moindre faveur.


«- Avec plaisir Votre Altesse.»


Alors que le Roi m'emmène au centre de la pièce, tous les regards se tournent sur nous, sur moi. Je me raidis désespérément, mais reprends presque instinctivement ma position de départ. Je ne puis être affalée. Une dame d'un haut rang se doit d'être droite.
Lorsque nous commençons à danser, Sa Majesté doit certainement sentir que je suis mal à l'aise car il fait signe à tout le monde de reprendre ses activités et de cesser de nous observer. Ce dont la cour obéit sans plus attendre. Je pousse un léger souffle, soulagée, ce qui provoque un petit rire du roi.


«- Et bien madame, vous n'êtes pas habituées à avoir toute cette attention sur vous n'est-ce pas ?

- Effectivement, cela me rend mal à l'aise, réponde-je timidement, j'ai toujours préféré que les regards soient concentrés sur autre chose que sur ma personne.

- Je vais me répéter, mais vous êtes particulièrement belle ce soir, prononce le souverain en changement de sujet.

- Merci Altesse.

- Et je n'ai pas oublié que je vous avais promis de vous faire découvrir mon palais.

- Oh, ne vous sentez pas obligés.

- Détrompez-vous, ce sera avec plaisir ma douce comtesse.»


Je me raidis à nouveau intérieurement à l'entente de ce surnom. Il n'a pas le droit de m'appeler de cette manière. Quoi que si, finalement, il a peut-être le droit. Le roi a tous les droits.
Mais c'est tellement injuste. Pourquoi moi ?

Désir. [RM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant