Chapitre 57

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-On a enfin réussi à aller au restaurant ensemble, soupire-t-il dans une humeur relaxée.

Je souris.

-Et ça ne me déplaît pas, ajoute ce dernier.

Sa tête posé sur sa main, ses yeux ne quittent pas les miens.

-T'es bien silencieuse, soupçonne-t-il, tu voulais pas aller à celui-là ?

-Si ! Si si, bien sûr.

-Ben alors qu'est ce qui te tracasse ?

-Rien. Je t'écoute parlé c'est tout.

-Moi aussi j'aimerais bien t'écouter.

-Oh... Et bien... Je n'ai pas grand chose à dire. Je ne fais que te regarder, avouais-je d'un timide sourire.

-C'est plutôt flatteur mais j'aimerais que tu parles.

-J'ai l'impression que tu aimes quand on se dispute.

-Pourquoi tu dis ça, demande-t-il les sourcils froncés.

-Eh ben... Les seules fois où on commence une discussion ça finit toujours en chamaillerie. Tu n'as jamais remarqué ?

-Si. Mais ça me dérange pas. Et puis c'est pas toujours non plus.

-Oh... J'avais cru... En fait j'ai peur de te parler.

-Quoi ? Attend Carmela, j'arrive pas à te suivre. Tu restes sans rien dire parce que tu as peur de me parler ?

Il se laisse tombé sur le dossier de sa chaise.

-Et je peux savoir ce que j'ai fait là ?

-Rien. Non, tu n'as pas compris ce que je voulais dire.

-Si tu parlais un peu plus souvent, peut-être qu'on se comprendrait mieux !

-Je ne sais jamais comment formuler une phrase en ta présence ! J'ai toujours peur de dire un mot de travers. Je suis très maladroite et je bégaye souvent... C'est quelque chose qui me bloque... C'est mon père qui m'a fait la réflexion. Ce n'est pas qu'avec toi que j'ai du mal à parlé, je te rassure.

Il se redresse, le regard intéressé.

-Ah ouais ? J'en savais rien. Tu as un manque... D'expression ?

-On peut dire ça...

-C'est peut-être dû au manque de confiance qui fait que tu t'exprimes souvent mal. Pourtant c'est étonnant, tu as un bon langage.

-C'est mon père qui m'a enseigné à parler le plus correct possible. C'est rare que j'utilise des mots verlan ou de notre génération. Petite, quand je parlais, je me faisais souvent sermonné par mon père parce que je n'utilisais pas les bonnes paroles et que j'étais trop franche dans ma parole.

-Tu l'es toujours, je te l'assure.

-Oh... Alors tout ce que j'essaye ne sert à rien...

-Désolé. Je voulais pas te plomber le moral.

-Non non. C'est rien, souriais-je faussement, c'est juste que j'aimerais savoir parlé d'une manière naturelle et sans hésitation. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas beaucoup d'amis.

-Mais tu m'as moi.

-C'est vrai... Mais il y a toujours un problème. À ça, se rajoute ma curiosité. Les gens me repoussent pour mon défaut depuis la primaire. C'est surtout ça qui me complexe. D'avantage avec toi maintenant.

-Parce que t'as peur que la moindre phrase soit une question sans que tu t'en rendre compte et que je me mette en colère alors que ce n'était pas ton attention de base.

-Tu comprends vite...

-Carmela, moi je m'en fiche. J'ai bien compris que c'était plus fort que toi d'aider les autres. Tu vois, toi, tu vois ta curiosité sous le mauvais angle. J'ai connu des filles curieuses qui s'intéressaient à tout pour lancé le prochain ragot. Mais toi, tu fais partie de ce genre de personne curieuse pour comprendre l'autre afin de lui venir en aide. C'est pour ça qu'à mes yeux ce n'est pas un défaut, mais une qualité.

-Une qualité qui peut avoir des conséquences.

-Comme toutes qualités. Regarde, moi, je suis agile et grimpe facilement partout. C'est plutôt une qualité d'être agile et d'avoir de bons réflexes, non ?

-Oui.

-Sauf qu'à tout moment, au moindre faux mouvement, je peux y perdre la vie ou me blesser pour toujours.

-Mmh... C'est vrai.

-Autre exemple. Jean aime faire régner la justice. Simplement en arrangeant les problèmes et en remettant de l'ordre dans les affaires des bonnes personnes, il s'attire les foudres des malfaiteurs et tout lui retombe dessus. Il prend le mal qu'on fait aux autres pour souffrir lui-même en défendant les victimes.

-Ah oui... Tu as raison. Je n'avais pas vu ça sous cet angle. Ça laisse à réfléchir.

-Stefan, lui, est très encourageant envers les personnes peu confiantes en elles-mêmes. Il est toujours derrière un individu qui ne croit pas en lui et qui pense qu'il ne réussira jamais à rien. Stefan les encourage.

-Alors qu'il est lui-même très anxieux et qu'il se sous-estime à chaque fois.

-Derrière chaque qualité se cache notre peur ou notre défaut.

-Ok. Je crois que j'ai compris. C'est comme... Toi, tu es trop gentil et aidant envers les autres. Tu es à chaque instant prêt à enseigner quelque chose à quelqu'un sans jamais avoir rien en retour quitte à te faire... Bouffer par les autres.

Il me dévisage.

-Oups...

-C'est vrai, soupire-t-il, tu as raison. Je ne prends pas assez conscience des conséquences de ma générosité.

-Je suis désolée...

-Mademoiselle maladroite, murmure-t-il en posant sa main sur la mienne.

-J'ai été trop franche. Encore une fois...

-C'est plutôt mignon quand on te voit le réaliser. Tu rougis et on voit que tu as envie de t'enfuir pour te cacher sous tes couvertures.

Je pince mes lèvres sous son ton amusé.

-On commande ? J'ai une faim de loup.

-Oui, d'accord.

Nous consultons nos menus. Seulement, je suis attiré par son visage si innocent et pourtant remplie de vécu.

-Micke ?

-Oui ma lady ?

Je crois que je vais vite me faire à ce nouveau surnom...

-Toi tu une qualité que j'aime beaucoup.

-Laquelle ?

-Tu es bienveillant. Tu veilles à ce que la personne en face de toi se sente bien dans tous les domaines possibles.

Il sourit.

-Et la seule chose que ça t'apporte ce n'est pas négatif, non. C'est entièrement positif parce qu'on ne peut que t'adorer pour ça.

-Merci ma chérie. C'est très gentil, tu le penses vraiment ?

-Oui. Je ne dis jamais de paroles en l'air. Crois-moi sur ce sujet.

Il rit discrètement. Nous commandons nos plats les mains liées et dans quelques sourires complices.

Jify : Mysterious Boy (Volume 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant