Chapitre 46

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-Bon, soufflais-je en resserrant ma queue de cheval, par quoi tu veux commencer ?

-Peu importe, répond Jean en m'ignorant du regard.

-On a qu'à partir sur le plan comme d'habitude et ensuite on élaborera l'introduction, qu'est-ce t'en penses ?

-Mmh.

Je soupire, agacée.

-Tu peux te montrer un peu plus enthousiaste ?

-Pourquoi ? Je le suis pas assez ? Je suis venu, c'est déjà ça.

-Alors sous prétexte que je ne veux pas sortir avec toi, tu m'ignores ?

-Ouais bah j'y peut rien de sa peine !

-Je m'en doute bien mais alors tu aurais dû refusé au lieu d'accepter quand je t'ai demandé de te mettre avec moi pour cette dissertation ! 

-Ca aussi c'est plus facile à dire qu'à faire !

-Je voulais essayer de te faire penser à autre chose, rétorquais-je les larmes aux yeux, ça partait d'une bonne attention.

-Autre chose que toi ?! En passant du temps avec moi ?! T'es c*nne ou quoi ?! 

Il prend ses affaires et sort de la classe. Sous les yeux des autres, je fais de même de manière plus discrète. 

-Jean ! Je suis désolée si je fais des tout de travers ! 

Je le retiens par le poignet.

-Toi aussi essaye de me comprendre un peu ! Je n'ai jamais voulu te faire tout ce mal ! Je t'apprécie tellement ! Je culpabilise depuis que je sais la vérité ! J'en dors presque plus et j'arrive à rien avaler sans me forcer ! Je voudrais qu'on trouve une solution !

Il s'arrête brusquement et je me tape dans son dos ! Je le contourne et le remarque ans le pétrifié sur place. Je suis son regard grave fixe sur une femme aux cheveux châtains parsemés de mèches blanches. 

-C'est une prof ? Tu la connais ?

Rien. Aucune réponse.

-Jean, m'inquiétais-je en posant ma main sur son bras, ça va ?

-Bien sûr, répond-il soudainement.

Il entrelace nos doigts !

-Qu'est-ce-que...

-Joue l'jeu, chuchote-t-il, allons-y.

Il m'entraine jusqu'au couloir suivant où il me lâche aussitôt et reprend son chemin comme si de rien n'était. 

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Rien. J'ai pas du tout envie d'en parler et t'as pas intérêt à me forcer.

Je baisse les yeux sous les siens intimidants.

-Compris ?!

-Oui...

-Un problème, demande une voix derrière le roux.

Jean et moi écarquillons nos yeux dans ceux de l'autre avant qu'il ne fasse volt face !

-Bonjour m'sieur Lefevre.

-Pralence, pourquoi autant de remus ménages dans les couloirs ? Vous n'avez pas cours ?

-Si... Désolé du bordel. Elle y est pour rien, dit-il en me désignant d'un signe de tête.

-Jean Jean Jean... Tu n'as pas perdu ton sens de loyauté. Toujours prêt à défendre un de tes camarades et à prendre tout à sa place.

-C'est la vérité.

-Rracontez moi donc.

Qu'est-ce qui va bien pouvoir inventer comme mensonge qui justifierais notre absentéisme en cours ?

-J'suis amoureux d'Carmela.

Mes muscles se relâchent sur place !

-Ah oui ? J'en suis enchanté, dit-il un peu dépassé en arquant un sourcil.

-On est binôme depuis le début de l'année et maintenant ça va plus à cause de ce que j'ressens pour elle, avoue Jean d'une voix plus basse.

Son ton employé interpelle le regard du proviseur. Il remonte ses lunettes de son index.

-Allons bon. Pourquoi cela ?

Jean se mord tristement la lèvre. Cette culpabilité va m'achever un jour...

-C'est pas réciproque... On a quelques tensions. On sait bien qui faut pas mélanger vie privée à vie étudiante, mais... Ça devient difficile au bout d'un moment...

-Je vois, soupire monsieur Lefevre en le dévisageant pensivement, eh bien changez de binôme.

-Mais, commençais-je paniquée, j'ai pas envie ! Mon binôme c'est lui ! 

-Avec qui vous m'conseiller de me mettre, demande le roux.

-Jean, soupirais-je étouffée, faites pas la sourde oreille...

-Je ne sais pas vraiment, enchaine le directeur, une personne avec qui tu ne ferais pas l'imbécile. Galagri par exemple.

-Je dois y réfléchir. Merci.

-J'ai à faire, tachez de retourner en cours tous les deux, nous avertit le chef des lieux.

C'est silencieusement que je descend les escaliers quelques pas derrière Jean. Il n'a pas l'air de vouloir retourner en cours et honnêtement moi non plus... Au couloir de sortie, c'est à mon tour de me figer !

-Abi, tu m'as tellement manqué, sourit Mickaël prenant une jeune fille blonde dans ses bras.

-Toi aussi... Je suis désolée. On va se rattraper.

-J'espère, chuchote-t-il en la serrant plus fort contre lui.

Je n'avais jamais vu un sourire aussi beau sur ses lèvres. J'aurais aimé que ce soit moi qu'il lui redonne. Mais je lui fais perdre à chaque fois...

-Carmela, s'étonne-t-il.

Micke se détache de cette fille et me rejoint en la tirant par la main. Les deux meilleurs-amis se dévisagent.

-Qu'est-ce que vous faites ici, demande le blond méfiant.

-Prof absent, ment le roux.

-Alors vous avez du temps libre ? 

-Ouais...

-Non, m'exclamais-je en coupant Jean dans sa phrase.

Celui-ci me dévisage en fronçant les sourcils.

-Notre prof est absent mais il nous a quand même envoyé du travail à faire, mentais-je à mon tour, je dois commencer dès maintenant.

-Ah bon ? Mais on devait aller au restaurant ce soir, rétorque Mickaël.

-Je suis désolée. Une autre fois peut-être.

-Où il est Stefan, reprend Jean.

-Dehors, au téléphone avec sa mère, répond Micke sans lâcher la main de cette fille.

-Je vais le rejoindre, à plus. Peut-être.

Il quitte cette fois-ci les lieux pour de bon. Je me retrouve alors seule avec Mickaël et cette étudiante.

-Je te présente Abigaelle, une vieille amie. Abi, je te présente Carmela.

-Ta petite-amie ?

Je relève la tête à son silence. Il se contente de me fixer sans expression particulière. Je la rebaisse finalement.

-Oui, fit-il simplement.

-Enchantée !

-De même, dis-je en répondant à son joli sourire, je vais vous laisser.

-Où tu vas ?

-Chez moi. Va au restaurant avec ton amie, vous pourrez en profiter un peu, proposai en m'éloignant.

Je mord ma lèvre en voyant trouble. Que m'arrive-t-il ?

Jify : Mysterious Boy (Volume 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant