Chapitre 6

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En cette fin d'après-midi, Mickaël a du mal à prendre ses aises avec moi et se contente de simplement me présenter quelques lieux.

-Le terrain de basket n'est cas quelques pas de la fac comme tu peux le voir. C'est sympa. SI t'es sportive bien sûr. J'sais pas si c'est ton cas. Mais je sais qu'avec les gars on y vient quand on a du temps pendant les journée de cours.

-J'aurais aimé faire du sport mais je n'ai pas la confiance qu'il faut pour. J'ai peur de ne pas réussir à m'intégrer dans une équipe.

-Vraiment ? Et devoir t'intégrer dans un autre pays ne te faire pas peur ?

Je relève la tête devant moi sur la rue marchande.

-J'ai le sentiment d'avoir pris la bonne décision. Et je suis bien incapable d'expliquer ça d'ailleurs parce que c'est complètement irrationnel.

-Un peu, mais l'importance je pense c'est que tu te sentes et que tu ne regrettes pas sur le long terme. Tiens, regarde, ce café là est sympa, j'y vais presque tous les jours. C'est pas cher, bon et le cadre est sympa. Si tu cherches un endroit pour réviser tu seras tranquille.

-C'est dans mes habitudes de sortir pour étudier. A Paris je le faisais déjà. On pourrait boire un verre, proposais-je, je te le paye pour te remercier d'avoir pris sur ton temps.

-Tu m'invites à boire un verre, répète-t-il prit au dépourvu.

-Oui, si tu veux.

-Ok merci, rougit-il.

Il est complètement écarlate sous mes yeux un tantinet surpris.

-Alors, suis-moi, sourit Mickaël en ouvrant la porte.

-Coffee of confidences, lisais-je sur la devanture en bois, houa, l'endroit est charmant.

L'intérieur parrait sombre aux premiers abords, mais avec les grandes baies donnant sur la rue et les suspensions luminaires en cuivre l'endroit devient chaleureux. Quelques œuvres d'arts, miroirs, et plantes en pots viennent colorés le bois des meubles. Plusieurs bocaux décoratifs ainsi que de petits bougeoirs rendent le tout cosy.

-Installe-toi où tu veux je reviens.

Je l'écoute et opte pour un coin un peu isolé près de la baie vitrée.

-Je nous ai prit des biscuits avec les boissons chaudes, dit-il en s'asseyant sur la banquette face à moi.

-Merci, souriais-je ravie.

Mon téléphone sonne.

-Je peux décrocher un instant ? C'est mon petit-frère.

-J't'en pris, m'autorise-t-il avant de regarder ailleurs.

Conversation téléphonique :

-Allô ?

-Salut, ça va ?

-Très bien et toi ?

-Ouais. T'es bien installé maintenant, demande Alonzo inquiet.

-Oui, mon appartement n'est pas tout à fait aménager, j'ai très peu de meuble. Mais je pense m'en occuper quand j'aurais plus de temps. Mais ça ne t'empêche de venir si tu veux.

-On verra ça. P'pa est pas trop pour. Voir pas du tout, soupire mon brun.

Je mord ma lèvre, triste.

-J'essayerais de lui parler, répondais-je alors peinée.

-Bonne chance... Qu'est-ce que tu fais ?

-Je suis avec un étudiant qui m'a fait visiter quelques coins sympa. Je prend un café avec lui.

-Tu sais ce que j'en pense, marmonne-t-il.

Je soupire en regardant discrètement Mickaël qui continue d'observer dehors.

-Je fais attention, dis-je gêné face au blond, on se rappelle un peu plus tard dans la soirée, tu veux ?

-Ah... Ok bisous...

Fin conversation téléphonique.

-J'savais pas que t'avais un petit-frère. Il a quel âge ?

-Seize ans.

-Il se fait du soucis, demande-t-il dans un petit sourire moqueur.

-Oui. Il est un peu protecteur.

-Comme tous les grands frères, rétorque Mickaël en se redressant, et toi tu as ? Ton âge ?

-Dix neuf ans.

-Vous avez pas beaucoup d'écart.

-Et toi ?

-Vingt et un an. Je redouble ma troisième année.

-Ah oui ?

-Ouais... C'était un peu compliqué. Mais j'pense y arriver cette année.

-C'est bien, faut y croire, l'encourageais-je en cassant un cookie en deux pour le partager, celui là est au caramel. Et donc tu viens où de France ?

-De Bretagne. Et une fois rentré là-bas, je continuerais une fac de sciences.

-Ah bon ? Encore une fac ? Où ça ?

-Près de chez moi à Rennes il y en a une. Donc, je pourrais y aller et continuer mes études tranquillement.

-Pour faire quoi plus précisément ?

-Une licence en mathématiques. Ici, en Angleterre, je suis en STAPS pour devenir kinésithérapeute. Je suis un grand passionné des études. Être kiné est mon objectif premier, mais si je n'y parviens, je me rabattrais sur une profession concernant les maths. Comme professeur par exemple ou tout simplement mathématicien.

-Tu es très ambitieux, admirais-je en le fixant pensivement.

-Il faut que j'aille à cette fac. À tout prix.

Il est déterminé. C'est ce qu'il faut pour faire ce que l'on souhaite.

-Et sinon, commençais-je plus délicatement, qu'est-ce qui se passe pour que plusieurs personnes parlent sur toi et tes amis en mal ?

Il baisse la tête en jouant avec ses doigts.

-Je n'ai pas très envie d'en parler.

-Excuse-moi, c'était malpoli de ma part. J'ai pris le risque de te poser la question à cause de ces quelques mise en garde auxquelles je fais face.

-C'est pas grave, répond-il en se raclant la gorge.

-En tout cas. Je préfère être franche avec toi. On m'a dit de me méfier de toi.

-Tu vas le faire, hein ?

-Non. Je pense que tu m'as l'air d'être un homme qui a le mérite qu'on s'intéresse à lui.

Son regard noisette me fixe, interloqué.

-Mais par rapport à tout ce qui ce trame autour de toi, de toi et tes potes, si jamais tu à besoin d'en parler, je peux t'écouter, vous écouter. Vous m'avez rendu service, alors si je peux faire la pareille, avec joie.

-Bah p*tain, souffle-t-il sans cesser de me dévisager.

J'arque les sourcils.

-Quoi ?

-C'est hyper touchant, merci. T'es pas obligé de faire ça, on se connait à peine.

-Je sais. Mais ça me tient à cœur.

-Et pourquoi ?

-Eh bien, réfléchissais-je, aider les autres et faire en sorte qu'ils aillent bien, c'est ce qui me nourrit.

-Carmela t'as l'air d'être une fille superbe.

Je relâche mes épaules, et un sourire un peu béat se glisse entre mes lèvres sous son compliment. On m'a toujours fait penser le contraire jusqu'à maintenant. Mise à part mon frère et ma mère, personne "d'extérieur", incluant mon père, ne m'avait encore dit ça.

-Je n'ai pas l'impression de faire quelque chose d'extraordinaire pourtant, c'est juste humain.

-Et c'est ça le plus beau...

Je n'ai plus de doute sur ce sentiment. Venir ici, c'était la bonne décision.

Jify : Mysterious Boy (Volume 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant