Je fronce les sourcils. Autour de nous, tout le monde s'agite en une angoisse générale notable. Une atmosphère pesante règne.
— C'est qui ? interrogé-je Jake, qui ne quitte pas des yeux la fumée dans la forêt.
Ils ne répond pas, et je lance un regard interrogateur à Zac et Joyce qui se sont retournés vers moi.
— Les gens qui ont été bannis à cause de leurs crimes et leur désobéissance.
— Leurs crimes...
— La magie noire, principalement, me répond Zac d'une voix rauque. L'utilisation de potions et sorts interdits, entre autres.
Je hoche lentement la tête, perdue.
— Et ils vivent dans la forêt ?
— Oui, de toute façon ils ne peuvent entrer dans aucune ville, déclare Joyce.
— Enfin... souffle Jake.
Je n'ose pas l'interroger, et me contente de scruter le visage de chacun, alarmée. Zac soutient le regard contrarié de Jake, et Joyce souffle doucement. Derrière nous, j'entends la foule se calmer. J'angoisse alors que je ne comprends rien.
— Ce signal est inquiétant, fait soudain Zac, devinant mon questionnement. Ici en général, quand une ville l'émet, c'est... c'est signe d'une guerre.
Bouche bée, j'écarquille les yeux. Je sens mon cœur s'affoler, et vois Joyce passer des mains étonnamment tremblantes sur son visage.
— Mais les Bannis ne l'ont jamais émis, poursuit le Changeur. C'est la première fois, et c'est évident que ce n'est pas pour rien.
— Alors ils veulent faire la guerre ? hésité-je. À qui ? À vous ?
— Je vois pas à qui d'autre ils pourraient en vouloir, soupire Joyce.
Je les observe se regarder avec nervosité, et sens moi même ma tête s'alourdir.
— Le roi fera sûrement une allocution tout à l'heure, assure Zac.
Ensuite, il se remet en route, et nous le suivons. En remarquant à quel point ils ont l'air contrariés, je me doute que cette histoire est sérieuse.
Arrivés, nous nous installons dans le salon. La tension qui règne dans la pièce me serre la poitrine, et je suis obligée de briser le silence, alarmée et complètement déstabilisée.
— Vous êtes vraiment inquiets ?
Ils hochent tous la tête en guise de réponse.
— Et qu'est-ce qu'on va faire ?
— Toi, rien, répond hâtivement Zac. Et nous, si c'est bien une déclaration de guerre, on va juste attendre et se préparer.
Je n'ose pas riposter. Je me contente de hocher lentement la tête, dépassée par les événements.
— Ça arrive souvent, les guerres ici ? finis-je par demander, simplement pour pallier ce silence angoissant.
— Non, pouffe. Ça n'arrive pas souvent.
J'inspire longuement, et soutiens son regard. Il esquisse un sourire qui se veut rassurant, et je m'enfonce dans le canapé en sentant mon ventre se tordre. Je n'arrive plus à me retrouver, dans tout ce bazar. J'étais déjà assez perturbée par mon entraînement, mais il faut maintenant qu'une véritable guerre se profile, ici. Évidemment. Je ferme les yeux pendant un instant, voulant me détendre comme je le peux. Mais les angoisses qui m'ont fait totalement vrillée ce matin me reprennent et menacent de faire exploser mon cœur. En serrant les poings, je dois prendre sur moi pour rassembler tout mon sang froid et ma concentration et ne pas faiblir une nouvelle fois. Je me suis promis ce matin que tout irait bien. Et à peine réussis-je à accepter la difficulté de ma vie actuelle, on en rajoute une couche. Une guerre... ce n'était absolument pas dans mes plans et il est hors de question que je doive y faire face aussi tôt. Je veux bien être prête à tout, mais la mort, j'ai refusé. Et voir des peuples magiques s'affronter pour survivre, je refuse aussi. Mais je ne dois pas céder à la panique, car ils croient tous en moi. Je dois aussi croire en moi, et pour ça, je ne dois pas paniquer. Comme eux, je vais essayer de raisonner, d'attendre, de ne pas tirer de conclusions hâtives. J'ai trop peu tendance à réfléchir ici, et je me laisse trop vite dirigée par mes instincts. Eh bien, que mes instincts se taisent.
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Différente - T1
FantasyHeaven Caldwell a un don particulier depuis l'enfance. Elle peut lire dans les pensées, et n'a jamais su d'où lui venait cette capacité. Et lorsqu'elle débute sa dernière année de lycée, elle ne se doute pas une seule seconde que sa vie est sur le p...