M'approchant des escaliers massifs, je lève les yeux. Ils sont en marbre aussi cette fois-ci. Toute herbe a disparu du palais. C'est tout de même impressionnant...
Voyant des gens à l'étage par le balcon intérieur joignant les deux escaliers et donnant directement sur l'entrée, je comprends que l'accès est ouvert, et emprunte l'escalier de gauche, l'esprit ailleurs.
En haut, je me penche par le balcon, ayant une vue de haut d'un des gros lustres volants.
Lentement, j'évite les quelques personnes présentes, et parcours les larges couloirs labyrinthiques de l'aile gauche du château. Ils sont tous ornés de miroirs, de tableaux représentant les différentes familles royales, exactement comme on imaginerait un palais fantastique. Au plafond, des vitres permettent d'observer le ciel et doivent donner une lumière incroyable la journée. On dirait que chaque détail a été revu pour que tout soit parfait et lisse.
Certaines pièces sont surveillées par des gardes, et je m'éloigne vite de chacune d'entre elles. Mais d'autres salles sont ouvertes, certaines avec des instruments de musique, d'autres remplie de bibliothèques, certaines semblent d'être de petits salons. Je comprends vite que beaucoup de personnes vivent ici, bien que cela ne soit pas flagrant au premier abord.
Soudain, je ressens un bref vertige, qui m'oblige à fermer les yeux. J'ai au début peur de recommencer à cracher du sang, mais rien ne se passe. Alors je souffle, et me relève. À force de parcourir chaque couloir, je me retrouve presque complètement déstabilisée par l'impression de déjà vu grandissante que j'ai. Au début, je me dis que c'est parce que comme tous les couloirs se ressemblent tous, c'est normal. Mais là, c'est particulier. C'est comme si j'étais déjà venue, comme si je connaissais déjà cet endroit, et je ne saurais expliquer pourquoi. Je décide de faire demi-tour, pour retrouver ma stabilité.
Aussitôt, je sens un spasme secouer mon corps, et je secoue la tête. En un instant, le couloir s'est assombri et le froid est devenu si intense que je frissonne. Je fronce les sourcils, et c'est en faisant un pas que je me rends compte que je ne suis pas dans un état normal. J'ai l'impression de marcher avec une telle lenteur que tout semble tourner autour de moi. Je me plaque contre le mur, et respire lentement. Et un instant plus tard, alors que je tente de me raisonner, je vois une jeune fille débarquer dans le couloir. Je sursaute et manque de crier, avant de rester muette lorsqu'elle ouvre la porte de la pièce adjacente, alors qu'elle était solidement fermée. Je fronce les sourcils, et l'observe plus attentivement, me rendant vite compte que quelque chose cloche. J'ai l'impression qu'elle est un peu floue, comme si je la regardais de trop loin, et je n'arrive pas à comprendre ce qui me dérange sur son visage pâle partiellement masqué par d'épais cheveux bruns.
Je m'empresse de la suivre dans la pièce, titubant et prise de nausée. Et lorsque je pénètre dans la pièce, je suis prise d'un frisson foudroyant. Parce que je comprends immédiatement. J'ai déjà été ici. Dans mon cauchemar. Dans ma première vision. Cette grande pièce sombre, avec ces cartons, et cette large table métallique. Ma mère m'a spécifié que c'était là qu'elle avait été retenue pendant son enlèvement.
J'ai l'impression que tout se met en place dans ma tête, tout se relie, et j'ai du mal à y croire.
C'est ici, dans cette pièce, dans ce château, pendant un mois, qu'elle était. Ce qui veut dire qu'elle a aussi subi ses expériences dans le château. C'est ici que tout est arrivé.
La jeune fille se retourne vers moi, et je peux enfin voir son visage face à moi, clairement. Ses yeux bleus éclatants et ses cheveux noirs. C'est ma mère. Avec vingt ans de moins, mais c'est bien elle. Elle me fixe pendant un long instant, puis je la vois s'évaporer. Je sens mes épaules s'affaisser, et je titube en arrière, affolée malgré moi. Alors, je me sens basculer et traverser le mur avant de m'effondrer dans le couloir. Quand je lève les yeux, je vois que tout est redevenu normal. Je ne mets pas plus d'un instant pour me relever, et commence à courir vers les escaliers. Et plus j'avance, plus j'accélère, car je commence à en comprendre bien plus. Ma mère était ici, mais jamais cela n'aurait pu passer sous le nez du roi sans qu'il ne s'en rende compte. Et ma discussion avec Joyce me revient brutalement en tête. Ce roi était fou et pratiquait des expériences insensées et dangereuses. Ma mère a subi des tests. On a expérimenté sur elle, au château. Et si l'auteur de ces atrocités n'était autre que l'ancien roi d'Érédia ? Et si ma mère était une de ses expériences ?
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Différente - T1
FantasyHeaven Caldwell a un don particulier depuis l'enfance. Elle peut lire dans les pensées, et n'a jamais su d'où lui venait cette capacité. Et lorsqu'elle débute sa dernière année de lycée, elle ne se doute pas une seule seconde que sa vie est sur le p...