Football

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J'entends des gens crier dehors, pas de colère ou de peur mais de joie et de liesse. Grand bien leur fasse. En revanche, moi, ça ne m'intéresse pas. Sourire ? Très peu pour moi.

Non, bien sûr, je plaisante. Ce que je ne conçoit pas, du moins pas totalement, c'est cet engouement hypnotique. Alors, expliquez-moi. Je veux comprendre. En fait, non, oubliez ce que je viens de dire. On a déjà essayé et ça n'a pas vraiment marché.

Je suis un peu jalouse, j'avoue, de ce contentement collectif qu'il en ressort. Je veux rire avec vous, sourire avec vous, vibrer avec vous. Je n'y connais rien, c'est inéluctable.

Imiter vos comportements pour tenter de m'intégrer à cette foule serait inefficace. Pis encore, on découvrirai sans trop de difficultés mon imposture en dépit des efforts que j'aurai effectués.

Donc, je laisse les gens crier en chœur. Je leur laisse cette cohésion sociale, ce regroupement populaire. Bonheur et épanouissement à eux. Je m'en dé-patauge autrement. Mon univers m'offre de quoi, moi aussi, être heureuse et épanouie, autrement. Autrement je n'aurai pas survécu jusqu'ici ?Quoi que...

Ils ont leur écran, j'ai le mien.Chacun sa place, contente de voir que tout le monde en a une, triste qu'elle soit si facilement définie.


Aujourd'hui, nous gagneront peut-être,sans doute, dans une éventualité, enfin je ne sais pas. Cette victoire importe peu. Demain, la plupart d'entre nous se lèveront de la même manière que la veille. On aura la même tête de débrayé,les mêmes cheveux en bataille, à se batailler pour ouvrir nos yeux, comme à l'habitude, rougis par l'effort de voir la lumière. La vie suit son cours.


En bref, tant mieux si les victoires de l'équipe de France vous rend fiers et heureux mais ne paniquez pas pour ça. Il ne faudrait pas que vous en mouriez, vous avez encore pas mal de choses à faire.


En toute amabilité, une désintéressée du football.

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