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Or trempé

Moi, trempée comme un vieux sac d'os.

Elle, la pluie ne la touchait pas.

Le temps s'est arrêté. Encore une fois, le temps s'est arrêté.

On aurait dit qu'un halo s'étendait autour d'elle. Elle marchait fière, grande, puissante, femme. Il n'y avait personne d'autre excepté nous deux dans la rue. Et même s'il y en avait eu, je ne les aurais pas vus. Toute l'énergie émanait d'elle. Pour autant, cette jeune femme ne semblait pas en avoir conscience. Dans son monde, personne ne comptait. Son esprit oubliait les alentours. Elle ne me voyait pas. Elle ne voyait personne.

Moi, trempée comme un vieux sac d'os.

Elle, la pluie ne la touchait pas.

Vous m'auriez vue, avec mon imperméable dégoulinant et mes cheveux en spaghetti, à cacher mes mains dans les manches le plus possible et le dos voûté en regardant face à moi, sans assurance.

Vous l'auriez vue, la tête haute, le dos droit, l'allure rapide et fluide, les mouvements précis et prévus. Elle se mouvait simplement mais parfaitement. Il faisait beau autour d'elle. Elle n'esquivait pas la pluie. C'est la pluie qui refusait de se poser sur elle. La tremper aurait été une outrance.

Cette jeune fille avait la prestance d'une femme.