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Dessein

Je me suis trop longtemps égarée. Le réel s'est effacé, a perdu de son importance face au fictif. À fuir éternellement, la chute est colossale. J'ai volé sans ailes, sans elle, ma réalité. Comment poser pied à terre désormais ?

Je ne fuguais pas de ma maison. Je ne fuyais pas les autres. Ne voulant plus voir ce visage que je me suis vue aimer détester, ma pensée a brisé le miroir me servant de fenêtre vers le monde.

Ce que j'ai pu être aveugle. Mes yeux derrière le dos m'empêchaient d'avancer et de trouver le recul.

Échec et maths. En pensant tout calculer, j'ai soustrait la joie et multiplier les craintes. Mon esprit ainsi divisé ne savait objectivement voir le résultat de mes propres manœuvres.

Excuses et pleurs ne servent à rien. Au lieu de me noyer dans la peine, je me préfère à combattre le monstre de mes songes, encore trop puissant, par la pleine conscience.

Mais avouer mes erreurs me reste en travers de la gorge. Je sais, bafouer mon ego est nécessaire si je veux le reconstruire plus grandiose encore, et surtout plus légitime.

Il y a encore du chemin à faire. Il y en aura toujours. Chaque pas éloigne du point de départ et rapproche d'une route sans fin. Alors, je voyagerais le plus loin et le plus longtemps possible. Cette route est infinie parce que je ne cesse de créer de nouveaux sentiers par mes choix. Tant que j'avancerai, de nouvelles horizons se dessineront.

Ma vie est un croquis, un brouillon. Chaque nouvelle seconde la transforme en une image moins abstraite. Une œuvre d'art unique apparaîtra un jour, ce sera ma plus grande fierté.

Pour le moment, les erreurs du passé ne sont pas gommées, le futur n'est pas tracé. L'artiste est mon âme ; le crayon, mes actions. L'artiste est en plein travail.