9. Louis

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J'aurais préféré que Damon ne me suive pas quand j'ai quitté le dortoir. J'entends ses pas derrière moi avant qu'il m'attrape l'épaule et me force à lui faire face.

– Laissez-moi tranquille, lui dis-je, les poings serrés, prêt à en découdre.

– Tu ne peux pas ficher le camp comme ça chaque fois que les choses se corsent.

– C'est ce que vous croyez ! je réplique d'un ton brusque alors qu'une bande d'étudiants nous dépasse.

– Tu veux renoncer à ce programme ? Aller en prison ?

– C'est une menace ?

– Ne me cherche pas, Louis. Et lâche-moi la grappe. Je dois déjà me coltiner Ariana et Lenny.

Je soupire en détournant les yeux.

– Vous aussi lâchez-moi la grappe. Je veux rester seul.

– Ce n'est pas bon d'être seul.

– Mieux vaut ça que d'assister à l'idylle naissante entre Niall et Avigaël. Quand je l'ai vu lui courir après, ça m'a retourné l'estomac. Je le comprends, mais je n'ai vraiment pas envie de voir ça. Je suis coincé ici, j'ai pigé. Mais vous ne voudriez pas m'accorder une soirée à l'écart des autres ? Rien qu'une, Damon. Ça ne vous tuera pas. S'il vous plaît.

Mon chargé de réinsertion, qui s'est toujours conduit comme un dur à cuire, qui a eu la lourde tâche de me forcer à rester dans le droit chemin, recule d'un pas.

– Entendu, cède-t-il.

Je n'en reviens pas. J'ai peut-être mal entendu.

– Qu'est-ce que ça veut dire ?

– Que je te laisse tranquille... pour ce soir. Tu peux rester seul, le temps de réfléchir à tout ça. J'emmène les autres dîner avec un groupe de jeunes du coin. Ensuite on ira au cinéma.

Une soirée sans devoir jouer au dur à cuire. Une nuit sans avoir à partager mes secrets. Je me sens un homme libre.

– Merci.

– Je t'en prie. Mais demain, j'attends de toi que tu affiches ton plus beau sourire et que tu souffres en silence. Compris ?

– Ouais, ouais. Compris.

Je le suis jusqu'au dortoir, avec la sensation que le nœud coulant autour de mon cou s'est desserré. Je devrais peut-être m'excuser auprès d'Avigaël pour ce matin. Je sais que je l'ai blessée en faisant allusion au belvédère. On avait flirté à mort ce soir-là. Personne n'était au courant de ce moment précieux que nous avions passé tous les deux, à part peut-être Mme Reynolds qui était montée se coucher après le dîner. À mon avis, elle savait qu'on sortait ensemble, Avigaël et moi, et elle s'en fichait. Peut-être qu'en un sens, ça nous a aidés à surmonter toutes ces épreuves.

Le problème, c'est qu'à la fin de la soirée, j'avais essayé de soulever la jupe d'Avigaël pour voir ses cicatrices. Elle avait repoussé ma main. Elle ne me faisait pas confiance. À partir de là, tout était parti en vrille.

Diane et Ariana sont dans le salon. Je jette un coup d'œil à la chambre des filles.

Avigaël est allongée sur un lit, Niall, assis à côté d'elle. Ils chuchotent, en plein conciliabule. Et merde !

Soulagé qu'ils ne m'aient pas surpris en train de les épier, je bats en retraite et retourne dans la chambre des garçons. Lenny est assis dans son lit, en slip. Il a un mini-ventilateur sur la poitrine.

– Tu es conscient qu'une fille peut se pointer ici à tout instant ?

La porte n'est même pas fermée. Ariana et Diane sont de l'autre côté. En tendant le cou, elles auraient probablement une bonne vue sur Lenny en petite tenue.

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