– Un seul baiser, dis-je en m'approchant un peu d'elle. Si je te laisse vraiment indifférente, il n'y a pas de quoi en faire un plat.
Elle lève le nez en l'air. Elle ne se rend pas compte qu'en me provoquant comme ça, elle ne fait qu'attiser mon désir. Je ne suis pas certain de mes motivations... et ne veux pas trop y penser.
– Je ne vois pas l'intérêt d'embrasser un garçon pour prouver quelque chose, déclare-t-elle avec une détermination que je lui ai rarement vue. Et certainement pas toi !
Elle refuse d'admettre qu'on est attirés l'un par l'autre. J'ai beau vouloir garder mes distances, j'ai envie de voir jusqu'où je peux aller. Ce n'est pas une bonne idée de la tester, je sais. Tant mieux si elle m'a oublié. Mais je ne peux pas résister. Je dois en avoir le cœur net.
– De quoi as-tu peur ? Si tu n'en as plus rien à faire, un baiser ne signifie rien, et on pourra enfin tourner la page.
– C'est déjà fait, Louis. Mais si tu tiens vraiment à en avoir la preuve, OK.
– C'est parti, dis-je en plaquant un sourire espiègle sur mon visage.
Face à un tel défi, la Avigaël d'avant aurait piqué un fard, regardé obstinément par terre. Ou alors tourné les talons et pris la fuite. Elle était si prévisible, avant. Ce n'est plus le cas, et ça me déboussole.
La nouvelle Avigaël, celle qui me rembarre, et que j'ai dans la peau, pose résolument sa main sur ma poitrine. Elle penche la tête en arrière dans le clair de lune et lève vers moi son regard caméléon aux nuances gris foncé.
– Tu as tort de me défier, murmure-t-elle.
– Je sais, je réponds en m'efforçant de prendre un ton posé.
Elle est si proche maintenant, mon corps réagit au quart de tour. Je dois me faire violence pour garder le contrôle. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et les sens tellement en éveil que je flaire son parfum fleuri malgré la distance qui nous sépare encore. Je prie pour qu'elle ne se rende pas compte de l'effet puissant qu'elle continue à avoir sur moi. Je n'ai pas ressenti ça depuis... cette fameuse nuit dans le belvédère de Mme Reynolds, quand j'ai eu envie d'elle comme je n'ai jamais eu envie d'aucune fille. Rien n'est arrivé, mais j'aurais donné cher pour passer à la vitesse supérieure...
Je suis certain qu'elle perçoit les palpitations de mon cœur sous sa paume, mais j'essaie d'oublier quand elle lève la main pour enfoncer ses doigts dans mes cheveux.
– Tu es prête ? je demande d'une voix râpeuse.
– Bien sûr, répond-elle d'un ton hésitant.
J'ai envie de poser ma main sur sa joue, de toucher sa peau douce, d'écarter la mèche rebelle tombée sur ses yeux, mais je n'en fais rien. Ce serait des gestes trop intimes, qui auraient raison du peu de maîtrise qu'il me reste. Mes lèvres taquinent les siennes. Je veux qu'elle désire ce baiser autant que moi.
– Ne le dis à personne, d'accord ? m'avertit-elle en reculant un peu.
Ces mots anéantissent ma libido aussi vite qu'elle s'est emballée.
Ne le dis à personne ? Pour être honnête, je ne suis pas surpris qu'elle veuille garder secret ce petit intermède. Il n'empêche que ses paroles me font mal. Est-ce parce qu'elle est amoureuse de quelqu'un d'autre ? Ou parce qu'elle a honte d'être associée à un ancien détenu ? Mince alors, peut-être bien qu'elle n'en a plus rien à faire de moi. La réalité me submerge comme un raz-de-marée.
Qu'est-ce que je fabrique ? Je ne peux pas faire ça. À l'époque où on est sortis ensemble, rien n'était calculé. C'est arrivé, voilà tout. Alors que ce qui se passe maintenant est une provocation, une mise en scène. Une histoire avec une fille, surtout Avigaël, est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Or, c'est exactement le chemin que ça prend.
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Retour à Paradise
FanficDepuis que Louis a quitté Paradise, huit mois ont passé. Avigaël a mûri; elle pense avoir tourné la page de leur histoire d'amour et a repris sa vie en mains. Mais quand le jeune homme réapparaît lors d'un camp d'été, soudain ses certitudes vacillen...