XVII.

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Les pas avaient commencé très tôt dans la nuit et n'avaient jamais cessé. Clarke les avait comptés, espérés et redoutés. Elle espérant tant que Lexa viendrait la voir... elle ne demandait rien d'autre qu'une explication. Mais la jeune femme aux cheveux blonds dût se résigner : son absence lui donnait une toute autre explication... Bellamy avait raison. Lexa avait mis fin à leur alliance. Heda pensait que le Peuple du Ciel était responsable de l'enlèvement des Natblidas.

Elle était d'autant plus frustrée qu'elle ne pouvait pas voir ce qui se passait dans les immenses couloirs de la prison souterraine de Polis. Ce vacarme, même s'il se voulait discret, n'avait rien d'anodin, elle en était certaine ; elle avait dormi deux nuits dans une de ces cages, après tout... On entendait le bruit des portes s'ouvrir, se refermer, s'ouvrir et se refermer... Les gardes gueuler par moments... Et parfois même, avait-elle entendu le bruit des dagues s'entrechoquer.

Enfin, ce fut leur tour. Clarke ne pouvait pas en être certaine, puisque aucune lumière, si ce n'est celle des torches qui étaient constamment allumées, ne provenait de l'extérieur, mais il lui semblait qu'il était l'heure où le soleil venait de se lever.

- Avancez ! hurla une voix rauque et claquante d'un guerrier Natif, tout en poussant Clarke en dehors de la cage.

- Que voulez-vous ? Qu'attendez-vous de nous ? protesta celle-ci, une fois dans les bras de sa mère, qui la tenait comme si elle allait la protéger de sa vie.

- 'Me touche pas ! hurla Raven, en vain, qui fut une fois de plus propulsée sur le sol du couloir de pierres humides et poisseuses.

Octavia se baissa pour l'aider à se relever, jetant un regard mauvais aux deux gardes.

- Est-ce que Lexa est au courant ?

- C'est l'ordre de Heda, répondit celui qui s'était occupé de Raven, avec un petit sourire moqueur.

Clarke se raidit. Pour une raison qu'elle ignorait, il lui semblait que jamais Lexa n'aurait voulu qu'on lui inflige un tel traitement. Mais après tout, tout durant ces dernières heures passées indiquait qu'elle s'était trompée sur le compte de la jeune femme...

- On peut encore fuir, lui murmura Octavia à l'oreille. Ils ne sont que deux. Je peux les maîtriser et tu le sais.

- Nous ne savons pas ce qu'ils veulent, pas encore, rétorqua Clarke, tendue.

Octavia leva les yeux au ciel : faudrait-il attendre que l'un d'entre eux ne se fasse éventrer pour que Clarke ait une preuve suffisante de la trahison de la Commandante ? Les foutre en prison n'avait-il pas suffit ? 

Clarke se détacha des bras de sa mère et commença à avancer, en tête du groupe, escorté d'un garde à l'avant et d'un autre à l'arrière.

Elle n'avait aucune idée de là où elle les menait.

***

Les queues et les files d'attente s'étendaient sur plusieurs centaines de mètres, peut-être même des kilomètres sous les yeux de la commandante, accoudée au balcon de la tour. Le petit manège avait commencé vers trois heures du matin. Lexa avait d'abord convoqué ses gardes les plus fidèles, puis ce fût le tour de son armée. Bien sûr, tout ne s'était pas déroulé sans désagrément... Il y avait bien eu quelques rebelles. Mais à présent, il n'y en avait plus, songea-t-elle, avec un petit sourire satisfait à la vue des croix qui avaient été montées et accrochées en cette belle matinée.

Elle avait veillé à ce que chacun des membres de son peuple soit convoqué. Et nulle doute qu'aucun ne manquait à l'appel. Après tout, elle ne leur avait pas laissé le choix. Elle ne pouvait que constater le chagrin et la peur que cela pouvait provoquer chez la plupart d'entre eux. Elle avait reconnu de nombreux symptômes : tremblements, larmes, cris, visages livides, évanouissements... Mais tout s'arrêtait au bout du chemin, une fois qu'on leur demandait d'avaler la puce.

NightbloodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant