XXII.

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— Clarke ! 

Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, vit Bellamy courir dans sa direction et accéléra le pas. Sa décision était prise, et elle ne reviendrait pas dessus. S'il y avait la moindre chance que Madie se trouve à Polis, alors c'était là qu'elle devait se rendre. Même si, pour cela, elle devrait d'abord confronter Lexa, et être jugée pour ses actes.

Elle accepterait de vivre une éternité en prison, si elle avait l'assurance que sa fille allait bien.

— Clarke, insista-t-il une fois à sa hauteur, essoufflé. Tu ne peux pas partir...

— Je savais que tu dirais ça, le coupa-t-elle, d'un ton sec. Je sais que tu n'as pas confiance en Lexa. Je sais qu'elle nous a trahis avant le Grand Réveil. Je sais qu'elle nous a tous envoyés croupir en prison, et que tu penses que je ne devrais pas retourner à Polis. Je sais tout ça. C'est pour ça que je ne vous ai pas dit au revoir. Mon choix est fait.

— Non, je veux dire, tu ne peux pas partir sans nous, rectifia-t-il avec un petit sourire, avant de lui faire signe d'un geste du menton de se retourner.

Clarke se figea sur place l'espace d'un instant et pivota sur elle-même, juste à temps pour réceptionner Octavia dans ses bras. Son cœur bondit dans sa poitrine, et un sourire ému se forma sur ses lèvres.

— Nous sommes tes amis, Clarke, lui rappela-t-elle. Et là, maintenant, plus que jamais, tu as besoin de nous.

— Yep, confirma Raven, railleuse. Même si parfois, t'es une vraie chieuse.

— Je ne sais pas ce que je ferais sans vous, les gars, souffla Clarke dans un petit rire. Est-ce que tu as dit quelque chose à ma mère ?

— Elle m'a dit de te dire de prendre soin de toi. Ah ! Et aussi qu'elle t'aime, mais que je reste sa favorite, la taquina Raven.

— Je le savais, commenta Clarke, faussement blasée, en levant les yeux au ciel.

— Bon, alors, Polis ? s'enquit Bellamy. Il paraît qu'on a une dangereuse délinquante à livrer à la commandante...

— La petite-amie de Clarke, souligna Octavia, en tapotant sur la tête de son frère.

Clarke se rembrunit aussitôt à cette mention. Elle ne savait plus qui elle était pour Lexa, ni ce que Lexa était censée représenter pour elle. Que se souvenait-elle de ces huit années passées ensemble ? Considérait-elle, tout comme Raven le suggérait, que rien était réel ?

Elle lui avait tiré dessus. À deux reprises. Le flingue lui était apparu dans les mains au moment où elle l'avait souhaité. Et elle n'avait pas hésité. Pas une seconde.

Elle ne pouvait pas se bercer d'illusions plus longtemps : ses actions ne resteraient pas impunies. Elle redoutait la réaction de Lexa, mais elle ressentait le besoin de la retrouver et de lui parler. Un besoin qui n'avait fait que redoubler depuis qu'elle savait qu'elle n'avait pas perdu l'espoir de retrouver Madie.

— La commandante, corrigea Clarke, d'une voix lasse.

J'ai tiré sur la commandante.

La dernière fois qu'elle était montée au sommet de la tour, Clarke était avec elle, songea Lexa, en balayant du regard la ville de Polis, les rues dans lesquels fourmillaient ses habitants en plein jour, et désormais vides et silencieuses minuit approchant. Les voix dans son crâne s'étaient enfin tues, et elle pouvait avoir un moment de paix avec elle-même pour essayer de comprendre ce qu'elle ressentait. Elle sourit en pensant qu'à cette heure-là, Madie aurait déjà tenté par trois fois de trouver des excuses pour ne pas dormir, et Clarke, excédée, lui aurait lancé le regard qui voulait tout dire pour que ce soit elle qui s'en occupe.

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