XXIV.

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Lorsque Clarke ouvrit les yeux, elle se demanda où elle se trouvait pendant l'espace d'un instant, et comprit qu'elle se trouvait dans ses appartements. Les images de la soirée lui revinrent en mémoire. Le dîner catastrophique. Sa dispute avec Lexa. Et puis, enfin, la discussion. Elle sourit en pensant que c'était probablement elle qui l'avait portée jusqu'ici.

Puis elle se rappela la dure réalité. Madie restait encore introuvable. Elle ne l'avait pas avoué à Lexa, elle n'en avait pas eu la force, mais elle même commençait à douter de l'existence de l'enfant. Elle-même commençait à perdre espoir.

Elle se leva en soupirant, constata à quel point ce lit paraissait immense et triste, et plongea dans le bain préparé par les serviteurs de Lexa, puis rejoignit les autres, en retard, pour le petit-déjeuner. Ils interrompirent soudainement leur discussion à son arrivée.

— Faites comme si je n'étais pas là, déclara Clarke, levant les yeux au ciel.

Sous les yeux interloqués de ses amis, elle commença à remplir son assiette comme si elle n'avait pas mangé depuis des lustres. Et c'était presque le cas.

— Désolée, Clarke, nous étions justement en train de parler de toi et de Lexa, avoua Raven, railleuse. Tu n'imagines même pas comment les potins vont bon train dans cette tour. Je me suis même permise d'en rajouter un peu... ça manquait d'épices, si tu vois ce que je veux dire.

Raven et Octavia échangèrent une œillade complice. Si elle ne les connaissait pas, Clarke aurait sans doute rosi sous leurs remarques, mais elle se contenta simplement de les ignorer. Bellamy, qui ne partageait pas l'enthousiasme général, gardait la tête basse dans son assiette.

— Bon, tu nous racontes, oui ou non ? s'impatienta Octavia, avec un sourire moqueur, alors qu'elle épongeait le jaune d'œuf de son assiette avec du pain. On t'a attendu pendant des heures, et tu n'es même pas venue manger avec nous.

— Moi je sais, prétendit Raven, en haussant compulsivement des sourcils.

— Vous êtes insupportables, décréta Clarke, avec un mince sourire, tout en cherchant Lexa du coin de l'œil.

Il était sûrement trop tard pour la croiser ici à cette heure-là. La journée de la commandante avait commencé bien plus tôt. Elle remarqua Costia qui déjeunait avec ses pairs en silence en bout de table et secoua la tête lorsqu'elle se rappela du repas de la veille. Il faudrait définitivement qu'elle s'explique avec elle à un moment ou un autre, songea-t-elle, embarrassée. Pour l'heure, elle se contenterait de remplir cet estomac bien trop stressé par les derniers jours.

— Il faudrait demander à la commandante de nous fournir en provisions pour le retour, déclara Bellamy en s'adressant à Clarke, dans une volonté de changer de sujet.

Clarke prit le temps de mâcher longuement et d'avaler, avant de répondre.

— À ce propos... je ne pense pas quitter Polis, vous devrez faire route sans moi, avoua-t-elle, prête à se défendre contre leurs protestations. J'en ai discuté avec Lexa, hier soir. C'est préférable pour Madie que nous menions nos recherches ensemble. D'ici.

Mais à sa grande surprise, de larges sourires se tracèrent sur les bouches de Raven et d'Octavia. Elles n'étaient pas dupes. Bellamy préféra rester en retrait, et se contenta de manger en silence, alors qu'il n'aurait pas hésiter à argumenter avec elle, des années plus tôt. Il s'était toujours ouvertement méfié de la commandante. Elle se demanda si c'était sa façon à lui d'exprimer son accord.

— Tu sais que je vais te manquer, ma belle ? fit remarquer Raven. Je ne te donne pas un mois avant que tu reviennes en courant.

— Tu parles ! Ca lui fera des vacances...

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