XX.

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Les rues étaient vides, à l'exception de trois silhouettes emmitouflées dans d'épais manteaux, qui avançaient à grandes enjambées dans le quartier. L'enfant au centre, habituellement vif comme une décharge électrique,  se maintenait debout grâce aux mains qui tenaient les siennes avec urgence. Le ciel, entièrement noir, était découpé par d'immenses buildings et lampadaires. Tous éteints. C'était Clarke qui illuminait le chemin grâce à une petite lampe torche qui appartenait à Madie, là où Lexa les emmenait.

La jeune femme fut frappée ne pas avoir de souvenir où elle avait posé un pied en dehors de la cage d'escalier de leur appartement. 

— Où est-ce qu'on va ? se plaignit Madie. J'ai sommeil !

— Je ne sais pas, ma puce, répondit Clarke, en serrant la main de sa fille comme si elle redoutait de la perdre et en jetant un coup d'œil inquiet à Lexa.

— Par-là, leur indiqua celle-ci.

Elle connaissait ce chemin par cœur. Elle l'avait répété tant de fois, sans jamais le comprendre. Désormais, elle en était certaine, c'était là où se trouvait la sortie. Les voix devenaient obsédantes, murmuraient des choses indicibles dans son esprit, des choses qu'elle préférait ignorer et garder pour elle. Mais toutes semblaient s'accorder sur plusieurs points : Elle avait échoué. Elle avait trahi son peuple. Elle avait fait preuve de faiblesse.

Les anciens commandants avaient perdu foi en elle.

— Lexa, c'est une impasse, lui fit remarquer Clarke, avec une pointe d'incompréhension.

Dans son souvenir, la seizième avenue se prolongeait des centaines de mètres plus loin. Mais désormais, un mur blanc faisait obstacle.

— Impossible, souffla-t-elle en le tâtant comme pour s'assurer de son existence.

L'instant suivant, la ville s'illumina du sol aux pointes des gratte-ciels, si brutalement que Clarke posa une main sur ses yeux pour ne pas être éblouie. La petite fille se blottit contre son genou, apeurée et pointa du doigt quelque chose qui se trouvait derrière elles. Clarke se retourna et son cœur loupa un battement.

Une femme aux traits émaciés, vêtue d'une robe rouge, et dont la chevelure brune tombait strictement sur ses épaules, les observait, intriguée, la tête légèrement penchée sur le côté, comme elle l'aurait fait de souris de laboratoire qui se seraient échappées de leur cage. Derrière elle, des silhouettes avançaient lentement, sans un mot, et prenaient place pour former une véritable armée.

— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous nous voulez ? rugit Clarke, en se postant instinctivement entre elle et Madie.

— Maman, qu'est-ce qui se passe...

— Clarke, c'est elle. C'est A.L.I.E, dévoila Lexa, le souffle coupé. C'est elle qui contrôlait Costia et les autres. C'est elle qui nous a forcés à avaler la puce.

— Je vous souhaiterais bien la bienvenue dans la Cité des Lumières, un monde sans souffrance et peine, déclara A.L.I.E., d'un geste de la main pour envelopper tout ce qui les entourait. Mais cela fait bientôt huit ans que vous en arpentez ses rues.

— Huit ans, répéta Clarke, avec horreur. Où sont les autres ?

— Les autres ? Quels autres ? Les humains qui ne sont pas ici sont morts, Clarke, l'informa A.L.I.E., les mains jointes devant elle en un triangle. 

Plusieurs silhouettes se mouvèrent entre les rangs de la masse pour se placer aux côtés de la femme en robe rouge, et elle les reconnut dans un frisson. Sa mère, Bellamy, Octavia et Raven. Elle se rappela de la lame de Lexa, qui avait transpercé le corps de cette dernière, juste avant qu'elle n'avale la puce.

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