Nightbloods

XXV. (Part 1)

Le message n'avait pas été écrit à l'encre noire. 

Lexa ravala sa colère, en se massant les tempes. Elle avait été si imprudente la nuit précédente. « Love is weakness », se rappela-t-elle, jetant  un coup d'œil sur l'épaule ensommeillée de Clarke, qui dépassait paisiblement de la couette, et se soulevait au rythme léger de son souffle. L'inconséquence de sa conduite aurait pu leur coûter la vie ; elles n'avait rien senti, ni entendu.

Mais pour une raison qui lui échappait encore, leurs ennemis n'avaient pas profité de cette occasion en or pour les égorger dans leur sommeil.

— Nettoyez-moi ça, en silence, ordonna-t-elle à un de ses serviteurs. Je compte sur votre discrétion.

Elle caressa les cheveux de la jeune femme, qui dormait toujours profondément, et jeta un dernier coup d'œil sur l'inscription.

RENDEZ-VOUS LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ 

Même si elle avait la certitude que ce message ne s'adressait pas seulement à elle, elle refusait de mettre Clarke en danger.

L'une d'entre elles devait rester en sécurité. Pour Madie.

⁂

Plusieurs de ses serviteurs lui avaient offert de l'aider à prendre place sur sa monture, mais Costia avait refusé fermement, ce qui n'avait pas surpris Lexa pour le moins du monde. Ainsi vêtue de sa cape de Fleimkepa, ses cheveux noirs de jais tressés dans son dos, elle la vit sourire de profil lorsqu'elle l'appela par son nom.

— Leksa, la salua Costia, d'un bref hochement de tête.

— Je ne pouvais pas manquer ton départ, lui expliqua-t-elle, solennelle.

— Tu n'as donc pas mieux à faire ?

Elle l'avait prononcé d'un ton taquin, et la commandante dévia son regard, embarrassée. Elle ne parvenait toujours pas à saisir toutes les implications de leur amitié, alors qu'elles se devaient d'entretenir le rapport le plus sacré de tous : celui d'une commandante et de sa gardienne. Les sermons de Titus, ceux qu'il avait prononcés avant même qu'elle ne monte sur le trône, lui revenaient sans cesse en tête. « To be commander is to be alone. » « Love is weakness. » Elle n'était pas non plus sans se douter que son peuple lui reprocherait sa faiblesse pour Clarke, si un jour, elle se décidait à l'avouer publiquement.

— Klark n'est pas là, mais elle t'envoie, elle aussi, ses meilleurs esprits.

— Skaikru semble apprécier notre hospitalité à sa juste valeur. Penses-tu que de là où ils viennent, ils se lèvent toujours aussi tard ?

— Ils n'ont pas l'habitude de se lever avec le soleil, sourit Lexa.

Alors que Costia fit mine de partir, Lexa posa une main sur l'encolure du cheval.

— Je ne pourrai jamais te remercier assez pour ce que tu fais pour nous, déclara-t-elle, sincèrement reconnaissante.

— Tu me remercieras lorsque nous l'aurons retrouvée.

Elles hochèrent simultanément du chef avec respect, Lexa humidifiant ses lèvres et conservant pour elle ses craintes, Costia ignorant les siennes. Toutes deux savaient dans quoi elles s'engageaient. Une telle opération comportait toujours des risques. Elle attendit que la silhouette de la jeune femme, chevauchant un de ses meilleurs étalons, disparut à l'orée des bois pour faire demi-tour.

⁂

Là où tout avait commencé, songeait Lexa, assise sur son trône, caressant son menton rêveusement, tandis que les affaires se succédaient. Elle écoutait distraitement les récits des plaignants, et bien moins encore ceux des accusés, mais parvenait toujours à émettre un jugement qui paraissait juste à l'assemblée.