XXIII. (Part 2)

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Clarke laissa tomber son sac à dos sur le sol, et le projeta d'un violent coup de pied sous le lit comme s'il avait insulté toute sa famille. Puis elle s'allongea dans le lit et se roula en boule, dans l'espoir que plus jamais elle n'aurait à en sortir.

Madie n'était pas là. Et Lexa voulait qu'elle parte.

Elle avait d'abord ordonné à ses amis de quitter Polis au plus vite, mais ceux-ci l'avaient convaincue d'accepter l'offre d'hospitalité de la commandante. Ils avaient faim, froid, et ils étaient sales et épuisés. Clarke avait dû se résoudre à l'évidence ; elle ne pouvait pas leur imposer un retour dans de telles conditions.

Pourtant, si elle avait pu, elle aurait parcouru la moitié du monde pour fuir le plus loin possible de Lexa. Seulement, se laisser guider par sa colère, en ce moment, alors que sa fille restait encore introuvable, n'était pas une solution, mais un abandon. Lexa, elle, avait tenté de trouver des solutions. Elle avait d'ailleurs rudement bien peaufiné son plan pour se débarrasser de Clarke, songea-t-elle, en serrant les dents, tandis qu'elle sentait une nouvelle bouffée de colère l'envahir. Elle ne comprenait pas pourquoi, en de telles circonstances, elle n'était pas capable de faire preuve de raison.

Lexa faisait preuve de plus de générosité avec elle qu'elle ne le devrait, et elle le savait. Mais au fond, pourtant, sa générosité sonnait comme la pire des sanctions. Une rupture déguisée. Une rupture qui n'avait même pas l'honnêteté d'être prononcée comme tel.

Peut-être parce que Lexa considérait qu'il n'y avait rien qui méritait d'être rompu.

— Clarke, tu devrais arrêter de fixer ce plafond comme ça, s'impatienta Raven, assise dans un des fauteuils de la chambre, et qui s'était déjà retenue pendant plusieurs heures de l'ouvrir. Ou au moins, dis-nous ce qui ne va pas !

— Lexa a rompu avec elle, déclara Octavia sur le ton de l'évidence, et lorsque les autres lui jetèrent un regard atterré : Bah quoi ? Ca se voit non ?

— D'un autre côté, Clarke lui a légèrement tiré dessus à deux reprises, fit remarquer Raven. C'était assez prévisible. Je me demande même pourquoi nous ne sommes pas enfermés dans un de leurs cachots en ce moment-même. Tu dois vraiment être un bon...

— Ta gueule, Raven, grommela celle-ci, agacée, d'une voix gutturale, presque souterraine.

— Laissez Clarke tranquille avec ça, intervint Bellamy, qui posa un regard inquiet sur la jeune femme. Et mettez plutôt à profit votre ennui pour trouver Madie. C'est pour elle que nous sommes là, pas pour la commandante.

Entendre le nom de sa fille provoqua une douce décharge électrique dans le corps de Clarke. Elle le remercia silencieusement et se releva à moitié, juste à temps pour surprendre Octavia et Raven échanger un regard entendu. Elle savait déjà ce à quoi elles pensaient. Madie n'existait pas. Et l'obstination de Clarke les avait conduits jusqu'ici. Clarke courait après un rêve. Un leurre de pixels.

— Lexa a envoyé un ordre de recherche sur tout son territoire, que pouvons-nous faire de plus qu'elle n'a pas déjà fait ? releva Octavia. Je suis désolée, Clarke, mais c'est la vérité.

Si Madie il y avait, elle aurait déjà trouvé. C'était ce qu'elle voulait dire et passait sous silence.

— Ca ne veut rien dire, rétorqua Bellamy, les sourcils froncés. Madie est peut-être retenue quelque part, contre son gré. Elle est peut-être en danger.

Il se rendit soudain compte qu'il n'aurait jamais dû faire une telle supposition alors que la mère de l'enfant se trouvait à portée d'écoute, et se retourna dans sa direction pour s'excuser platement. Mais Clarke s'était déjà levée pour quitter la pièce, sans un mot.

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