Chapitre 20 : Evaluation

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Nous courions depuis l'aube, à un rythme défiant l'imaginable pour une aussi longue distance, et plus le temps passait, plus je doutais de l'intérêt de cet exercice. Surtout que j'étais désormais certaine que nous ne faisions que tourner en rond. Alors, même si je n'étais ni essoufflée ni fatiguée, je finis par m'arrêter nette, au beau milieu d'une vaste trouée dans les arbres de cette forêt sans fin.

- Quel est le but de tout ça ? attaquai-je.

Mon nouveau senseï s'arrêta à son tour pour venir se placer face à moi. Bras croisés, regard dur, il me toisa un instant avant de lâcher d'un ton qui ne souffrait aucune contradiction :

- Remets-toi à courir. Tu n'as qu'à faire le tour de la clairière.

Pendant une fraction de secondes, je fus tentée de refuser. Après tout, la relation entre un maître et son élève était basée sur un respect mutuel qui pouvait m'autoriser à réclamer des réponses. Mais il me suffit de le regarder à nouveau pour comprendre que ce n'était certainement pas une bonne idée. Je refusai encore un moment, pour marquer ma désapprobation mais finis par céder devant son regard noir. Décidément, nous étions encore loin du grand amour...

- Pour te répondre, j'ai simplement décidé de profiter du voyage pour évaluer tes capacités.

- Alors pourquoi nous faire tourner en rond depuis plus de deux heures ? Et je croyais que c'est vous qui aviez demandé à me former, vous avez décidé ça à l'aveuglette ?

- Pour évaluer ton endurance. Et je ne parle pas seulement de tes capacités physiques mais aussi de ta patience. Je dois avouer que je m'attendais à pire. Quant à ma résolution de t'entraîner... Croire en ton potentiel ne veut pas dire connaître parfaitement tes performances actuelles. Je sais où je veux t'emmener, reste seulement à savoir quel chemin nous allons devoir parcourir. Dans tous les cas, tu peux être sûre que je n'ai pas pris cette décision à la légère. Cela fait des années que je pèse le pour et le contre.

Des années ? Que voulait-il dire par là ?

- Très bien, on va changer un peu, enchaîna-t-il sans me laisser le temps de me pencher sur cette question. Tu vas faire exactement tout ce que je dis, au moment où je te le dis.

Sans comprendre, je ralentis en me rapprochant de lui. Il allait devoir être plus explicite s'il voulait que je lui obéisse sans discuter !

- Non, non. Ne t'arrête pas. Continue de courir. Maintenant saute ! Crochète cette branche. Voilà. Maintenant, tour complet et tu te remets à courir.

- À quoi ça rime ? grognais-je.

Il se contenta de sourire avant d'annoncer :

- Saute. Salto arrière et tu retombes en position de combat. Attention à tes appuis ! Tu dois être plus stable que ça ! Recommence. Mieux. Grimpe à cette arbre. Sans les mains bien sûr. Plus vite que ça voyons !

Aussi longtemps que dura cette mascarade, je fis de mon mieux pour garder mon calme et ne pas exploser. Mais il avait intérêt à être convaincant dans ses explications futures ou je ne garantissais rien...

- Accélère encore Mitsuko ! Bien, tu peux t'arrêter. Je suppose que tu as appris les katas de base lorsque tu étais à l'Académie n'est-ce pas ? Montre-les moi.

***

Épuisée, je m'écroulais sur le sol et restais un long moment à observer le ciel. La nuit tombait doucement sur la clairière et à mesure que le ciel s'assombrissait, les étoiles apparaissaient les unes après les autres. Les étoiles... Fut un temps où je les regardais tous les soirs avant d'aller me coucher. Elles avaient même été les compagnes de mes heures les plus sombres, de mes heures les plus noires – et je ne parlais pas qu'au figuré - mais depuis, les choses avaient changé, tellement changé. J'avais passé de longs mois en mission, puis il y avait eu l'examen Chûnins et toutes mes semaines à l'hôpital.

L'Ombre des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant