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Juin 1978

Sans les mathématiques, j'aurais pu vous dire que j'avais réussi haut la main mes examens. Malheureusement ce ne fut pas le cas : j'avais raté les mathématiques.

Nous avions fini par présenter notre chorégraphie aux jurys, Gabin et moi. La Sonate au Clair de Lune qui nous avait rassemblés nous allait parfaitement. Nous avions dansé avec tant d'émotions et tant de passion. Lui dansait l'artiste et moi l'ombre insaisissable. Je suivais ses mouvements sans jamais le toucher. Et sous la pluie de notes de Beethoven nous vivons notre passion.

Notre chorégraphie était si belle, et sous l'ombre des projecteurs, hissés sur la grande scène, nous avions dansé si bien. Comment rater nos pas lorsque chacun de nos mouvements semblaient si naturels ? Entre lenteur et précipitation. Tristesse et émotions. Nos bras s'entremêlant, nos corps synchronisés. J'aimais lorsqu'il réalisait notre porté final pour me poser devant lui et m'enlacer sans vraiment me toucher. Alors que la dernière note raisonnait dans la pièce et que nos corps essoufflés s'arrêtaient enfin pour notre pose finale. Je n'avais qu'une envie : fondre dans ses bras.

Nous obtînmes donc la deuxième place, et nous fûmes heureux. Notre année au Prodigious National Ballet touchait à sa fin mais nous savions qu'il nous restait encore tant de bons moments à partager tous ensemble. Peut-être même une année supplémentaire au sein de l'école avant de nous envoler vers le monde des adultes.

28 Juin 1978.

18h30.

- Tu es sûr que je mets celle-là ? insista de nouveau Alexander.

Je levai mes yeux au ciel de manière à ce qu'il le remarque.

- Oui, cette chemise te va très bien ! m'impatientai-je.

- Bon si tu les dis, mais je te jure que si Julie ne veut pas danser avec moi, ça sera de ta faute !

- Évidemment. Mais dépêche-toi, on est en retard.

Je terminai le nœud de ma cravate avec laquelle je me sentais très à l'étroit et enfilai mes chaussures. Avec Alexander, nous avions décidé de nous rendre au gala de fin d'année de notre école de danse et nous étions tout excités. Nous nous étions préparés pour l'occasion avec nos plus belles chemises et nos cheveux peignés. Il ne nous manquait plus que nos cavalières.

19h30

- Elle va être si jolie dans sa robe de soirée, s'extasia mon ami lorsque nous nous dirigeâmes vers la salle de fête. J'en ai des frissons rien que d'y penser ! Tu l'imagines : ses cheveux tressés, ses fines jambes nues brillants sur la piste de danse, et sous sa robe scintillante son corps se mouvant...

- Alexander...

- Son petit décolleté qui me fait perdre mes mots, et ses jolie yeux verts qui pétillent de passion...

- Alexander ! ris-je encore en le grondant un peu.

- Ça va, j'ai le droit de rêver.

Nous arrivâmes devant la salle de fête où une musique bruyante annonçait déjà la couleur des festivités.

- Regarde-la plutôt au lieu de fantasmer.

À peine eu-je dis ces mots que mon ami m'abandonna pour courir rejoindre Julie, surexcité et des étoiles plein les yeux. C'est vrai qu'elle était belle, mais Laurelyne encore plus. Je m'approchai alors de ma petite cavalière et lui embrassai la joue.

- Tu es belle, lui dis-je.

- Ça te va bien, le bleu, me répondit-elle.

Nous sourîmes. C'était les mots de notre première soirée qui nous paraissait maintenant lointaine. Elle me tendit son bras.

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