𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟓𝟔

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Moi : Quoi ? Mon fils venait à l'hôpital savoir si j'étais là ? Mais je n'ai jamais été au courant de ça !

Fatou : Quand on lui disait que tu n'étais pas là, il sortait en courant avec les larmes aux yeux.

J'avais su que c'était Ilyes. Ilyes a passé son enfance à penser à moi et à savoir où j'étais.

Fatou : Allez ma belle c'est l'heure de s'occuper des patients.

On se lève et elle m'attrape par le bras.

Fatou : Je suis contente que tu sois là, ça me fait tellement plaisir de te revoir !

Je lui souris.

On s'occupe de nos patients on les massait etc..

Je reprenais petit à petit ma vie normal, Ismaïl avait aussi trouvé un travail, Ilyes continuait ses études de droit. Il voulait vraiment aller jusqu'au bout.

Je rentre à la maison.

Ilyes : Maman ?

Moi : Oui ?

Ilyes : T'as fais des études de droit ?

Moi : Non j'ai fais des études scientifiques, pourquoi tu as besoin d'aide ?

Ilyes : Non, au sous sol j'ai trouvé plein de livre de droit.

Je me suis mise à rire.

Moi : Tu veux vraiment savoir qui a fait des études de droit ?

Ilyes : Bah c'est bizarre, je vois personne d'autre faire des études de droit !

Moi : Et bah c'était ton père !

Ilyes : Hein ?

Moi : Tu m'as très bien entendu ! Lyes avait fait du droit lui aussi.

Ilyes : Tu me fais une blague là ?

Moi : Non vraiment pas !

Ilyes : Pourquoi il n'a fait un métier en rapport avec le droit ?

Moi : Il avait arrêter parce que je cite "Un bougnoul qui a fait hebs en étude de droit, toutes les portes elles se referment direct."

Ilyes : Il a fait de la prison ?

Moi : Ouais mais c'était court ! Il a fait 2 ans ou 1 an je m'en rappel plus.

Ilyes : Il nous la jamais dit ça !

Moi : Il ne voulait absolument pas ressortir ce genre de dossier.

Ilyes : Maman ?

Moi : Oui ?

Il s'est mit à trembler.

Ilyes : Je n'arrive plus..Je n'arrive plus sans elle.

Il avait les yeux qui brillaient, il était à deux doigt d'avoir les larmes aux yeux. Ça m'avait fait quelque chose.

Ilyes : J'avais dû mal à réaliser au début, mais maintenant je m'en rends compte qu'elle est vraiment parti. Je l'ai appelé en espérant qu'elle décrocherait. Je crois que je ne peux pas passé au dessus de cet obstacle. J'arrive pas à comprendre pourquoi je n'arrive pas à passer au dessus de tout ça alors que Ismaïl et toi vous l'aviez fais. Maman je suis perdu aide moi je t'en supplie, j'en peux plus, j'y arrive plus.

Il s'est mit à pleurer sur mon épaule. Je suis resté sans voix, j'entendais ces cris de détresse, j'avais l'impression qu'il s'était longuement renfermé sur lui mais qu'il ne pouvait plus faire semblant. Ces cris me brisaient le coeur. Je ne pouvais en aucun cas le comprendre c'était sa soeur mais avant tout sa jumelle, ils ont tout partagés ensemble. Je n'ai pas de jumelle, je ne peux pas comprendre ce genre de situation, mais je le soutiendrais quoi qu'il arrive, je serais là pour lui et je l'aiderais.

Depuis que Loubna est parti je me sens impuissante, voir son enfant mourir et voir l'autre souffrir, il n'y pas plus pire comme atrocité.

Il se détache de moi.

Ilyes : J'ai passé toute mon existence à me demander où t'étais, j'ai toujours été froid et méchant avec tout le monde, je n'aimais personne. Mais dans tout cette obscurité, elle était ma lumière, elle illuminait ma vie pendant que moi je sombrais dans la tristesse parce que je ne t'avais pas à mes côtés. Je l'aime maman, je l'aime plus que moi même, j'ai toujours été tellement fière d'elle, elle m'a déçu par moment certes mais je n'arrivais pas à lui en vouloir tu comprends ça ? Et tu vois ça j'aurais tellement voulu lui dire avant qu'elle meurt. En 18 ans d'existence je ne lui ai jamais dis à quel point je l'aime et à quel point j'étais fière d'elle. J'EN VEUX À CETTE PUTAIN DE MALADIE QUI LA RONGEAIT DE L'INTERIEUR ÇA A GÂCHER MA PUTAIN DE VIE. Je commençais à peine à être heureux mais c'était trop beau pour être vrai bien sûr. Elle venait me chercher à 3h du sbah sous la pluie dehors pour me ramener à la maison, même quand on se disputait. Jamais, je dis bien jamais je trouverais deux personnes comme Loubna, Loubna n'est pas comme personne d'autre sur cette terre. Elle mettait de la bonne humeur dans la vie de tout le monde. Cette lumière s'est maintenant éteinte. Plus rien ne sera comme avant, plus rien.

Il me regarde dans les yeux.

Ilyes : Je le comprends enfin..

Moi : Qui ça ?

Ilyes : Papa, je le comprends maintenant, il a perdu son père puis ensuite sa jumelle, sa femme disparaît pendant plusieurs années et avant même de la revoir il meurt. Papa a beaucoup souffert et je commence à ressentir ce qu'il a senti au fil des années.

Je détourne le regard.

Ilyes : Je t'en veux maman, je t'en veux de nous avoir fais attendre tout ce temps, tu nous as fais souffrir tu sais, depuis que t'es parti papa n'a jamais fais aucune nuit entière, il culpabilisait nuit et jour. Je crois qu'en 16 ans il avait pensé à toi chaque jours. J'aurais aimé voir papa, joyeux pour de vrai sans qu'il nous mente parce qu'il pensait à toi. Je suis énervé en repensant à toute ces scènes, en repensant à tout les moments qu'on aurait pu passer à 5. J'aurais pu ne pas être ce garçon là, ce garçon qui ne parlait jamais, qui est tout le temps silencieux, qui frappait ces camarades parce qu'on se moquait de lui au sujet de sa mère. Un corps c'est comme une famille, chez nous ils manquent des membres.

𝐅𝐢𝐧 𝐃𝐞 𝐋𝐚 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝟓𝟔.

[2] Ilyes- « À Bout De Souffle » [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant