Est-ce que tu m'aimes ?

Chapitre 20 : ma main sur une autre peau

Et puis...

Je sens son souffle. Je sens son cœur. J'entends le miens. Ils sont en harmonie. Nous sommes en harmonie. Nous sommes seuls. Nous sommes dans une bulle d'atmosphère calme et détendu. Mais j'entends derrière ce mur... un bruit dont je ne prêtais attention jusque là...
Alors je tourne légèrement la tête. Edward ouvre ses yeux. Il dégage sa main de ma nuque voyant mon trouble. Il suit mon regard. Les buissons bougent doucement. Quelques feuilles tombent. Nous échangeons un regard complice. Il me prend la main. Mon cœur fait du trampoline.
Je regarde ses yeux. Bleu. Beau. Troublant. De son air sérieux, il me fixe comme si c'était la dernière fois que je le verrais. Il serre son emprise et me lache. Il met une main devant lui et avance prudemment jusqu'au buisson. J'aimerais faire quelque chose, on est dans une forêt inconnue, il peut y avoir des ours... alors je m'éloigne. Je devrais m'approcher... puis j'entends un souffle dure. Edward recule et regarde le sol honteux. Henrik apparaît des buissons.
Ma gorge se noue. Je m'avance vers eux.

- On s'inquiétait... cela fait plus de trente minutes que vous n'étiez pas rentrés...

Edward ne me regarde même pas et tapote l'épaule d'Henrik.

- Sofia à perdue son collier... on le cherchait... les femmes !!

Mes yeux clignent sans cesse comme pour me réanimer. Je ne préfère pas remémorer ces mots sortis de sa bouche, pour être sûre d'avoir bien entendu car oui Sofia, tu as entendu aussi clairement que tu entends son cœur battre. Henrik me regarde sourcils froncés.
J'avale et eu un mal atroce à sourire faiblement en guise de réponse...

- Je l'ai trouvé... il était attaché dans mes cheveux....

-Bien. J'en ai profité pour chasser deux trois lièvres... vu le temps que vous avez mis je me suis dit que si je ne chassais rien on allait rentrer demain ...

Nous reprenons le chemin de tout à l'heure sans même regarder une dernière fois cet endroit. Je remonte en selle. Nous galopons jusqu'au camps sans un mot.

___

Je suis assise sur une chaise dans les cuisines royales. Niels est avec moi. Marius aussi. Nous sommes autour d'une table en bois. Chacun, une tasse de thé vert à la main. Niels mange un pain chaud avec du fromage de chèvre.
Il est au alentour de une heure du matin.
Cette nuit nous sommes rentrés silencieux. Yan et Elme étaient très fatigués. Henrik est tombé de sommeil dans le carrosse (d'après Niels) et Edward, .... il n'a pas participé aux bavardages familiaux. Quand le carrosse s'est garé, il est sortit le premier et il me semble l'avoir aperçu partir vers le petit labyrinthe. Je me suis changée rapidement et mis un châle sur mes épaules. J'ai demandé à Niels de me rejoindre dans les cuisines. Et puis Marius m'a vu derrière les fenêtres du salon et il est rentré.
Il le faut pour mon bien, que je leur parle. Que je parle de ce qui m'ai arrivé ce matin... Avec Henrik.
Niels me regarde avec inquiétude. Marius fronce les sourcils.

- Tu devrais dormir dans ton lit à baldaquin, rêver de ton lendemain et rester jolie comme la nuit... donc tu veux bien nous dire ce qu'il va pas ? Me demande-t-il.

Je voudrais bien. Mais c'est comme si l'esprit d'Henrik avait troué mon crâne et s'y serait installé... désormais, à chaque mots qui veut sortir de ma bouche, il me stop net. Il me fait réfléchir avant mon acte... C'est difficile de parler. C'est difficile de faire comprendre au monde la souffrance que l'on ressent. Car jamais personne ne comprendra. Jamais personne ne s'aura la souffrance que vous avez, le faux sourire que vous portez, le poids lourd des secrets que vous êtes sensé ne jamais révélé... ils ne peuvent alors, ni vous comprendre ni vous jugez. Car même si nous avons traversés les mêmes horreurs, notre souffrance est différente.
Je regarde l'eau dans mon bol. Elle ne bouge pas. Elle me laisse voir mon reflet à travers sa délicate couche d'herbes vertes, de couleurs différentes et de dandinantes bulles de mon sucre qui a fondu.