Chapitre Un

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Un reflet de soi-même.

Laïs ouvrit les yeux, son cou et son front en sueur. Un raie de soleil passait à travers les rideaux et chauffait son oreiller. Elle fut soulager, d'entendre parfaitement ses jambes bouger sous les draps emmêlés autour de son corps. Son ouïe n'était pas endommagée. Quel soulagement. Son coeur battait la chamade et ses mains tremblaient.

Encore et toujours ce cauchemar.

Elle se releva sur un coude et passa une main sur son visage. Son coeur battait trop vite, son pouls était trop fort, elle devait se calmer avant de frôler la crise cardiaque. Laïs posa sa main sur sa chemise de nuit et inspira lentement, doucement.

Ce n'était qu'un cauchemar. Elle le connaissait à la perfection, alors pourquoi paniquait-elle, autant ? C'était toujours pareil : le sol blanc et lisse, les questionnements et le monde qui se cassait en morceaux. Mais ce n'était pas ça, le pire, non. Le plus déroutant et horrifiant, c'était cette pression, cette solitude qui la dévorait lorsqu'elle tapait son talon sur la carapace incolore.

Cette sensation lui donnait la nausée et bien pire encore.

Mais, elle n'avait plus envie d'y penser. Déjà qu'elle ressassait ce cauchemar, pas besoin d'y réfléchir une fois réveillée, grand bien lui fasse.

Laïs soupira et sortie les pieds de son lit. Elle se rendit seulement compte maintenant, que c'était l'aube. Évidemment, un cauchemar brisait le sommeil, c'était bien connu. De l'autre côté de la chambre, les couvertures du lit, entre une petite bibliothèque et un secrétaire, bougèrent. C'était son petit-frère, Hector, qui avait le sommeil léger, contrairement à elle. Laïs se leva et à son premier pas, elle se prit les pieds dans le tapis et tomba de tout son long, manquant de peu le bord de la commode.

Recroquevillée sur elle-même, elle se mordit la langue pour ne pas crier de douleur. Par les ancêtres, elle s'était faite fichtrement mal, cette fois-ci !

-Laïs ? Grogna la petite voix qui n'avait pas encore muée. Pourquoi...tu ne dors pas ?

Elle grimaça. Nom d'un écrin, elle avait réveillé Hector.

-Excuse-moi, fait pas attention, rendors-toi, ce n'est rien. Murmura-t-elle, essayant d'oublier que sa jambe la faisait souffrir.

Normalement, cela ne fonctionnait pas. Hector était un grand curieux et posait toujours pleins de questions, mais pour une fois, le sommeil était plus fort que lui. Laïs attendit que son souffle redevienne régulier, puis enfin, elle se releva. Elle se palpa la cuisse : elle allait avoir un bleu. Tant pis, elle n'avait même pas envie de s'en offusquer.

Elle s'enroula dans un patchwork mauve et s'immergea dans le psyché de la chambre, sans se soucier de son reflet. Aussitôt, elle apparut dans la glace de l'entrée au rez-de-chaussée, comme si elle sortait délicatement d'un bain à la verticale. D'abord le nez, les genoux, le visage, les cheveux, les épaules et enfin toute sa silhouette. Oui, Laïs était une Passe-Miroir et ça lui avait apporté pas mal de problèmes.

À petits pas pressés, regardant bien ou elle mettait les pieds, Laïs se dépêcha vers la cuisine. Elle ne devait pas être en retard, elle avait rendez-vous avec quelqu'un.

Avec toute la précaution du monde, elle se prit quand même le coin du corridor, dans l'épaule. Elle jura en silence et poussa la porte-vitrée. Elle s'arrêta en plein mouvement, lorsqu'elle aperçu son père, assis sur l'une des chaises dépareillées de la grande table en bois. Il avait levé la tête de son journal, comme s'il était en faute.

-Bonjour, papa.

-Bonjour, fille. Comment vas-tu ? Demanda-t-il d'une voix un peu étouffée.

-Bien, merci.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant