LE REFLET DE LAÏS ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

Chapitre Vingt

La faute à qui ?

"Tôt" était le moment idéal pour ne pas se faire attraper par des nobles entêtants. Quoi qu'il arrive, Laïs était arrivée dans un endroit bien étrange avec des portes à profusion et un souffle d'air glacé. Elle fronça les sourcils. Où était-elle ?

Angoissée, elle rangea son tisonnier sous ses jupons, au cas où quelqu'un débarquait et jeta un coup d'oeil aux alentours. Des portes, une grille d'ascenseur et encore des portes. Était-ce la Mère qui lui faisait une farce ? Ou alors c'était plus ingénieux...n'avait-elle pas lu ça quelque part ?

Doucement, sa natte pâle sur son épaule, elle s'approcha de chaque battant. Soit c'était ce qu'elle croyait, soit elle se trouvait dans un corridor qui menait à de nombreux bureaux. Mais ce n'était pas logique, Thorn était le seul intendant.

Elle devait être dans une Rose des Vents. Une petite, mais dans l'une d'elle tout de même.

Elle se mit alors accroupi et enleva son gant. Elle grimaça en apercevant des galaxies jusque sur le dos de sa main. Sa chute dans le bureau d'Hildegarde en était la cause ? Enfin, elle devait se concentrer sur le moment.

- J'ai besoin d'un peu de pouvoir... murmura-t-elle mystérieuse.

Puis avec son index et son majeur elle forma des jambes en marche et en version minimaliste et lu dans le carrelage de la Rose des Vents ce qu'elle cherchait. Les grandes surfaces étaient plus indociles que des objets ordinaires, mais elle avait toujours eu une affinité spéciale avec ses habilités.

Elle ferma les yeux.

Le temps remonta. Des chaussures, des talons claquaient en échos sur le carrelage. Elles étaient toutes différentes ces chausses, sauf celles qui les guidaient, du jour et de nuit. Elles étaient toujours les mêmes : une paire de bottes en cuir, celles de Thorn. La même direction, encore et encore. Oui, sa destination était la porte du fond.

Laïs rouvrit les yeux. Elle retira ses doigts du sol et enfila son gant. La porte en chêne, doubles battants. Elle posa ses yeux ternes sur la poignée et toqua en arrivant devant.

Il n'y eut pas de "entrez", ni rien du tout si ce n'était des pas sur un parquet légèrement grinçant. La seconde d'après, la porte s'ouvrit brutalement sur une immense silhouette qui faisait bien deux têtes et demie de plus qu'elle, sans mal.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Laissa-t-il tomber implacable.

Laïs se cassa le cou et le fusilla du regard avec ses paupières tombantes.

- Bonjour à vous aussi, Thorn. Oui je vais bien et vous ? Vous me laissez entrer avant de poser des questions ? Trop aimable. Un café ? Pourquoi pas. Trancha-t-elle sarcastique et sans sourire.

Thorn resta muet alors qu'elle se faufilait dans l'espace qui restait pour entrer dans le bureau.

C'était un lieu austère, froid, sans fioritures qui ressemblait beaucoup à son propriétaire avec ses angles pointues et ses lignes droites. Égales au visage anguleux, aux yeux gris en lame de rasoir et à la maigreur de Thorn qui était évidente.

Ils s'étaient quittés hier et pourtant Laïs avait l'impression qu'une éternité s'était confortablement installée entre eux.

- Je vois que le Clairdelune ne vous a pas coupé votre aptitude à manier vos mots.

La porte claqua. Thorn se tourna vers elle, le regard brillant, les faibles lueurs dansant sur ses cicatrices.

- Je ne vous ai pas demandé une visite. Reprit-il. Mon secrétaire vous a-t-il vu ? Cela pourrait être compromettant.