Chapitre Neuf

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Le coeur de l'arche

Laïs manqua de jouer à saute-mouton et passer au-dessus des chiens.

Le traîneau s'était posé, il y avait à peine quelques secondes, que Thorn sautait déjà de l'embarcation, les rênes en main, avec un professionnalisme sortit de nulle part.

Autour d'eux, la Citacielle florissait sous forme de tours biscornues de toutes les formes, de châteaux, d'arcades et autres escaliers escarpés. C'était drôlement impressionnant, quoi qu'un peu étrange. Laïs ne s'était pas attendu à une telle citadelle, au milieu du Pôle. Un port de pêche près d'un lac gelé, d'accord, mais là, c'était au-delà de son imagination.

-Sortez. Répliqua la voix glaciale de Thorn. Le traîneau doit être rendu, aussitôt.

Parce que Laïs, n'avait pour l'instant pas les mots, elle descendit précautionneusement sur la patinoire qu'était le sol. Elle ressemblait de loin, à un petit tas de fourrure brune, qui avait du mal à s'orienter.

Délicatement, elle se plaça à l'endroit, que Thorn lui indiquait. Dans un coin, dans le silence. Elle put apercevoir d'ici : les énormes loups, au pelage gris argenté et aux yeux bleu glace, qui sortaient leur langue rose, de leur gueule pleine de crocs acérés. Ils déplaçaient des nuages de vapeur à eux tout seuls.

- Où vont-ils retourner ?

Thorn siffla brutalement. L'attelage aboya en un seul et même grognement, les animaux firent un léger demi tour. La glace vola en éclats, le gel craqua et les loups s'élancèrent dans l'immensité, le traîneau vide de tout passagers, derrière eux.

- Chez leur maître. Répondit, laconiquement Thorn.

Il leva la tête, en attendant le traîneau de la tante Roseline qui n'allait pas tarder à arriver avec l'homme de l'équipage et les valises.

-Sans aide ? Demanda Laïs, impressionnée.

- Les Bêtes sont bien plus intelligentes que les Hommes. Elles se débrouillent parfaitement bien, dans l'hiver du Pôle.

Laïs médita ces paroles. Au même moment, dans un craquement sinistre et brutal, le second attelage débarqua jetant des morceaux de glace et de neige un peu partout. Laïs s'écarta.

- Nom d'un tir bouchon ! La dernière fois...! Vraiment ! La dernière fois !

C'était Roseline. L'homme l'aidait à descendre. Laïs essaya de la rattraper, sous l'œil mauvais de Thorn. La tante refusa l'aide de Laïs, de peur de lui faire mal en la touchant.

Bon sang. Thorn s'avança vers l'homme du dirigeable.

- Vous vous occupez des chiens et des bagages. Vous savez, ce qu'il vous reste à faire.

- Oui, mon seigneur.

Thorn se détourna, sans le remercier et commença à marcher, à grands pas, en passant devant Laïs et Roseline.

-On y va, immédiatement.

Laïs fronça les sourcils, sous son bonnet. Il était vraiment d'une humeur de chien. Elle patinna derrière lui, comme une enfant. Roseline ne voulait pas de son aide, de peur de la brisée, alors elle restait un peu en arrière. En voyant sa nièce approcher de son fiancé, elle l'interpella.

-Laïs, ne va pas trop vite !

Laïs fit la sourde oreille et rattrapa la grande silhouette au crin clair, qui ressemblait à un épouvantail.

- Nous allons chez votre tante, n'est-ce pas ?

- Oui.

-Notre arrivée est si orchestrée à cause des vipères qui nous attendent, comme vous l'avez mentionné dans la salle de radio ?

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant