La vieille balançoire
Laïs était résignée. Cette idée de mariage, lui mettait la tête à l'envers.
Le grand-oncle tapota le bois de la vieille balançoire, pour qu'elle s'y assois à ses côtés. Malgré le temps passé, le bois était toujours aussi solide et les lianes de verdure, soudaient les cordages.
-Alors, après trois demandes, tu finis enfin par accepter ! Qu'est-ce qui t'as fait envie de vouloir passer à la casserole ?
Laïs observa son grand-oncle avec attention. Envie ? Il se trompait, ce n'était pas son oeuvre, ce n'était même pas son choix. Elle inspira l'odeur de café de son parrain. Pourquoi en était-elle arrivée là ?
-Ce n'est pas mon choix, mon oncle. C'est celui de maman et pas seulement...
Sa phrase se coupa amèrement dans sa bouche. Elle observa le grand-oncle et ses merveilleuses moustaches blanches, qui lui remontaient jusqu'aux oreilles.
-Évite de ressasser comme une bouilloire et raconte-moi ! S'exclama-t-il, impatient.
Laïs inspira longuement. Le soleil était de plus en plus présent, mais encore doux et délicat. Elle adorait les matins, c'était sa partie préférée de la journée. Peut-être, parce que ses idées noires et ses cauchemars disparaissaient au même instant, que la lumière du jour arrivait-t-elle ? Elle ne savait pas trop elle-même.
Deux mésanges bleues gazouillèrent et se précipitèrent dans une petite mangeoire en forme de maison, qui se balançait à un branchage. Les deux oiseaux ramenaient habilement, des graines de pommes dans leur nid.
-Mon fiancé vient du Pôle. Les Doyennes sont sur le coup. Lâcha-t-elle, d'une seule traite.
Les grandes moustaches tombèrent sous le choc. Le grand-oncle posa sa main sur sa propre cuisse pour ne pas tomber en avant, sous la brusquerie de la nouvelle.
-Le Pôle tu me dis, m'fille ? Mais c'est de la mauvaises graines ces gens-là ! Me dis pas, que tu t'es fais enrobée comme un moule à tarte, dans une alliance diplomatique ?
-Si, c'est le cas.
Le vieil homme soupira si fort, que ses poils blancs s'envolèrent. Aussitôt son animisme avait détint sur la balançoire qui commença à les faire tanguer, doucement.
-Après trois refus de tes cousins ! Trois ! Répéta-t-il, en tapant son index sur sa cuisse. Je te l'accorde, ils ne valaient pas trois clous, mais là, tu t'es fais grossièrement avoir ! La diplomatie dans ces affaires-là, ce n'est jamais bon signe. Tu es sûres, que tu ne peux pas revenir en arrière ?
Laïs n'avait surtout pas envie, de se plier sous les regrets. Elle avait fait des choix et les Doyennes lui faisaient payer les conséquences, pour avoir fait autant de honte à la famille. C'était tout.
-Non, je suis officiellement fiancée à cet homme. Il n'y a rien à faire.
Le grand-oncle et ses yeux d'or étaient à la fois choqués et dépités.
- Un béotien, une brute ! À toi ? Il n'y a que moi, qui voit cet arrangement, comme le pire de tous ? Tu es aussi fragile que du verre, ta peau se colore pour une pichenette. Ma pauvre gamine, avec un sauvage pareil, tu vas finir éclatée comme un miroir !
Laïs soupira. Elle adorait son grand-oncle, mais parfois, il n'avait vraiment pas les bons mots, mais au moins, sa présence la rassurait et son cauchemar commençait enfin à disparaître.
-Les Doyennes ont dû se tromper, mais enfin... c'est du sacré tout de même ! Je te connais, fille, tu as un caractère aussi brûlant que celui de ta mère quand tu t'y mets, tu es charmante comme de la porcelaine, mais tu es... différente ! Lança-t-il effaré. Enfin, on voit à travers ton corps et on te confit à un barbare, c'est de la folie !
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LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔
Fanfiction✑ Le Reflet de Laïs. Fanfiction, La Passe-Miroir par Christelle Dabos. Et si, à la place d'Ophélie, c'était Laïs ? Quelle serait son histoire, son rapport avec le monde, avec Thorn ? Pourquoi Laïs, fait-elle ces étranges cauchemars, qui lui donnent...