Chapitre Douze

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Une "drôle" de mascarade

Embarquée dans son erreur et dans cette mascarade, Laïs perdue toute notion du temps. Elle ne voyait que les bulles pétillantes du champagne, les rires au ralentis, les peaux masquées et les millions de caresses qui se faisaient, délicatement, dans le dos de tout à chacun.

Fichtre. C'était vraiment une mauvaise idée.

Se faufilant, presque discrètement, Laïs priait pour être totalement invisible pour la première fois de sa vie. Elle se glissait contre les murs pour éviter de se faire frapper, à chaque fois que quelqu'un se retournait.

Une odeur de pâtisseries, d'alcool et de chaleur régnait.

Laïs fronça le nez. Ça lui en donnait presque le tournis. Sans qu'elle puisse tout contrôler, on la bousculait quand même. Elle n'avait presque pas mal, elle craignait juste les résultats sur sa peau. Tant qu'elle pouvait cacher son secret, c'était l'essentiel.

Chacun avait ses cicatrices après tout.

Au même moment, une magnifique femme, sûrement une dame du monde, dans son argent et son or, appela un homme au milieu de la foule.

  -Monsieur l'ambassadeur, je vous vois vous faufiler tel un chenapan. Comptez-vous quitter la fête si tôt ? Roucoula-t-elle.

L'invité, l'ambassadeur, se retourna. Il était un bel homme ou plutôt un adolescent, Laïs hésitait. Il avait tout pour plaire, surtout physiquement. Un beau blond, à la peau veloutée et au gibus de travers. Des affaires négligées et des grands yeux bleus.

  -Oui, je m'ennuie Dame Olga.

Même si le visage de Laïs restait parfaitement neutre, dans son for intérieur elle était éberluée. Si elle avait su que quelqu'un d'aussi franc qu'elle existait, elle ne l'aurait pas cru. À sa plus grande surprise, Dame Olga ne s'en offusqua pas tant que cela.

  -Oh ne soyez pas si sévère ! Je ne peux pas avoir le raffinement du Clairedelune ! Vous le savez bien.

Elle fit glisser son éventail sur son épaule, langoureuse. Laïs avait peur de voir cette scène déraper de la plus odieuse des façons.
Mais, au même moment il tourna lentement la tête, comme s'il avait été attiré par un éclat de lumière. Et cet éclat, c'était elle. Laïs.

Elle n'arrivait pas à voir correctement. Elle ne savait pas si c'était les effluves d'alcool, la panique qui la submergeait, la douleur de ses bras, mais elle avait mal. Sa vue était floue. Elle n'arrivait pas à respirer normalement.

Trop de monde.
Trop de monde.
Trop de monde.

Dans sa vision devenue trouble, Laïs voyait le regard de l'ambassadeur se poser sur elle, froncer légèrement les sourcils.

  - Je le sais, entendit-elle de très loin, mais ce soir, je vais être occupé malheureusement.

C'était l'homme qui venait de répondre. De loin. Lorsque la femme lui répondit, Laïs entendit un son déformé, la pièce commençait à tanguer comme un navire en pleine mer. Elle devait sortir sur le champs.

Le parquet partait en diagonale, les rires étaient affreusement amplifiés comme ceux des monstres de ses cauchemars. Non ! Non ! Elle devait partir !

Chancelante, elle courut, le souffle court, comme une noyée qui voulait atteindre désespérément la surface. Elle allait étouffer.

Elle se retrouva rapidement dans la galerie des glaces, tout les miroirs gondolèrent. Elle voyait ses reflets, non... des formes rondes et blanches les remplaçaient. Des oeufs.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant