LE REFLET DE LAÏS ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

Chapitre Vingt-et-un

Argumentation

Le chemin entre les appartements d'Hildegarde et sa chambre partagée avec Berenilde ne fut pas long et sans mauvaises rencontres cette fois.

En revanche la voix moqueuse, un peu ivre de la tante de Thorn lui tomba dessus dès qu'elle ferma la porte bleue ciel du placard aménagé. Que de plaisir.

  - Où étiez-vous donc passée ? Un petit silence. Vous devez rester sous ma vigilance !

Laïs se tourna lentement. Berenilde était là, blonde et étalée sur son lit. Les cheveux détachés, le corset et la robe remplacée par une chemise de nuit de coton qui soulignait les contours de son ventre. C'était elle qui parlait de vigilance alors qu'elle consommait de l'alcool et autres soporifiques dans son état ?

Elle se moquait bien d'elle.

Que devait-elle lui dire ? Lui raconter toute la vérité ?
Par exemple : " Archibald m'a renversé sur le lit, j'ai fais connaissance avec une survivante mécanicienne, j'ai un contrat avec la mère Hildegarde et je suis aller m'expliquer avec Thorn pour... négocier notre sortie rapide du Clairdelune."

Laïs observa le regard vague de la femme saoûle, puis se ravisa. Berenilde n'allait pas retenir autant d'informations dans cet état, autant faire simple.

  -Je suis allée rendre visite à votre neveu.

Cette phrase sembla la réveiller, alors qu'elle se mettait en position assise.

  - Seule ?! S'écria la voix aigrie de la tante Roseline.

Elle sortie dans un coup de vent de la salle de bain. Elle vérifia que Laïs était en un seul morceau. À peut près, l'était-elle.

  - Je vais bien, ma tante.

  - Comment je pouvais le savoir ? S'indigna-t-elle. J'étais coincée comme une serrure avec Berenilde ! Ne refait plus jamais ça, j'ai cru faire une syncope en voyant que tu ne dormais pas dans tes draps.

  - Et puis vous êtes sensée être une épouse. Une femme mariée ne s'échappe pas seule au Clairdelune, ni nul part ailleurs.

Laïs était blasée par ces sermons qui n'avaient pas de sens à ses yeux.

  - Une femme enceinte doit-elle se comporter comme vous ? Quelle que soit votre réponse, je ne le crois pas. Trancha-t-elle.

D'après le sourire en coin de la tante Roseline, elle était d'accord avec elle. Tant mieux. Elle devait disposer les éléments et dormir. Elle était fatiguée.

  - Votre neveu m'a prévenu, nous aurons la protection de Farouk dans un mois. Nous devons rester au Clairdelune jusqu'à l'opéra du Printemps. Cela vous dit quelque chose ?

Berenilde se releva avec l'élégance d'une reine débordée.

  - Bien sûr que je vois ce que s'est. Farouk se mélange avec le Clairdelune et découvre de nouvelles femmes pendant sa venue au théâtre.

Laïs l'observa de ses yeux ternes et de ses paupières lourdes.

  - J'espère que votre Seigneur va vous redécouvrir aussi.

  - Comment osez-vous petite...

La tante Roseline s'interposa.

  - Vous parlez à ma filleule sur un autre ton je vous prie, nom d'un mauvais lustre !

Laïs la remercia avec un sourire et se tourna vers Berenilde. Elle avait autre chose à régler.

  - Madame, qui est le chevalier ?