Chapitre Vingt-quatre

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Permettez ?

Voilà que Laïs se retrouvait à fouiller de long en large et en travers l'opéra familial, angoissée à l'idée de retrouver sa tante en petits morceaux avec une carte postale du chevalier à côté.

Dans sa robe miel et noire, son masque complet devant son visage, ses botillons claquaient sur le marbre. Au loin, elle entendait la foule qui murmurait et applaudissait.

Laïs, sous ses traits impassibles, ses paupières lourdes et ses iris bleu terne, paniquait. Et si c'était vraiment grave ? Et si le chevalier avait fait quelque chose d'impardonnable ? Allait-elle se le pardonner d'avoir laissé sa tante seule avec Berenilde à s'inquiéter pour une stupide pièce de théâtre à chanter ?

Évidemment que non. La tante Roseline était sa première famille dans ce monde déchiré. Les fiançailles et les mésaventures les rapprochaient l'une de l'autre.

Enfin, elle trouva les coulisses, un valet campait devant l'entrée pour éviter toutes intrusions de visiteurs malvenus. Pourquoi Laïs avait l'impression que le chevalier avait fini par entrer par, elle ne savait quel moyen ?

Ses talons craquèrent et le tissu de sa robe chantonna lorsqu'elle s'arrêta devant l'homme en livré.

  - Excusez-moi, je dois absolument voir ma tante.

  - Madame as dû se tromper d'endroit, ici madame est dans les coulisses.

Laïs inspira lentement.

  - Je le sais, ma tante joue dans la pièce auprès de madame Berenilde, je voulais lui rendre une petite visite.

  - Je suis navrée madame, mais cette entrée est interdite au public, ordre de l'ambassadeur.

Flûte, Archibald prévoyait donc tous ses coups à l'avance pour lui mettre à ce point des bâtons dans les roues ? Bien, elle allait le traîner jusqu'ici, si c'était nécessaire. Elle n'allait abandonner sa tante pour rien au monde.

  - Savez-vous où est M. Archibald ?

Le valet haussa discrètement un sourcil, surpris.

  - Il est rentré dans le salon Bleu, il y a dix minutes à peine.

  - Où est ce que cela se trouve ?

  - Tout droit sur votre gauche, madame.

  - Merci.

Sur ce, elle fit demi-tour à pas pressés, de plus en plus nerveuse. Son pouls accélérait, son cœur battait trop fort. Elle se sentait frissonner de ses orteils à son cuir chevelu tandis que son tisonnier se frottait contre sa cuisse.
Elle trouva enfin une porte qui semblait correspondre au nom du salon et pénétra à l'intérieur sans toquer.

La scène était assez... privée.

Laïs aurait préféré ne jamais voir ça.

Archibald était debout devant un canapé, les pupilles dilatées d'un futur plaisir grandissant. En face de lui, assise, une noble était en train de délacer son pantalon avec une lenteur langoureuse, mordant sa lèvre inférieure, gourmande.

Laïs n'avait pas le temps pour feindre le choc et la pudeur. Archibald et la femme levèrent la tête, étonnés.

  - Tiens, Madame Camélia, quel plaisir, voulez-vous vous joindre à nous ? La taquina Archibald avec une oeillade de chat.

Laïs resta parfaitement silencieuse, sans sourire, ni remarques acerbes pour une fois.

  - Nous ne vous avons pas entendu frapper, madame, un problème ? Siffla la femme, agacée.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant