Chapitre Dix-Sept

244 17 1
                                    

Le calorifère

Quelques minutes après, encore bouleversée par la conversation - si elle pouvait appeler cela comme ça- avec Archibald, quelqu'un toqua à la porte de service. La mécanicienne.

Enfin, elle espérait que ce ne soit pas ses premiers assaillants. Ce stratège de cousine devait fonctionner. Juste au cas où, Laïs sortit de sous ses jupons un souvenir du manoir : le tisonnier. Elle l'avait plaqué contre ses cuisses entre l'attache et la suspension de ses bas.

Elle ne pouvait pas s'en vouloir de cette excessivité, après tout elle n'était pas vraiment en sécurité. Ce cacher dans l'intendance de Thorn aurait eu plus d'effets. Heureusement qu'Archibald s'était montré courtois dans ses gestes bavants de luxure, si elle pouvait le dire ainsi. Elle s'était faite surprendre, mais la prochaine fois elle allait frapper.

Elle devait être le faucon.

  - Entrez.

Immédiatement, une femme à peut près la même taille qu'elle, les cheveux noirs et bouclés cachés sous une casquette approcha.

  - Mam'zelle. Lâcha-t-elle avec un fort accent. Ça caille ici, c'est votre calorifère qui fait des siennes, je le sens tout de suite.

  - Oui.

Immédiatement elle traversa la pièce avec ses chaussures sales et sa salopette tachée. En passant à côté d'elle, la mécanicienne lui lança un regard coupé. L'un bleu électrique, l'autre noir charbon sous une lentille.

Laïs s'occupa de natter ses cheveux défaits tout en réfléchissant à toute vitesse. Elle avait besoin d'une aide.
Elle devait essayer de tirer ses épingles du jeu.

  - Excusez-moi... vous travaillez ici depuis combien de temps ?

La mécanicienne sortie une grosse malette, avec toutes sortes d'outils : clefs, boulons, vis, réservoir d'huile, pièces de rechange, ressorts...

  - Environs vingt-ans. J'ai commencé jeune, dit-elle évasive.

Vingt-ans ? Elle devait bien connaître les lieux alors. Laïs posa son tisonnier sur le lit. La mécanicienne de l'avait pas raté.

  - Drôle d'arme pour une Lady, s'amusa-t-elle tout en fixant une barre de fer tordue.

  - Juste au cas où.

La mécanicienne râcla  brutalement sa gorge, moqueuse.

  - Vous n'êtes que la cousine de la fiancée de ce grand manche à balai d'Intendant, non ? Vous n'avez rien à craindre ou je me trompe ?

Elle se tourna brutalement vers Laïs et ses yeux vairons la transpercèrent de par en par comme des petites aiguilles. Elle décida de ne pas lui dire la vérité. Après tout elle était une domestique du Clairdelune : donc d'Archibald  et de tout ses potentiels ennemis.

  - Effectivement. La mécanicienne leva un sourcil à cette réponse, dubitative puis Laïs reprit. M. Archibald est-il un bon maître pour vous ?

  - Je ne sers pas le blondinet.

Laïs fut surprise un moment, intérieurement.

  - Qui servez-vous dans sa propre maison, alors ?

  - La Mère Hildegarde, l'architecte qui manipule les espaces pour donner à ce tas de graisse - elle désigna l'ambassade dans son entièreté - un semblant d'épreuve pratique et de forme. Sans elle, tout s'écroulerait.

Laïs fronça les sourcils, elle ne se souvenait pas d'un tel pouvoir dans les livres qu'elle avait lu. Cette femme serait-elle en train de lui mentir ?

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant