Chapitre Six

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Le départ innatendu

Laïs n'avait pas dormi de la nuit, pour deux raisons : premièrement, elle avait mit du temps à décolérer bien malgré elle et deuxièmement, Thorn n'avait cessé de faire les cent pas dans la chambre du dessus. Celle-ci appartenait à ses petites soeurs - Domitille, Léonore et Béatrice - mais pour les convenances, sa mère avait fait aménager leur chambre pour Thorn.
Ce qui faisait, que la pièce où Hector et elle sommeillaient d'habitude était un véritable cataclysme naturel d'oreillers, de couvertures et de pyjamas.

Laïs avait fini par s'endormir à partir du moment, où l'aube pointa son nez, jusqu'à ce que le soleil toucha midi, tout là-haut dans le ciel.

À son réveil, elle sentit que son corps n'était pas habitué à un tel décalage. Lorsqu'elle se mit en position assise - ses cheveux se coincèrent sous son fessier - elle remarqua que le nouveau "dortoir" était vide. Ses petites soeurs et Hector étaient tous partis à l'école. Sans ranger, sans doute pour ne pas la réveiller. Mais après tout, lorsqu'elle était endormie, elle était une véritable enclûme. Alors peut-être, avaient-ils juste pas voulu faire de rangement.

Elle n'avait pas fait son habituel cauchemar, mais un sentiment de malaise lui encrassait les veines. Alors qu'elle se levait, roulait en boule les couches, pliait les draps et entassait les oreillers, elle répondait aux interrogations qui dansaient dans son esprit.

Bon, elle s'était fichtrement fait avoir, mais ce n'était pas la fin de son monde, non plus. Certes, elle était sujette au bannissement, elle ne pouvait plus protester, ni demander de l'aide à Thorn pour arrêter ces épousailles. Et puis d'ailleurs, ce géant ne voulait rien savoir, il la traitait comme une gamine incompétente. Pourquoi était-il aller chercher une épouse aussi loin ? Pourquoi lui ? Laïs n'en savait rien, mais elle allait le découvrir. Elle devait parler de ses suspicions à quelqu'un : les Doyennes avaient élaboré quelque chose de louche. Peut-être, au grand-oncle ?

Thorn ne semblait pas vouloir d'elle et donc elle non plus, par la même occasion, cela promettait d'être compliqué. Elle s'était résignée à un mari qui s'éverturait à lui faire la cour, au lieu de ça, elle se retrouvait avec un individu grossier, sur les bras. Elle soupira en faisant son lit. Plus elle s'occupait l'esprit, mieux c'était.

En clair, elle était soumise à un mariage de convenance, comme toutes les jeunes femmes d'Anima, mais son fiancé était un homme du Nord. Cela faisait toute la différence. Elle allait devoir s'habituer à une coutume et un monde qui n'était pas le sien, aux côtés d'une personnalité qui faisait aucun effort pour la mettre à l'aise.
Oh et puis, fichtre ! Elle avait une semaine pour réfléchir posément et s'adapter, c'était l'essentiel.

Au même moment, son ventre gargouilla. Elle avait bien envie de brioche et d'oeufs au plat. Tout le monde devait déjà être réveillé. Elle passa devant le psyché, pour récupérer sa couverture en patchwork mauve, mais s'arrêta devant son reflet.

  -Nom d'un écrin...murmura-t-elle.

Un rayon de soleil, éclairait autant sa silhouette, que la poussière à côté d'elle. Sa chemise de nuit apparaissait comme transparente et sa peau encore plus. Mais le plus inquiétant restait les dizaines d'eccymoses bleues et violettes, comme des étoiles, le long de ses bras et de ses cuisses. Bouche bée, elle se demanda comment cela avait pu arriver. Se tortillant dans tous les sens, elle resta sans voix, devant ces cieux nocturnes, qui la faisaient grimacer à chaque toucher.

Sa peau hyaline les laissait voir parfaitement, ils étaient les seuls bleus consistants sur son être, avec ses vêtements. C'était forcément pendant sa course au parapluie. Elle ne voyait pas d'autres solutions. Elle regarda son poignet. Là où Thorn l'avait rattrapé, avant qu'elle ne se fracassa dans les escaliers, était d'un bleu, presque noir. Laïs avait l'habitude, cela ne lui faisait pas si mal, mais c'était toujours surprenant de voir comment son épiderme était fragile...comme un miroir.
Elle soupira, s'enveloppa dans son patchwork, ses chaussons et plongea dans le psyché comme de l'eau pur.
Directement, elle se retrouva dans la glace de l'entrée.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant