Chapitre Seize

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Le château nocturne

- C'est absolument grotesque ! Balança la tante Roseline avec raideur.

Berenilde, la tante Roseline et elle se trouvait dans l'Antichambre, l'ascenseur qui menait au niveau supérieur du Pôle : la grande société, l'avant-goût de la cour se trouvait dans la Citacielle d'après les livres.

Mais Laïs n'était pas sotte, elle savait que c'était un nid d'horreurs, comme disait Thorn "Un nid de manthe-religieuses". Laïs allait devoir faire extrêmement attention.
Bien sûr, elle avait n'allait pas rester sans rien faire. Elle avait bien l'intention de trouver ce que lui cachait Thorn ou Berenilde.

En attendant, Laïs la fusillait du regard. Elle n'appréciait toujours pas cette belle femme au regard glacial, même si elle la prenait en considération pour son état. Elle savait que toute l'attention serait rivée sur elle. C'était tant mieux.

En attendant, elle était juste Mme Camélia et elle devait mentionner autant que possible M. Camélia pour éviter les ennuis.

Quant à la tante Roseline... Berenilde lui avait attribué un rôle qui l'agaçait fortement. Elle devait être sa domestique, sa dame de compagnie spécialisée pour ses talents de sage-femme. C'était vraiment de l'humour noir pour la veuve qui n'avait pas eu d'enfants elle-même.

- N'oubliez pas, vous devriez perfectionner vos " Oui, Madame" dès maintenant, sussura Berenilde. Votre accent doit être aussi silencieux que notre chère cousine animiste fidèle avec son époux resté - malheureusement - sur Anima.

Laïs se renfrogna. La vieille dame dans sa robe noire serrée jusqu'au menton fit la moue.

- Oui, Madame, grinça la tante. Mais n'oubliez pas qu'en privé je ne m'âcherai pas mes mots, que ça vous plaise ou non !

- Ne vous inquiétez pas, ma chère, ne vous inquiétez pas. Répondit à la place la voix gâteuse de Catherine.

Bien sûr, Berenilde avait emmené sa mère, qui ne pouvait pas rester seule au manoir.

Laïs était partie dans ses pensées. La dernière fois qu'elle avait vu Archibald, elle avait explosé une dizaine de miroirs, puis il avait décidé de ne rien dire dans le salon rouge. Après, il pouvait très bien changer d'avis comme bon lui semblait. Elle n'était pas sûre que Thorn soit ravi de sa rencontre fortuite avec l'ambassadeur.

Quelques minutes plus tard, les portes s'ouvrirent sur une salle des pas perdus. Carrelage en damier, nobles aux allures effeminées, ton haut perché, accessoires plus ridicules les uns que les autres.

À l'entrée des quatre femmes, les aristocrates s'arrêtèrent dans leurs activités et levèrent un regard acerbe sur la Favorite et la cousine animiste, dont la rumeur courrait déjà les couloirs.

Laïs sentit une pression immense lui tomber sur les épaules. Elle était bien contente d'avoir la moitié de sa peau cachée par sa robe prune, ses bas noirs et ses cheveux bien remontés en chignon sous son canotier difficilement épinglé. Thorn avait raison, cet endroit semblait vicier de venin.

Laïs imita Berenilde, qui la tête haute offrit des sourires hypocrites, avec une élégance qu'elle seule pouvait effectuer, alors que la tante Roseline traînait la grand-mère juste derrière.

Elle remarqua des chiens gigantesques à la fourrure qui attendaient avec leur maîtresse. Des jeunes filles et des jeunes hommes qui semblaient encore en pleine adolescences. Quel était cet endroit ?

À peine arrivèrent-elles au milieu de la salle qu'un majordome franchement effrayant arriva vers elles avec un sourire avare.

Laïs se demandait bien dans quoi Thorn avait accepté de la laisser.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant