trente-quatre

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Les iris éteintes de l'étincelle de ma réflexion, les épaules aussi pesantes que mes jambes ankylosées, je traversais la route pour atteindre le bon arrêt de bus. Je ne savais pas quelle heure il était mais la lumière tardive du jour m'assurait que le dernier n'était pas encore passé; c'était tout ce qui comptait.
Mes pupilles ne frémissaient plus de curiosité, observant espiègles le décor et ma tête me faisait mal, lourde, résonnante de mots ainsi que de phrases que je ressassais encore et encore.

Il n'y avait personne. J'ai dû manquer le premier bus et c'était tant mieux, car au moins je serai entièrement seul dans le prochain.

Des questions me vinrent à l'esprit. Des questions que j'aurais sûrement dû poser à Mark concernant le fonctionnement de la meute pendant que j'en avais l'occasion. Mais non, au lieu de ça il avait encore fallu que je ne m'intéresse qu'à son cas isolé, que ma compassion surgisse encore, là où elle ne devrait pas.
Il avait fallu que je me mette à éprouver de la sympathie pour cet être à qui n'était destiné que de la haine; et il s'agissait peut-être exactement de ce qu'il voulait de moi.

Je devais m'asseoir, je contournai alors la paroi de verre de l'abri de bus et découvris avec stupéfaction quelqu'un assis au sol à l'intérieur. Il leva la tête vers moi, son expression n'affichait aucune émotion, son regard cependant trahissait l'impatience d'une certaine attente. Une impatience bleu nuit. Il ne se leva pas, je ne m'assieds pas et demeurais debout adossé à la vitre, face à lui.

-Tu as manqué le premier? demandai-je alors qu'il s'apprêtait à baisser la tête.

Il répondit par la négative, griffonnant le dos de sa main.

-Il m'est passé devant, mais je suis pas monté. avoua-t-il, ne pouvant cacher son demi sourire.

Je fis quelques pas en avant et m'assieds à mon tour en tailleur sur le sol, face à lui, dont la jambe droite étendue frôlait ma cuisse. J'avais compris.

-T'as bien fait de te ramener maintenant; cinq minutes de plus et j'aurais fouillé le lycée.

Je ris, d'un rire sec, mais nécessaire, encore trop habité par ce qu'il s'était passé dans les toilettes du lycée après les cours.
Après... Donghyuck.
Je jetai un coup d'œil à ma montre sur mon poignet, m'indiquant que le prochain bus passera dans vingt-cinq minutes.

-Si tu avais fait ça, tu te serais pris une heure de colle. tentais-je de répliquer alors que mon esprit n'y était pas du tout. Voire plus.

Et dire que pendant plusieurs dizaines de minutes, je m'inquiétais inconditionnellement pour la situation de laquelle Mark était prisonnier depuis son enfance. Compatissant envers ce qu'il subissait quotidiennement et le sort qui lui était réservé.
Et tout ça sans penser à ce que lui faisait subir à Hyuck, ainsi qu'au sort qu'il lui réservait.
Quel imbécile.

-Je sais. Rien à cirer.

Je relevais la tête vers Jeno et lui sourit, absent mais plus pour longtemps. Réalisant qu'il me portait toute son attention et qu'il venait de m'avouer ne pas craindre les conséquences s'il s'agissait de me retrouver; je faisais une erreur en pensant à autre chose.

Il allait falloir que j'ai une nouvelle altercation avec Mark; objective cette fois-ci. Mais pour l'heure, mon esprit devait être concentré sur ce qu'il y avait devant mes yeux.

Alors que je venais de m'en rendre compte et lui l'avait remarqué depuis longtemps, je jouais inconsciemment avec sa ceinture trop grande pour faire passer le temps. Il l'avait serrée et la partie en trop s'était échappée des boucles de son jean. Il ne m'avait rien dit et ce n'était que lorsque arriva le bus que je m'en étais honteusement rendu compte.

Last Row || nominOù les histoires vivent. Découvrez maintenant