trente-sept

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Pas même une grimace, ni un juron ou un soupir lorsque j'inondai son dos de liquide désinfectant, de l'alcool pour être franc. Dans mes souvenirs, à chaque fois qu'une goutte de cette puissante substance entrait en contact avec ma peau égratignée, je pleurais comme l'enfant que j'étais. Lui non, alors que son cas était bien pire que tout ce que j'avais pu subir jusqu'ici. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher d'être minutieux, ma maladresse pouvant m'amener à faire un faux mouvement pouvant possiblement empirer la situation.

-Dis moi si je te fais mal. dis-je en épongeant les restes de sang dans la plaie sèche, à voix basse.

Il marmonna et je continuais mon œuvre, prudemment afin de ne pas causer de nouveau le saignement. Ce fut un succès même s'il devait ressentir une certaine douleur qu'il taisait, aussi résistant soit-il, j'en étais certain. Au moins, son corps n'a pas rejeté l'encre noire du tatouage et les plaies qu'il s'était lui-même infligées étaient à présent propres et moins susceptibles d'être douloureuses ou dangereuses une fois pansée. Cependant, la dernière d'entre elles me semblait encore plutôt fraîche et risquerait de se remettre à saigner en plus d'être profonde. Je jurai; j'aurais besoin de la refermer un minimum avant de la panser.

-Un souci? tenta-t-il de demander en tournant légèrement la tête.

-Ne bouge pas. répondis-je en replaçant sa tête dans l'axe, son regard croisant le mien dans le miroir face à nous, gardant mes mains sur ses joues. Juste que je n'ai rien pour recoudre la plaie et tu risques d'avoir mal si je la panse ouverte... alors je ne sais pas quoi faire.

J'étais ridicule, appuyé contre le mur dans la baignoire presque à genoux face à son dos à lui, assis sur le rebord de la baignoire. Au moins, son sang ne coulait pas sur le sol et j'évitais de le laisser couler jusqu'à l'élastique de son short. Mais je gardais mon sérieux et lui ne devait sûrement pas avoir envie de rire à cet instant.

-Panse la; j'ai jamais cherché à recoudre le autres.

-Justement, j'aimerais qu'elle ait une meilleure mine que les autres. plaisantai-je en attrapant le scotch pharmaceutique. Bon, je vais la tenir fermée avec du scotch micropore et la panser ensuite.

Je commençai déjà à découper les morceaux de scotch, concentré, et certain que cela allait réussir.

-Du scotch? rit-il, curieux.

-Tu préfères des épingles à nourrice peut-être, j'en ai aussi. répondis-je sur le même ton ironique sans me distraire de mon ouvrage.

Je saisis l'un d'entre eux alors que je rapprochai les deux versants de l'entaille avant de les fixer ensemble. Il ne grimaça pas, se retenant de rire à ma précédente remarque afin d'éviter de me faire manquer de précision pendant que je réitérai l'action avec les quatre autres scotch et terminai de panser l'ensemble de la blessure. Il était réellement tard, car cela m'avait pris énormément de temps à stopper le saignement après avoir retiré le premier pansement et désinfecté la plaie; heureusement, ma mère avait toujours de l'eau oxygénée à laquelle j'ai enfin trouvé une utilité. Ses vertus coagulantes m'auraient sauvé la vie.

-C'est bon; évite juste de trop t'étirer. conseillai-je en enjambant le bord de la baignoire. Tu veux un antidouleur?

Sans me quitter des yeux alors que je ramassais les cotons emplis de sang dans la baignoire, il répondit discrètement par la négative, m'assurait que le désinfectant avait entre autres anesthésié la blessure. Je rinçai la baignoire, laissant évacuer le sang de cette dernière ainsi que celui sur mes mains. Avec une plus grande attention, je jetai un coup d'œil à mes mains sous le jet d'eau froide. Elles étaient roses, chaudes, tremblantes, mais je me sentais bien; et lorsque je reconnus mon propre visage dans le miroir, il était lui aussi rosi par un j'ignorais quoi. Peut-être de l'embarras? Pourtant, j'étais concentré, trop pour en ressentir.

Last Row || nominOù les histoires vivent. Découvrez maintenant