Ecrire

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Ecrire, pour que les maux informes prennent forme entre les lignes, parfois à s'y perdre, parfois s'en libérer. Ecrire c'est sûr, pour que mes pas restent toujours alignés quelque peu dans les traces des faiseurs de merveilles, des conteurs de Beauté. Ecrire, tu sais, parce que c'est parfois ces mêmes lettres, ces mêmes sens, qui m'ont sauvé.

Ecrire parce que le Laid peut être enrubanné de douceur, écrire pour que du mal, il puisse germer des fleurs. Ecrire, pour que la vie rime à quelque-chose. Ecrire pour jalonner quelques-uns des chemins invisibles qu'on emprunte, en laissant des pensées qui resteront après la fin : écrire pour affronter la mort, pour que l'éternel reste quand le cœur lâche.

Ecrire surtout pour partager les encres qui fuitent presque imperceptiblement souvent de nos yeux en sueur : pour dire au frangin d'après comme à la sœur juste avant : nous ne sommes plus seuls.

Ecrire pour défendre les valeurs qu'ils défendaient avant nous : l'amour bien sûr, pour l'Un et pour les autres, la force du Sincère, la puissance de l'Honnête.

Ecrire comme on respire pour ne plus étouffer.

Ecrire l'éphémère, pour le rendre éternel.

Ecrire pour militer, contre les abus et les horreurs, écrire pour conjuguer à nouveau Être et Humain.

Ecrire pour que ce ne soit pas un mirage. Pour réfléchir. Pour stocker quelques pensées. Pour dire « Je t'aime » sans jamais se lasser. Pour adorer l'amour, jalouser la vie et insulter la mort.

Ecrire pour dessiner des lignes d'espoir. Ecrire pour transmettre. Combattre. Pour effacer, puis écrire à nouveau. Pour désirer.

Ecrire pour que tout soit possible : anéantir le Monde de sa réalité et s'en évader – ou la raconter.

Sûr, écrire pour raconter. Raconter pour partager. Partager pour exister. Exister pour vivre.
Vivre pour écrire, et écrire pour vivre.

Ecrire, pour se raconter, soi, dans une réalité autre.

FoliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant