Fardeau

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Des rages au bord des lèvres pour en non-sens
Dire à mon Autre combien il est immense,
le vide qui devient plus gros,
Dans le palpitant de Fardeau.

« Fardeau petit caprice a l'œil de l'envie,
Se voudrait la magie que font les poésies.
C'est pourtant le désir qui se déréalise,
Car le Fardeau c'est le mouvement qui s'enlise.
Il s'en va, Fardeau, peser sur d'autres épaules
D'être incapable de jouer son propre rôle ;
Il fait Fardeau, lourd au profond des mains d'autrui
D'y porter le souffle qui lui donnerait vie.
Fardeau stupide il croit donner quand il arrache
il se veut tant tout embellir qu'en fait il gâche :
Des tâches au tableau, Fardeau fait pas bon peindre,
Ah ça, Fardeau c'est sûr est bien meilleur qu'à geindre.
Fardeau colère et la rage pour son prochain,
Son monstre tapis dans les plus sombres recoins.
Fardeau toujours aux abysses de l'ennui
N'a le cœur qu'au gris de la pluie et à la nuit,
Aux larmes pleurantes du ciel désabusé
Et aux tourments creux de son âme torturée.

Fardeau Folies qui pue le parfum des égouts,
Fardeau suicide au bord de ses lèvres dégoût,
N'a pas le courage de se r'garder en face.
Jamais où on l'attend, toujours à la ramasse,
Déchiré par endroits, abîmé dans le corps,
Fardeau surtout qui pue la mort.
Fardeau toujours du temps qui passe et qui s'enfuit,
Court dans le courant du cours des mélancolies.
Mais il se noie, Fardeau, le poumon qui s'arthrose,
Il coule, Fardeau, dans le bruit sourd qu'il s'impose.
Fardeau les mains pleines de crasse
Plus il en d'mande plus il s'efface.

Dans les mains des échecs Fardeau a grandi
Et il ne sait plus bien comment faire l'infini
Dans le regard du futur des tristes absences
Ou quand aimer n'est plus qu'affaire de patience.
Il est lassé Fardeau, impatient des jolis jours
Qui fleurissent sous les pieds des tapis de velours.
Quand viendront-ils ? il les attend depuis longtemps !
Sans jamais n'en avoir pu voir venir pourtant.
Fardeau les griffes qui se déchirent sur les murs,
Fardeau le poids des écorchures sous l'ossature,
L'a pas bien vu le jour dans sa tour de cristal,
Que la promesse des supplices de Tantal. »


Et toi tu sais, t'es entrain d'faire du mal à mon Fardeau. Il avait pas besoin de ça, lui qui donnerait sa peau toute entière pour du rien qu'un peu. Il a besoin de toi, Fardeau, il a besoin de toi avant de plus y croire. Parce qu'il se lasse, Fardeau, du temps qui coule comme des larmes qui ne savent où s'échouer, du temps qui menace comme on craint de s'écrouler, le dos brisé par des poids lourds qu'on a porté pour trop de pas grand-chose. Il veut tout te donner pour tout avoir, Fardeau, il veut brûler la vie avant qu'elle le r'froidisse, il est gelé Fardeau il va mourir, il veut avoir connu la flamme avant que tout s'éteigne.

Et toi tu sais, tu le prives Fardeau, de ses espoirs et de ses rêves. Tu lui donnes des promesses où il voudrait du réel, tu lui peins des dessins s'il veut sentir la matière. Tu l'illusionnes, Fardeau, à lui offrir la verdure de la plaine promise derrière d'abord, les pics de roches au bout du désert. Car oui gravir l'échec mais pour y trouver quoi ?

Il a des doutes, Fardeau, qu'il porte en baluchon sur l'épaule, blindé d'aspirations nobles et d'angoisses associées. Fardeau se lasse des horizons qui ne se rapprochent jamais, de ses bouts de doigt qui ne saisissent rien – pas même le trois fois rien, de tendre sa main à qui la mord, de mordre le sein à qui l'affame.

Fardeau il craint les écorchures que lui réserve le futur, pas serein Fardeau il a besoin d'être sûr pourtant, Fardeau sait bien que les seules certitudes fiables, c'est qu'il n'en existe aucune. Et ça tourne dans sa tête, en écho, en boucle, dans toute sa désharmonie la Folie gronde sans cesse, résonne dans l'encéphale de Fardeau. Tu sais, si tu le laisses agenouillé ainsi au milieu des ténèbres, il partira Fardeau, dans les abysses de ses névroses, dans l'exergue de ses tourments enfouis ; il les laissera exploser, Fardeau, les cris qui rongent sa gorge. Il libèrera la damnation qui le guette depuis sa tendre enfance. A ses côtés seulement ne resteront que les flammes d'une rage trop longtemps contenue ; il brûlera ce qui lui tient la laisse, comme il en a brûlé bien d'autres avant. Fardeau le feu s'il le faut saura des chairs faire la poussière.

Parce qu'il a les crocs, Fardeau, parce qu'il bouffera tout ce qu'il peut avant de ne plus pouvoir. Parce qu'il a faim avant la fin, Fardeau, le ventre famine des plaisirs qu'on dévore il se refuse Fardeau à sacrifier ce qu'il voudrait avoir. Il aura sa revanche, Fardeau, elle lui rendra tout ce qu'elle lui a pris, la vie. Il la fera payer, Fardeau, il se l'est promis. Il l'aime autant qu'il la maudit, l'Insupportable Nécessaire, il se vengera en l'avalant toute entière, la vie, il aura ce qu'on lui interdit, Fardeau : la royauté du cœur plein, le chagrin du conquérant qui a tout conquit et la fierté de l'empereur dont l'empire est bâti. Il aura le divin que nous font les amours quand ils veulent bien briller. Il s'accroche, Fardeau, au bord du précipice, la pendaison à tes lèvres. Et enfin au sommet des victoires, il verra alors Fardeau, qu'il ne lui restera plus que tout à perdre.

Le Fardeau tout d'abord qui prend de l'altitude,
Fardeau lesté par le surpoids des lassitudes
Qui viennent reprendre leurs droits. Fardeau retombe,
Fardeau sûr, au plus loin du plus profond des tombes
S'en retourne poussière
Dedans la terre mère.

FoliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant