Ma Mélancolique

62 2 0
                                    

Ici : petite coquille sur bout de planète,
Affolée et perdue : fait quoi de son squelette ?
Déshabillée de peau et bien plus que chétive,
L'état à la limite d'une écorchée vive,
Vidée en de ces creux qu'elle ne se savait pas,
Elle se découvre fragile au milieu du combat.
C'est celui de vivre ! sûrement le plus tragique,
De vivre la mort au cœur ; ma Mélancolique,
Elle était si belle comme perle à tes prunelles !
En saphirs ainsi étincelante, de merveilles frêles
Se faisait, innocente, ta compagne joyeuse.
Mais ma Mélancolique, aux journées pluvieuses
Elle regardait le ciel pleurer ton visage maussade.
Et elle céda ! Soudain ! face à tes envies fades,
Délires au goût de rien ! Pas même pour un sanglot
N'auraient su faire battre la fleur de sa peau.

Ma Mélancolique, elle a la gueule de ton sourire,
Et la pluie dans son regard, et l'envie de mourir
Mais pour revivre seulement ces quelques promesses...
Ma Mélancolique elle se joue de mes faiblesses.
Elle plonge dans les ténèbres pour y voir la lumière,
Joue du couteau d'abord puis crache dans mes artères,
Ma Mélancolique folle, se nourrit de mes addictions,
Elle aime courir jusqu'en crever après des illusions,
Elle fuit les odeurs saines, les requiem, les messes,
Ma Mélancolique elle prie surtout qu'on prenne ses fesses.

Aux ordures à minuit, Princesse ne r'viendra plus
Mais moi tu vois, ben j'voulais pas l'avoir perdue !
Alors on danse tout seul quand le soleil prend son repos,
Ouais sous la lune on danse... quelques derniers tangos.

Ma Mélancolique elle répète pour toujours les adieux,
Et elle s'en vient pisser des larmes dans mes yeux,
Elle donne du sens à mes Folies qui prennent l'envergure
Je crois bien putain ouais, celle de mes Écorchures.
Ma Mélancolique, elle grave sur mes déraisons
Les quelques belles lettres qui assemblent ton prénom.
Elle guide ma plume, me supplie en prenant ma main
De lui dépeindre encore le plus beau des Alexandrins.

Mais ma Mélancolique, j'ai troqué Poésie
Contre les larmes, et les pleurs, et les cris,
Contre l'absence des douze coups du vers
Qui faisaient palpiter chacun de mes nerfs.
Lasses de s'embrasser les rimes se délacent,
Et c'est alors mon Alexandrin qui s'efface.
Ma Mélancolique, qu'est-ce qu'il nous reste ?
Des chansons passées et sa vieille veste,
La pureté de la plume, la chanson du temps ?
Ma Mélancolique, plus même nos rêves d'enfants.
Mais putain, qu'est-ce qu'on a bien pu faire ?
Quelques jetées de rage, un éclat de colère
Et c'est soudain l'amour – non ! la vie toute entière !
Qui s'en va dans l'oubli et les terribles mystères.

Mais ma Mélancolique, tu vois bien là qu'on délire !
De nos Plus-Rien, qu'est-ce qu'il nous reste à dire ?
Nous sommes seuls de nouveau, et le Jamais-Venu
Je crois bien, Ma Mélancolique, ne s'en viendra plus.
Alors ma douce, allons ! nous réfugier dans la dure !
On s'étiolera les douleurs, on se contera nos fêlures,
Ouais toi et moi seuls face à l'homme dans le miroir,
Ma Mélancolique, il a mon visage et tes yeux noirs.

Il nous ressemble, on a la même couleur à l'âme !
Dieu ce qu'on dirait nous, ce reflet d'ectoplasme !
Hein ma Mélancolique, regarde ses yeux cauchemars,
Cernées d'infinis morts, il a notre air du « Trop-Tard » ;
Celui qu'on porte après mille ans à n'en vivre que vingt
De celui qui ne meurt pas, ou plutôt meurt jusqu'à la fin.
Ouais ma Mélancolique, nous voilà seuls comme d'habitude,
À pleurer du destin je crois surtout ses incertitudes.
L'Inexistant qui pourtant a trôné si longtemps dans nos murs
Ma Mélancolique, n'est plus, semble-t-il... qu'une Écorchure.

FoliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant