Des bouts de pas sur des charbons ardents. Ainsi vais-je, me déplacer au milieu des torrents. Qui donc, à ma place, pourrait lutter contre mon encéphale ? Une psyché étriquée, tordue comme il se doit, cela ne se dompte pas. C'est à la Folie même qu'on voudrait apprendre la raison !? Pourtant, la raison a tort et la Folie a raison, follement raison de donner tort à la raison. Je suis ainsi, abruti, par le poids du cerveau et sous la volonté du corps, je m'immobilise.
Figé en quelques déraisons, je suis au centre de la noirceur ambiante. Le trou noir ne m'a donc jamais avalé ? J'étais tout offert, depuis ma naissance, en offrande aux horreurs qui tapissent mon inconscient. Il porte les folies que je ne connais pas encore, ne m'en laisse qu'un peu, quelques-unes, suffisantes à craindre celles qu'il cache encore. Quoi ne pas fuir ?
Idéaux déchus, contraintes infinies, déception incarnée... n'est-ce pas tout ce qui me décompose ? Pas courageux pour un sou, du fond de ma tour d'ivoire, je tente en vain de nier la fourmilière environnante. Je m'alanguis de tristesse, m'affale dans la Mélancolie, et ne trouve au fait de vivre que la douleur d'être en vie.
Me reste-t-il encore quelques névroses à attacher à mon cou ? J'ai la pendaison au bord des lèvres qui s'échappe en grinçant pour dire la rage à mon prochain. Que suis-je d'autre que l'immondice d'un visage de tristesse ? Sûrement un quelconque monstre d'un mythe oublié, qu'en sais-je ? Qu'importe. Je suis ce que j'ai fait de moi, la résultante de tant d'erreurs et d'effractions mentales. Je n'aurais jamais dû apprendre à me connaître.
J'ai su de moi, l'impossible d'une joie féconde qui donne naissance à d'autres meurtres psychiques et bien plus. La noirceur du terrible tourment de supporter les jours. Le prix des blessures trempées d'alcool et maculées de fumée. L'agonie lente, douloureuse, presque perfide, d'un cœur qui bat jusqu'à ne plus battre et qui, tant qu'il bat, nous force à nous battre jusqu'à ce qu'il ne batte plus.
Le désespoir dans mes veines vient, granule des poussières d'antan, pervertir ce cœur battant. Il est pourri de ce sang acide qu'il pompe sans cesse ! Mais c'est de ce même acide dont je ronge ma vie, jusqu'en percer les barreaux je crois, les barreaux de la prison qui m'évade loin de la liberté.
Pourtant, nul autre que le chagrin vient déposer sur mes épaules alourdies son manteau de glace. Enveloppé ainsi, j'avance à reculons vers l'horizon éteint. Et j'emporte avec moi mes plus tendres folies.
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Folies
PoetryChaque pensée est une folie de plus, et chaque folie est une pensée nouvelle. Ici, je les assemble et de toutes mes folies, je récrie ma Folie. Elle est nombreuse, et, se faisant toute belle, elle vous invite à les connaître... venez donc, mais ne v...