Une vie d'ados : Chapitre 27

142 8 0
                                    

Amel se tenait recroquevillée sur le banc depuis cinq minutes. Jonathan n'avait toujours pas eu son explication et il commençait à s'inquiéter. Sa petite amie semblait réfléchir à toute vitesse.

- Amel ! Tu pourrais me dire ce qui se passe ? Demanda, pour la sixième fois, le jeune homme.

Amel releva la tête et balança.

- Jen a disparu. Enfin, elle ... a été enlevée car ton père a ... Il fait des affaires illégales, Jon'.
- Quoi ? Mais non ! De quoi tu parles ? Jen', va très bien. Elle est rentrée. Répliqua Jonathan, sûr de lui.
- Non. Elle n'est pas rentrée. Elle s'est fait enlevée ! Enlevée !
- Comment peux-tu savoir ça de toute façon ?! S'énerva le jeune homme.
- Matthieu a trouvé une lettre devant votre entrée.

Jenifer ouvrit les yeux. Elle avait un mal de tête pas possible.

- Bonjour ma jolie ! Tu te sens bien ?

Jenifer recula en rampant. C'était qui celui-là ! Il avait les cheveux en désordre et deux dents cassés. Dégoûtant ! La jeune fille toucha du bout des doigts sa tempe gauche. Elle vit avec horreur ses doigts devenir rouge. Du sang ! Ce gars l'avait frappé ! Elle sentit grandir en elle de la colère. Elle se retourna et découvrit deux autres hommes.

- Alors, petite ? Tu te portes bien ? Ricana un des deux hommes.

Jenifer pinça les lèvres.

- Que me voulez-vous ? Demanda-t-elle.
- À toi ? Rien. A ton père, en revanche ...

Jenifer ne comprenait pas. Son père ? Que venait-il faire là dedans ?

- Laissez-moi partir et vous n'aurez aucun problème. Grinça la jeune fille.

Le premier homme éclata de rire.

- Ah, ce qu'elle est drôle, celle-là ! Je l'adore !

Jenifer sentit la haine remonté. Elle se traîna jusqu'à un poteau. Elle avait mal dans le flanc. Peut être s'était-elle cassée une côte. La jeune fille soupira.

- On va venir me sauver. Vous allez voir. Expliqua-t-elle.

Les trois hommes se mirent à rire.

- Te sauver ? Faudrait déjà qu'ils découvrent où tu es ! Rigola méchamment l'un d'eux.

C'est dans ces moments-là que Jenifer aurait voulu avoir à ses côtés Amel, Jonathan, Hélène, Alizée ou ... Matthieu.

Matthieu remuait dans sa main le bracelet de Jenifer. Amel était assise en face de lui, une tasse à la main. Jonathan marchait de long en large. Hélène se tenait perché sur le dossier du canapé.

- On fait quoi ? Demanda Hélène.
- On attend. Répondit Jonathan.
- On attend ? T'es sérieux là ? Demanda Matthieu.
- Tu veux qu'on fasse quoi ? Questionna Amel.
- J'en sais rien ...
- Mon père va régler le problème. Ajouta Jonathan.
- Ton père ?! C'est de sa faute si elle a été enlevée ! J'espère bien qu'il va arranger les choses ! S'énerva Matthieu.
- J'ai une idée. On peut la retrouver. Enonça Amel.
- Quoi ?
- Oui. Regardez ... Donnez-moi le plan de la ville. Continua la jeune fille.

Jonathan alla chercher dans le buffet une carte. Il l'étala devant Amel. Elle prit un stylo et annota quelques points. Elle releva la tête.

- Que disait la lettre, Matthieu ? Demanda Amel.

Le jeune homme sortit un papier froissé de sa poche.

- Silence, obscurité, enlèvement ...Ta fille est à nous, Michel. Amène-nous l'argent et tout se passera bien. Rappelle-toi que la police n'est pas la bienvenue ... Lut Hélène.
- Silence et obscurité. Tout est important. Ils ont dû caché, Jen' dans un endroit sombre et obscur ... Ajouta Amel.
- Un endroit suffisamment loin de la ville pour pas qu'ils soient entendus. Compléta Hélène.
- C'est-à-dire là ou là. Pointa Jonathan sur la carte.
- Exactement.
- On va la chercher ! S'écria Matthieu en attrapant sa veste.
- Pas sans nous ...

Alizée, Grégoire, Patrick et Alexandre se tenaient dans l'embrasure de la porte du salon.

Jenifer regarda chaque homme s'endormir. Elle avait les mains liées mais ses pieds étaient libres. Elle se leva et se dirigea vers la table.

- Hé ! Pas si vite ! Où tu vas comme ça ? Demanda l'un des hommes.
- Je voudrais aller aux toilettes. Expliqua-t-elle.
- Pas de souci.

L'homme l'attrapa par le bras et la traîna jusque dans un coin. Jenifer entra et ferma la porte. Une vieille ampoule, recouverte de toiles d'araignée, éclairée. Il n'y avait aucune fenêtre donc aucune chance de sortir. La jeune fille fixa son reflet. Ses yeux noisette semblaient déterminés à sortir d'ici. Courage Jen' ! Réfléchit. Elle ferma les yeux et respira profondément. Quand elle les ouvrit, elle avait un plan.

Thomas faisait ses bagages. Matthieu et Jonathan l'avaient prévenus pour Jenifer mais le jeune homme ne pouvait pas rester. C'était trop dur. Peut être mais il abandonnait ses amis. Il abandonnait Jenifer. Son amie. Le jeune homme posa un sweat dans sa valise et la ferma. Jenifer avait besoin d'aide et lui, il fuyait à cause d'une histoire de cœur ! Thomas attrapa son portable et regarda de nouveau le message de Matthieu avec l'heure du RDV et les endroits que les jeunes avaient trouvé. Il ne pouvait pas attendre si tard mais il pouvait faire quelque chose.

Jenifer courait dans une coursive. Ses poumons étaient en feu mais pour rien au monde, elle se serait arrêtée. Son plan avait marché à merveille. Elle serra de toutes ses forces, le manche du couteau. La jeune fille arriva à un carrefour. Elle jeta un coup d'œil à droite puis à gauche. Elle hésita et partit à droite. Jenifer redoubla d'efforts. Plus fort ! Criait-elle à ses muscles. Soudain, des doigts l'attrapèrent par le poignet. Quand elle voulut crier, une main se plaqua violement sur sa bouche.

Ayant deux possibilités de sites où Jenifer pouvait être, les jeunes s'étaient divisés en deux groupes. Alizée, Grégoire, Alexandre et Hélène d'un côté et Matthieu, Jonathan, Amel et Patrick de l'autre. Ils devaient agir vers 22 heures.

- Il ne viendra pas ? Demanda Amel.

Matthieu se tourna vers elle, désolé.

- Non. Il part dans un quart d'heure de toute façon. Répondit-il.
- Je sais.

21 heures 30. Dans une demi-heure, Amel entrerait dans cette entreprise abandonnée et elle ne pourrait pas dire au revoir à Thomas ...

Alizée trépignait d'impatience. Pourquoi attendre 22 heures alors qu'ils pouvaient agir maintenant ? Grégoire s'approcha et la tranquillisa. Hélène les regardait avec envie. Quand Patrick avait débarqué, son cœur s'était serré. Tout pouvait arriver, ce soir. Il ne lui avait même pas dit un mot. Sa trahison avec Thomas lui avait coûté cher. Très cher. Peut être ne pourrait-elle jamais réparer ... Hélène fut triste à cette idée. Son portable sonna. C'était son père. Hors de question qu'elle réponde. S'il savait où elle était et ce qu'elle s'apprêtait à faire, il enverrait l'armée à sa poursuite et elle aurait dix gardes du corps jusqu'à la fin de sa vie ! Elle ria en pensant à cette idée. 21 heures 45. Plus que quinze minutes.

Jenifer sentit la peur l'envahir. Elle ne pouvait pas s'être fait rattrapé ! Elle ne voulait pas mourir ici ! Pas de cette façon ! Elle se débâtit contre les mains qui la retenaient prisonnière. En deux secondes, elle revit sa vie défiler devant ses yeux. Sa vie en Corse. Le sourire d'Amel quand elle riait ensemble. Leur amitié si exceptionnelle. Alizée lui faire signe. Hélène chanter et descendre de scène en lui faisant un clin d'œil. Sa première rencontre avec Matthieu. Les sourires qu'ils avaient échangés. Leurs baisers. Leurs disputes. Les encouragements de Jonathan pour qu'elle s'élève contre leur père. Thomas, Robin, Patrick ... Tous ses visages qu'elle connaissait ... Toutes ses personnes qui s'appréciaient et évoluaient ensemble. Jenifer sentit l'air lui manquer. C'était ça. Il l'avait rattrapé et il l'étouffait. Ses poumons étaient pires que tout à l'heure. Elle suffoquait. Pitié ! Retire ta main !

Alizée regarda sa montre. Cinq minutes. Elle fit trois pas vers les autres quand un souffle l'a plaqua au sol. La ferme abandonnée venait d'exploser !

Matthieu cria. Patrick le rejoignit.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il.
- C'est les autres. La ferme vient d'exploser. Si Jen' était là-bas, elle est ... Balbutia Matthieu.

Amel lui prit le visage entre ces doigts.

- Elle n'est pas morte, Matt'. Ils ont besoin d'elle pour faire pression sur son père. Respire. Elle va bien.

Jonathan les rejoignit.

- Si la ferme a explosé, nous n'avons plus de temps à perdre ! S'écria-t-il.

Les autres acquiescèrent. Ils prirent leurs bâtons de fortune et entrèrent dans l'entreprise.

Avez-vous déjà sentit la vie vous quitter ? Le vide et le froid vous prendre à la gorge et ne plus vous lâcher ? Elle, oui, car elle est morte ...

Une vie d'adosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant