Chapitre 16

2.2K 331 11
                                    

2019

-          Bonsoir !  Aujourd'hui, nous bouleversons exceptionnellement nos programmes car nous venons d'apprendre que c'est une affaire débutée il y a vingt-et-un ans et depuis longtemps classée sans suite qui vient finalement d'être réouverte suite à plusieurs très récentes découvertes pour le moins glaçantes.  Nous parlons bien-sûr de l'affaire de la petite Olympe Danewood qui avait ému la France entière.

Nous vous rappelons les faits. L'enfant âgée de trois ans avait disparu durant l'automne 1998 et n'était jamais réapparu malgré les nombreuses recherches dans tout le pays. Mais, contre toute attente, c'est la sœur aînée de la disparue, Océa Danewood, qui a interpellé les enquêteurs il y a quelques jours. En effet sa famille cachait un cadavre dans leur manoir. Le corps d'une jeune femme de vingt-quatre ans, que l'autopsie confirma comme bien être Olympe, morte suite à un traumatisme crânien causé par un violent coup porté à visage.

Océa Danewood a également fait la demande d'exhumation de sa tante morte en 1998: Erica Danewood et il a été découvert avec le plus grand effroi qu'en réalité cette femme a également été assassinée d'un coup violent à la tête et ne s'est pas suicidée comme tous le pensaient! Mais ce n'est pas terminé! Car grâce aux tests ADN il s'est également avéré que Erica Danewood était en réalité la mère d'Olympe et non pas sa tante. Mais alors: où était l'enfant durant toutes ces années? Qui a assassiné cette jeune femme innocente ainsi que sa mère des années plus tôt? Le même mode opératoire, serait-ce donc le même meurtrier? Quels sont les secrets de cette famille si mystérieuse? Le saurons-nous un jour?... C'est ce que nous allons...

*CLAP *CLAP *CLAP

Tous les regards se détournent du petit écran pixelisé et viennent se poser sur Lucile, debout dans l'embrasure de la porte en train d'applaudir d'un rythme régulier et méprisant. En voyant sa sœur, Daniel se lève de son fauteuil, attrape la télécommande et éteint précipitamment la télévision.

-          Cette émission avait l'air de vous passionner, tous autant que vous êtes... alors je vous en prie: continuez de regarder ce tissu de mensonges propagandiste!

Frédérique se lève à son tour et attrape la jeune Anna par la main:

-Viens. Montons.

Mais Lucile se met en travers de leur chemin:

-Pourquoi? Elle a dix-sept ans je me trompe? Elle est assez grande pour savoir que sa très chère cousine qu'elle admire tant vient tous de nous condamner!

Noé ne dit rien et se contente d'observer la scène, ses yeux passant lentement sur les différents protagonistes de la pièce qui se joue devant ses yeux. Daniel pousse un long soupire, les mains crispées et après avoir pesé intérieurement le pour et le contre décide d'insister auprès de sa sœur à laquelle il a toujours été soumis:

-Laisse ma fille retourner dans sa chambre. Elle n'a pas à entendre ça.

Lucile plisse les yeux:

-Pourquoi? Parce que c'est une pauvre gamine fragile qui a perdu sa maman du cancer?

Anna se fige sur place. Sa tante l'a toujours terrorisée de par son physique particulièrement froid et sombre mais surtout à cause de ses gestes, paroles et timbre de voix qui suintent une cruauté particulière. La tension et le silence deviennent rapidement insoutenables dans la pièce et ni Daniel ni Lucile ne se décident à lâcher le regard de l'autre jusqu'à ce que, finalement, Noé se lève du canapé et attrape Anna par les épaules d'une manière réconfortante que la jeune fille reçoit comme une bénédiction du ciel.

-          Son père a raison, il est tard.

Lucile le toise un instant mais finit par leur céder le passage pour les laisser prendre les escaliers grinçants. Lorsque Daniel est sûr que sa fille ne peut plus entendre la moindre parole provenant du salon il s'approche lentement de sa sœur et lui crache au visage les dents serrées:

-          J'ai supporté énormément de choses de toi Lucile. Durant toutes ces années j'ai tout accepté. Tout! Mais je te préviens: ne t'avise plus jamais de parler de ma femme comme tu viens de le faire, encore moins devant Anna. Plus jamais.

Son ton est différent. Emplie de quelque chose qu'elle ne lui connaissait pas: la colère. La véritable colère.

Elle hésite une seconde, se racle la gorge et décide de reporter sa haine sur la seule responsable de tout ce drame à ses yeux: Océa.

-          Pourquoi l'a tu appelée? Pourquoi lui as tu dis pour Olympe? Elle n'aurait jamais dû remettre les pieds ici et maintenant qu'elle l'a fait regarde un peu le résultat!

-          Elle avait le droit de savoir...

-          ET EN QUEL HONNEUR?! ELLE NOUS A ABANDONNÉS DÈS QU'ELLE EN A EU L'OCCASION IL Y A DES ANNÉES! ET MAINTENANT QU'ILS SONT VENUS CHERCHER LE CORPS ILS VONT NOUS ACCUSER ET ELLE EST DE NOUVEAU PARTIE POUR NE PAS SE MOUILLER DANS CETTE AFFAIRE DONT ELLE EST ENTIEREMENT RESPONSABLE!!!

-          Mais non maman... je ne suis pas partie cette fois.

La voix mielleuse d'Océa résonne dans le dos de la femme qui se retourne aussitôt. Frédérique et Daniel sont aussi surpris. Eux non plus ne s'attendaient pas à ce que la jeune femme revienne. Mais cette fois elle n'est pas seule. Elle précède un petit groupe de personnes en uniformes. Des policiers de la brigade criminelle. Deux des hommes s'approchent et attrapent Lucile par les épaules tandis qu'un troisième essaye de la maîtriser pour lui mettre les menottes.

-          Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous faites?! Vous n'avez pas le droit! Lâchez-moi! Lâchez-moi immédiatement!

-          Lucile Danewood vous êtes à partir de cet instant en état d'arrestation pour dissimulation d'un cadavre dans votre maison ainsi que double homicide sur les personnes d'Érica et Olympe Danewood. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous dans un tribunal. Vous avez le droit à un avocat. Si vous n'avez pas les moyens il vous en sera commis un d'office.

Les trois agents traînent la femme en dehors dans la maison pour la forcer à monter dans le fourgon tandis qu'un quatrième lui lit ses droits. Mais elle résiste, elle se refuse à être ainsi traînée dans la boue comme ils sont en train de le faire.

-          OCÉA! DIS QUELQUE CHOSE! NE RESTE PAS SANS RIEN FAIRE!!!

La jeune femme regarde attentivement sa mère avoir enfin le sort qu'elle mérite et, avec un petit sourire dessinant le coin de ses lèvres, répond sereinement :

-          Mais je ne reste pas sans rien faire mère. Regardez: j'ai réagi. Je protège cette famille désormais: je la protège de vous.

Olympe et l'attente des corbeaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant