Derrière Le Masque

5.

Marinette se réveilla une troisième fois. Elle avait dû beaucoup bouger dans son sommeil car sa couette était complètement par terre. Elle la remit correctement puis regarda autour d'elle.

Il faisait nuit.

《Mon sommeil ressemble à du gruyère, en ce moment》se dit-elle.

La jeune fille savait qu'à travers ses rêves perturbants, son subconscient tentait de lui faire passer un message.

Quelque chose d'important, de très important, mais que son cerveau refusait d'admettre.

《Je passe à côté d'un détail. Qu'est ce que j'oublie ? Qu'est ce qui m'échappe ?》

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas le jour se lever et finit par se rendormir, alors que le soleil était haut dans le ciel.

Elle se fit réveiller par un bruit étouffé.

"Boum, boum, boum "

Il y eut un "clic", puis des bruits de pas.

Une main douce et chaude prit la sienne, et une autre caressa ses cheveux.

Marinette ouvrit les yeux.

-Maman, papa, balbutia-elle d'une voix pâteuse.

Ils lui sourirent, mais elle vit qu' ils avaient les traits tirés et que des cernes violettes encadraient leurs yeux fatigués.

- On s'est fait beaucoup de souci pour toi quand on a vu que tu ne rentrais pas après l'attaque du papillon, puis ensuite cet homme nous a appelé et nous a dit que tu t'étais faite renversée par une voiture, et qu' il te soignait. Cet appel nous a encore plus alarmés car l'homme ne s'est pas présenté, qu' il ne nous proposait pas de venir te voir ni de venir te chercher et il ne nous a pas donné d'adresse ! Il ne répondait pas non plus quand on le rappelait, nous étions morts d'inquiétude ! Sanglota sa mère.

- Ne t'inquiète pas maman, la rassura Marinette d'une voix douce. Carapace et Rena Rouge, les nouveaux super-héros qui aident Ladybug et Chat Noir, m'ont sauvée ! Je vais bien.
Je ne me souviens pratiquement de rien depuis l'accident jusqu'à hier. Je crois que j'étais inconsciente.

Ses trois dernières affirmations étaient fausses.

Ah, comme c'était compliqué de devoir mentir sans arrêt à ses parents !

Elle aurait simplement aimé se jeter dans leurs bras et tout leur confier.

Bien sûr, elle était extrêmement fière de sauver Paris en tant que Ladybug, mais les responsabilités étaient lourdes, et comme c'était la première fois qu'ils avaient été blessés, elle était inquiète.
Enfin, Carapace et Rena Rouge étaient là, à présent.
Elle n'avait pas à s'en faire.

Ils passèrent l'après midi à ratrapper le temps perdu en famille, puis la jeune convalescente fut autorisée à renter chez elle.
Ouf !

Après des semaines d'action, de peur, de douleur et de tension, elle allait enfin renter chez elle, retrouver la quiétude de sa chambre et la douceur  de ses draps au parfum floral ( cela changerait de l'odeur de désinfectant qui piquait le nez ).

Quand elle arriva dans sa chambre, Tikki l'attendait, assise sur son oreiller.
Elle la salua chaleureusement, très heureuse de la retrouver.

Bien qu'elle eut passé la journée au lit, Marinette tomba comme une pierre sur son matelas moelleux et s'endormit aussitôt, sans avoir soupé et toute habillée.

Elle fut réveillée dans la nuit par un sifflement aigu.

Elle se redressa vivement, prête à parer une nouvelle attaque, mais le bruit provenait simplement de Tikki qui ronflait.

Décidément, elle devenait vraiment paranoïaque.

Elle eut du mal à se rendormir et décida de réveiller sa minuscule amie.

- Hum, Qu'y-a-t-il, Marinette ? Demanda-elle de son soprano chantant.

- Je n'arrive pas à dormir, et une question m'obsède : tu sais qui a choisi Maître Fu comme porteurs des deux nouveaux miraculous ?

- Je suis désolée, Marinette, mais je n'ai pas le droit de te le dire. Mais si ça peut te rassurer, ils patrouillent toutes les nuits depuis l'attaque.

- Oh, je vois, dommage. Bon, je m'y attendais mais c'est quand même frustrant, fit Marinette, boudeuse ; mais Tikki s'était déjà rendormie.

Étrange, d'habitude elle veillait tard le soir. Elle avait dû faire la fête avec ses copains les kwamis chez Maître Fu.

Comme elle ne se rendormait toujours pas, la jeune fille prit son téléphone et envoya un message à Alya.
Cela faisait des siècles qu'elle ne lui avait pas parlé !
Son amie lui avait envoyé une dizaine de messages pour prendre de ses nouvelles, et elle lui servit donc l'excuse de l'accident de voiture.
Elle la rassura en lui disant qu'elle était saine et sauve, et qu'elle n'avait qu'un poignet foulé, un hématome à l'épaule, trois côtes fracturées et cinq agrafes dans la tête.

Après avoir envoyé le message, elle se rendit compte que ça n'allait pas la rassurer du tout, mais elle ne pouvait pas faire marche arrière.

À sa grande surprise, Alya lui répondit aussitôt : elle lui disait qu'elle était au courant, et qu'elle avait pris ses cours.

Marinette regarda l'heure : il était quatre heures passées ! Comment se faisait-il que son amie soit debout ?

Bah, sûrement une insomnie, comme elle.