Abasourdie, la jeune fille se laissa relever par la main gantée, puis elle se laissa aussi bercer par les bras musclés, sans respirer, sans penser à autre chose que : 《Il m'a vue ? Je m'étais pourtant bien cachée, je crois...》alors qu'elle aurait dû penser 《Je suis heureuse qu'il soit là pour me réconforter》Elle l'était, bien sûr, mais comment lui expliquer qu'il était la cause de son chagrin ? Comment lui dire que ce n'était pas comme ça qu'elle avait imaginé leur histoire, et que tout était toujours plus compliqué quand les sentiments s'en mêlaient ?
Pourtant Chat Noir ne posa aucune question, il se contenta de la serrer dans ses bras jusqu'à ce qu'elle soit prête. Elle ignorait qu'il ressentait le même conflit intérieur qu'elle, et elle ignorait aussi qu'il avait pris la décision d'aller la voir pour reprendre leur relation en main. Mais lui, dans sa grande sensibilité, devinait à quoi elle pensait.
Il lui donna un léger baiser sur le front, et elle releva la tête, ses grands yeux remplis de larmes.- Ma Lady, c'est un visage de toi que je ne connais pas, ça. Je pensais que la grande et forte Ladybug, héroïne de Paris, ne pleurait jamais. Mais bon, même si ça ne te ressemble pas, ça me donne au moins l'impression que tu es humaine, comme moi, et que je ne sors pas avec une fille parfaite. Quelle relation ça aurait été !
La pique de Chat Noir, qui avait pour but de détendre l'ambiance, eut l'effet contraire sur la jeune fille.
- Parce que tu crois que toi, tu n'est pas parfait ? Tu crois que je ne me suis pas lamentée chaque jour de ma misérable vie parce qu'une personne aussi fade que moi n'avait rien à faire avec ton parfait personnage ? Et quant à la forte et courageuse Ladybug que tu crois connaître, elle a pendant des années refusé ton amour par pure dignité, parce qu'elle ne pouvait pas voir ne serait-ce qu'une seule seconde la réalité en face ! Et pour finir, en parlant de relation, elle est parfaitement inexistante ! On se connait à peine, tu ne sait même pas qui je suis derrière ce fichu masque que je suis trop lâche pour enlever, on se fuit et je ne sais même pas aimer !
Ladybug fondit en larmes une nouvelle fois, et bafouilla a travers se hoquets :
- Regarde...toi, tu es assez...gentil pour me réconforter et je te rejette,...encore une fois ! Je suis trop nuuuuullle...
Elle couvrit son visage de ses mains, sa honte de laisser transparaître son personnage de tous les jours, de se laisser aller comme elle s'était promise de ne pas le faire, la submergeant.
Chat Noir prit ses mains et les écarta doucement. Il ne souriait plus du tout. Il n'aurait jamais pu imaginer qu'un jour sa Lady s'effondrerait de la sorte et se confierait à lui comme ça. Pour lui, elle était indestructible, insensible, et rien ni personne ne pouvait l'atteindre. Il commençait alors à comprendre que ce n'était qu'une façade utilisée pour donner cette impression de force afin de sauver Paris.- Ce n'est jamais un mal de se laisser aller à dire ses sentiments, Ladybug. Tu n'est pas nulle et c'est toi, toute entière que jaime et que je veux. Je ne veux pas que tu tentes de camoufler des recoins de ta personnalité que tu aimes moins, si cela vient de toi, je ne pourrais qu'aimer. Nous pouvons démarrer une relation de confiance, même sans que je ne sache ton identité. Je sais bien que ce n'est pas la lâcheté, mais le devoir envers le Maître et ton kwami qui t'empêche de me la dire, et que tu as découvert la mienne par pur accident. Tu sais, même si tu ne l'avais pas découvert, moi j'aurais été trop irresponsable pour ne pas te la montrer, mais toi tu es sage, et le Maitre doit être fier de toi. En plus, tu as laissé fuiter des informations sur toi, quand tu t'es énervée. Je sais maintenant qu'on se connaît dans la vie normale ! Ah, et sache que je suis loin d'être parfait, même si tout le monde semble le croire, mais Plagg peut en témoigner !
Un sourire malin éclairait a présent le visage de Chat Noir, et au nom de Plagg, Ladybug releva la tête avec un faible sourire.
- Plagg ?
- Oui, c'est mon Kwami, il est insupportable et on passe notre temps à se chamailler. Tu imagines, il ne mange que du camembert puant ! Du CAMEMBERT ! Je dois sans arrêt me promener avec dans ma poche, sinon il geint qu'il est mal-aimé !
Après cette tirade ironique, la jeune fille laissa échapper un rire franc. Chat Noir eut un sourire triomphal : il avait réussi à lui redonner le sourire !
- Sur ce coup-ci, j'ai plus de chance que toi, moi mon Kwami s'appelle Tikki et elle est adorable. Je lui confie tout et elle adore les pâtisseries. Ce n'est pas compliqué de lui en donner parce que mes parents tiennent une boulangerie !
Ladybug s'arrêta net de rire et posa une main sur sa bouche. Elle en avait trop dit sur son identité ! La cata !
- En tout cas, rit Chat Noir, je savoure chaque miette de ta vie que tu veux bien laisser échapper. Mais ce n'est pas avec ça que je vais savoir. Il y a tellement de boulangeries dans Paris !
Sur ces mots qu'il voulait rassurant, le jeune homme se releva, aida sa Lady à en faire de même, puis, d'un doigt léger, essuya les larmes qui perlaient encore au coin de ses yeux. Il se laissa un instant perdre dans cette couleur bleu azur, d'habitude si froids, aujourd'hui plus expressifs que jamais, tandis que la jeune fille faisait de même dans les siens. Loin du dégoût dont elle avait eu peur, ils exprimaient un amour sans limite, à présent qu'il la connaissait mieux. Alors, sur ce toit anonyme de la ville des amoureux, il la prit dans ses bras, et la serra fort. Et, tandis qu'elle savourait ce moment à eux, Ladybug se dit :《 Il est si bon de se faire réconforter, peut être que je devrais laisser les gens m'aimer.》
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Derrière Le Masque
RandomChat Noir est grièvement blessé suite à une bataille avec Lila qui s'est vengée d'eux. Marinette reprend connaissance dans une chambre où seulement un paravent la sépare de l'identité de chat noir...