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Même si cela parut des plus déplacé pour nos super-héros après l'épisode de la nuit, ils durent retourner au collège le lendemain. Enfin, tous sauf Adrien, qui dut rester chez lui. Et si pour Marinette, Alya et Nino, aller en cours parut aberrant, rester chez lui le parut d'autant plus pour Adrien, qui s'y sentait loin de toute action, seul et déprimé. Il lui semblait devenir fou tant il s'y ennuyait, et croyait voir Ladybug partout. Elle lui manquait, et maintes fois il crut l'apercevoir derrière ses fenêtres. Il tentait de rattraper ses cours, et se reposait beaucoup, car, malgré toutes ses fanfaronnades, l'énorme cicatrice qui lui barrait l'abdomen le faisait souffrir.

Les jours passaient et la vigilance de Marinette commençait à faiblir. Elle reprenait goût avec une certaine culpabilité à ces jours banals, rythmés de potins et de cours. Elle voyait ses amis, Nino avec qui elle pouvait à présent parler de sa double vie, et Alya qui restait dans un demi-secret. Elle aidait ses parents à la boulangerie, flânait dans Paris, dessinait, mais aussi et surtout, elle allait voir Adrien. Le pauvre se trouvait souvent sur son lit à ne rien faire quand elle venait le voir, mais, dans sa grande timidité de Marinette, et surtout pour son égo de Ladybug qui ne lui avouerait jamais ses sentiments, elle se contentait de l'observer, cachée dans un arbre non loin de là, comme une vulgaire voyeuse. Ce qu'elle était, soi dit en passant.
Le quotidien de son bien-aimé n'était pas palpitant, et il avait l'air de s'ennuyer ferme dans son grand manoir doré.

Un jour qu'elle s'adonnait à son activité favorite, à savoir le voyeurisme, Ladybug s'assoupit. Calée entre deux branches du tilleul dans lequel elle se cachait, le sommeil l'avait pris par surprise, et elle dodelinait de la tête, penchant dangereusement vers le sol. Un vol de pigeon la fit brusquement sursauter, et elle se réveilla d'un seul coup. Elle n'eut le temps de se rendre compte de rien qu'elle était tombée de plusieurs mètres. Elle se rattrapa à une branche à l'aide de son bras droit, tandis que de l'autre elle récupérait son yoyo qui était censé la retenir de tomber.

《Il a sacrément bien fait son job, dis donc》se dit-elle avec ironie.

Regardant anxieusement autour d'elle pour vérifier qu'elle n'avait pas été repérée, elle vit soudain, dans la chambre d'Adrien, une horloge digitale qui indiquait 19h37.

- Mince, jura-t-elle entre ses dents, je suis en retard, Alya va finir par se demander ce que je fais, déjà une demi-heure de retard.

Et elle partit d'un pas détendu vers l'appartement de son amie, car celle-ci avait l'habitude de ses retards quotidiens.

Seulement le mal était fait.

Alors sur le pas de sa porte, Adrien avait aperçu Ladybug dans un arbre de son jardin, se rattrapant à une branche pour ne pas chuter. Elle avait alors tourné la tête dans sa direction, et c'était lui qui un instant avait eu peur qu'elle ne la voie. Elle s'était ensuite envolée dans Paris, avec sa grâce habituelle.
Un immense sourire éclaira alors son visage fatigué, jadis si séduisant. Ses joues, quoique un peu creusées, reprenaient des couleurs. Ladybug était définitivement son seul traitement.
Ainsi Ladybug l'épiait, et ce n'était peut-être pas la seule fois qu'elle était venue l'observer...ainsi elle préférait se cacher plutôt que de lui faire face. Cela signifiait qu'il lui manquait. Le jeune homme sentit son coeur se gonfler de joie.
Alors le jeune homme décida de la suivre, afin de savoir pourquoi elle préférait l'observer de loin plutôt que de venir lui parler. Peut-être le trouvait-elle beau, mais pas intéressant, se dit-il, et une angoisse sourde naquit en lui, une angoisse que seule Ladybug savait lui faire ressentir, l'angoisse de ne pas lui plaire, de ne pas être à la hauteur, de ne pas compter...Il fit taire ces voix qui le désarmaient, se transforma en Chat Noir, vérifia que son père n'était pas dans les parages, et, goûtant à l'agilité et à la force que lui offraient son costume de super-héros, se glissa pas une de ses fenêtres et sortit malgré son interdiction de bouger. Enfin sur les toits, il se sentit libre, et failli ne pas résister à l'appel de la nuit qui lui dictait de sauter de toit en toit sans réfléchir, libre, léger, sans maux grâce au pouvoir du chat nocturne. Mais il vit au loin une petite et frêle silhouette, toute parée d'un rouge qui éloignait la nuit, et ébranla son cœur. Une silhouette à rejoindre, à protéger, à aimer. Perdu dans ses pensées, il la perdit de vue, et préféra abandonner la partie plutôt que de risquer de découvrir l'identité de sa lady contre son gré.
Avant de rebrousser chemin, il se dit : 《Ah, si on nous voyait, à ne pas être capable de se parler, et à devoir s'espionner, à tour de rôle, dès demain je vais lui parler, en-tête à tête, et je reprends notre relation en main.》

Derrière Le MasqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant