Derrière Le Masque

13.

Bip bip bip bip bip...

Avec un effort infini, Marinette sortit des brumes du sommeil et se redressa sur son lit.
Elle avait encore trempé son oreiller de larmes pendant la nuit.
Depuis qu'elle avait découvert qu'Adrien et Chat Noir étaient bel et bien une seule et même personne, elle le voyait mourir toutes le nuits, succombent à des blessures de plus en plus farfelues ; et elle se réveillait en sueur, ou en larmes, ou les deux.

Maudissant ses mauvais rêves, elle enfouit la tête dans ses genoux et soupira. Il fallait qu'elle se lève, et qu'elle aille affronter cette énième journée sans Adrien, sans nouvelles, et, flottant dans les airs et dans les yeux de Nino, cet espoir malsain qui tordait les tripes. Cet espoir qu'elle cultivait en secret depuis la promesse d'Adrien de revenir bientôt au collège. Lorsqu'elle en parlait avec Nino, ils se disaient que, s'il avait pu leur parler la dernière fois, c'était qu'il allait mieux, c'était indéniable ; cependant, son retour tardait. Et chaque jour, elle voyait son espoir faiblir, puis repartir de plus belle en se disant qu'il se montrerait le lendemain.
Or elle n'avait aucune envie de supporter un nouveau jour comme ceux là.

Sortant de sa rêverie, Marinette se leva lentement, fit son lit, puis, lentement toujours, s'habilla et se coiffa, et enfin elle mangea son petit déjeuner avec une lenteur exaspérante. Tout cela sans cesser de penser une seconde à lui. Tout cela avec au dessus d'elle Tikki qui volait à toute vitesse et parlait à toute vitesse, s'écriant de sa petite voix qu'elle allait être en retard, et qu'elle devait se ressaisir...

Depuis les quelques semaines que durait son calvaire, son kwami et elle n'étaient plus vraiment dans la même dimension. Tandis que Tikki restait très terre à terre, Marinette ne se remettait pas de sa découverte. Mais comment Tikki aurait-elle pu comprendre ? Marinette ne désirait qu'une chose au monde : être dans les bras de celui qu'elle aime, dormir dans les bras de celui qu'elle aime, s'écrouler dans les bras de celui qu'elle aime ; et elle ne pouvait que s'inquiéter de l'état de santé de celui qu'elle aime.

Souvent, une fois que son petit kwami lui mettait une horloge ou une montre sous les yeux et qu'elle se rendait compte à quel point elle était en retard, Marinette se ressaisissait et partait en courant au collège, tout en s'excusant auprès de Tikki , et celle-ci lui pardonnait. Jusqu'à la nuit suivante, où elle était contrainte de regarder son amie souffrir sans pouvoir rien faire.

Pourtant, cette journée ne ferait clairement pas partie de cette suite d'attente interminable dont Marinette voulait sortir.
La jeune fille s'en rendit compte dès qu'elle passa la double porte de son collège, et sortit aussitôt de sa torpeur.

Une foule compacte se dressait devant elle, au milieu de la cour.
Et, en son centre, Adrien.

Il était toujours sur un fauteuil roulant, et, bien qu'en meilleur forme que la dernière fois qu'elle l'avait vu, il n'avait pas bonne mine. Se frayant un chemin parmi la foule à grand recours de coups de coude, Marinette remarqua que ses gestes semblaient ralentis et que le bout d'un bandage dépassait de son tee-shirt. Comment Gabriel Agreste avait-il pu le laisser aller au collège dans cet état là ?

Arrivée devant lui, elle se rendit compte qu'elle n'avait finalement rien à lui dire. Enfin, si, mais pas sans se trahir. Elle ravala donc ses questions et resta les bras ballants à l'observer, au milieu de cette foule qui la bousculait et avec ses pensées qui se bousculaient.

Il finit par la remarquer, et lui lança un regard étrange et vide qui la glaça.
Elle se détourna et alla chercher ses affaires dans son casier.
La sonnerie retentit tandis qu'elle avait encore les mains dedans, et elle se dépêcha de rejoindre sa classe.
Là-bas, tout le monde était ravi du retour d'Adrien, et personne ne la remarqua tandis qu'elle se faufilait dans la pièce.
Elle alla retrouver sa meilleure amie, qui était en pleine discussion avec Alix.