Le Trio aux Mille Vies 🌙✨

Chapitre 4 - Mia

2 août 2022

En fin de matinée, je voulus explorer les recoins de l'univers privé de Mia. Et pour cette aventure audacieuse, quelle meilleure compagne que Cassiope ?

Nous arrivâmes devant son immeuble dans le quartier des Eaux-Vives. C'était un édifice d'antan qui semblait garder en son sein l'histoire des générations révolues. La façade était usée et les volets des fenêtres écaillés. Les balcons, à peine assez spacieux pour accueillir une plante en pot, attestaient de la négligence de cet endroit. Les lézardes discrètes parsemant les murs racontaient les souvenirs des années écoulées. L'appartement de Mia se trouvait au dernier étage. En franchissant les portes du bâtiment, une ambiance sombre et étouffante nous enveloppa, comme si les murs eux-mêmes conservaient des secrets enfouis. Les marches en bois grinçèrent sous nos pas. L'odeur d'humidité et de confinement remplit l'air, instaurant une atmosphère peu engageante.

Devant la porte de l'appartement, une hésitation me saisit, comme si j'étais sur le point de commettre un acte répréhensible en utilisant cette clé. Ma sœur me ramena à la réalité, me rappelant que c'était l'appartement de Mia, et donc également le mien. Rassurée, j'introduisis la clé dans la serrure. À l'ouverture de la porte, une senteur désagréable nous frappa de plein fouet, comme si elle imprégnait les lieux depuis des lustres.

« Quelle abomination ! s'exclama Cassiope en se dirigeant vers la fenêtre pour aérer l'espace. »

Un canapé souillé de taches de graisse et de ketchup régnait au centre de la pièce. Un carton abimé reposait sur la table basse, renfermant des restes de pizza moisie. Des étagères modestes en bois abritaient une collection hétéroclite de livres consacrés à la méditation, au yoga et à la spiritualité. Parmi eux, des ouvrages sur les techniques de respiration, des manuels pratiques ainsi que des récits inspirants de maîtres yogis. À côté d'un meuble usé, une télévision poussiéreuse occupait un coin, traduisant peut-être l'importance marginale accordée à cette forme de divertissement. Divers objets parsemaient également l'espace, tels qu'une balle en mousse usée et quelques jouets dispersés au sol. La moquette démodée témoignait de nombreux pas. Les murs étaient couverts d'une peinture terne, souillés de taches d'humidité. Malgré l'apparence peu flatteuse de l'endroit, la vue imprenable sur le lac tempéra notre première impression. Les fenêtres spacieuses laissaient pénétrer la lumière naturelle, illuminant la pièce et offrant une perspective spectaculaire sur les eaux étincelantes. Peu de gens à Genève pouvaient se targuer de jouir d'une telle vue panoramique depuis le confort de leur chez-soi. C'était sans aucun doute cette caractéristique singulière qui avait incité Mia à élire domicile ici. La taille modeste et l'apparence peu soignée reflétaient son essence : une âme libre qui préférait consacrer son temps et son énergie à explorer le monde plutôt qu'à maintenir un intérieur propre.

Soudainement, un bruit suspect attira notre attention. Cassiope adopta une posture défensive, se demandant si nous avions affaire à un cambrioleur. Avec prudence, je me dirigeai vers la source de ce son étrange, provenant apparemment de la cuisine. Contrairement à ma sœur, sujette à la peur, j'étais plutôt du genre audacieux. Les situations inattendues insufflaient un peu de piquant dans ma vie d'humain, et j'en avais grand besoin. Dans l'intervalle, Cassiope déploya son double astral pour se téléporter directement dans la pièce. Je baissai lentement la poignée de la porte et l'entrouvris avec précaution. Mes yeux se posèrent d'abord sur ma sœur, en avant-plan, suivis d'une boule de poils noirs qui surgit brusquement dans mon champ de vision, me sautant dessus. Je perdis l'équilibre et tombai en arrière. L'animal me lécha aussitôt le visage. Son odeur puissante émanant de sa respiration me fit frissonner d'horreur, et je le repoussai immédiatement.